Expliquez ce que signifie la formule : La science va du complexe au simple.

« LES PROctnts Gi;;iRAVX DE LA PENSiE 231 I.

- Du s1:11PLE AU cm1PLEXE (A:sTITHÈSEJ.

Mais n 'est:ce pas plutôt ! "affirmation opposée qui nous semblerait vraie? Qu'un homme en possession de la simple connaissance vulgaire ouvre un livre de science, son étonnement ne se traduira-t-il pas par cette pensée : «avant, cela me semblait si simple, et maintenant je m'aperçois que c'est extrêmement compliqué.

Ce soleil que j'imaginais, que je voyais comme une simple grosse boule de feu, est d'une complexité extraordi­ naire, il y a en lui des parties, des éléments multiples et hétérogènes >>.

C'est qu'en effet, pour la connaissance vulgaire, le monde se présente d'abord sous un aspect sans doute de grande diversité, mais aussi de remarquable simplicité : quoi de plus simple que de l'eau, de la terre, une pierre qui tombe, un animal ou un homme? Mais cette simplicité n'est qu'apparente; aussitôt que l'homme applique son in telligencc et fait usage de sa technique, elle se résout en une complexité étonnante : lei un tissu qui, vu de loin, revêt une teinte uniforme, et qui.

l 'œil s'en étant approché, apparaît comme formé de fibres multicolores.

Ce mouvement de chute d'un corps qui apparaît comme un tout s1 simple à première vue, le savant va nous le montrer comme renfermant en lui-même tout un ensemble hétérogène de forces qui s'entremêlent et interagissent les unes sur les autres : il y découvre la résistance de l'air, l 'inlluence du wnt, ! 'état hygrométrique, la force d'attraction variable avec le lieu même de la chute, etc.

Et l'on reste étonné devant cette complexité extraordinaire que nous révèle la ;;cience, étonnement qu'a si bien évoqué PASCAL : « qu'un ciron lui offre dans la petitesFe de son corps, des parties incomparablement plus petites, des jam bec; avec des jointures, des veines dans ces jambes, du sang dans ces veine'.

des humeurs dans ce sang, des gouttes dans ces humeurs, des vapeurs dans ces gouttes " (édit.

Brunschvicg, n° 72).

Ce que PASCAL dit de la science de l'être vivant, nous pouvons le dire de toutes les autres : de ! 'Histoire comme de la Psychologie, de la Morale comme de la Sociologie.

Plus on s'enfonce dans la connaissance du monde, plus la complexité nous apparaît : au sein du plus simple acte de conscience, c'est toute la richesse infinie du moi qui peu à peu se manifeste à l'esprit qui cherche à con­ naitre, à comprendre et à expliquer.

A la simplicité apparente du mon de, la science substitue une complexité infinie.

La science irait-elle. »