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Faut-il avoir confiance dans le progrès technique ?

Publié le 13/03/2009

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Le progrès technique après avoir longtemps contribué à la survie de l’humanité est en train de devenir l’une de ses préoccupations majeures. Aujourd’hui, la maîtrise de son avenir passe sans doute moins par l’invention de machines de plus en plus complexes, que par le développement d’une réflexion de plus en plus vigilante à son sujet. L’homme se doit d’établir une sorte d’échelle de confiance dans les techniques, d’être raisonnable. Il ne doit pas avoir une confiance aveugle dans le progrès. Toutefois, il semble que l’homme n’ait pas le choix en matière de confiance. En théorie, refuser tout progrès quel qu’il soit est plausible ; mais, dans la pratique cela apparaît impossible car le progrès technique exerce sur l’homme une sorte de séduction irrationnelle parce qu’il est en prise avec ses désirs. Par exemple, l'humanité a toujours rêvé de voler comme en témoigne le mythe d'Icare. L'invention de l'avion réalise ce vieux rêve. Ajoutons que la technique libère l’homme de la nécessité naturelle, et que ce faisant elle permet une maîtrise totale de son environnement. Le progrès technique est alors inhérent à l’humanité et le refuser serait inconcevable. De ce fait, l’état de nature que préconise Rousseau est presque inenvisageable car l’être humain a su développer une science qui lui a permis de sortir progressivement de la nature et de créer son milieu propre : la société, et par la même c’est le seul être qui ne peut se contenter de ce que la nature lui donne. Il en est sorti par nécessité, pour satisfaire ses besoins naturels. L’on doit alors faire confiance au progrès et reconnaître son utilité. Plus que de la confiance, c’est de l’espoir que les hommes doivent avoir envers lui.

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« de les épurer et entraîné la décadence de l'homme : « Les sciences et les arts doivent leur naissance à nos vices :nous serions moins en doute sur leurs avantages s'ils la devaient à nos vertus.

» Ainsi, le progrès technique a conduit l'être humain à développer le bien-être et les apparences au détriment des vertus.

En somme, la techniquen'ajoute rien à notre bonheur et « l'exemple des sauvages […] semble confirmer […] que tous les progrès ultérieurs ont été en apparence autant de pas vers la perfection de l'individu, et en effet vers la décrépitude de l'espèce.

»ajoute Rousseau dans son Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes (1755). Bien plus, Rousseau pense que l'ouverture première du progrès technique nous ouvre aussi vers l'infini des besoins etl'invention n'aura plus de cesse.

Selon lui « les premiers progrès mirent l'homme à portée d'en faire des plus rapides.Plus l'esprit s'éclaircit, et plus l'industrie se perfectionna.

» Satisfaire le superflu par la technique pousse l'homme àinventer, de cette manière il atteint l'artificiel.De nos jours, on ne pourrait même plus survivre sans la technique.

Au lieu de la servir, l'homme devient plutôt obligéde s‘en servir pour tous ses actes, même les plus anodins de sa vie.

Autre modification profonde de noscomportements, le bonheur tient désormais de la possession de choses matérielles, et de ce fait découle de lacourse effrénée à la productivité, dans laquelle les sociétés modernes se sont engagées.

De ce fait, le monde sedéshumanise en se matérialisant. L'idéal d'une croissance indéfinie du progrès technique se heurte aujourd'hui au constat incontournable que les ressources de la planète sont limitées et que notre mode de vie basé sur des énergies polluantes et nonrenouvelables n'est pas durable.

Au niveau écologique, cela constitue une menace de déséquilibre naturel, et detransformation irréversible du vivant.

Par exemple, les OGM perturbent les abeilles dans leur cycle.

Non seulement lecontrôle du progrès échappe à l'homme mais la technique le déshumanise aussi : elle réduit l'homme à être unconsommateur.

L'uniformisation des objets de consommation implique une uniformisation du goût, donc unappauvrissement de la diversité culturelle.

Conditionnée par les mêmes habitudes, c'est sa liberté que l'homme perd. De plus, l'homme se doit d'être conscient du risque de domination qu'est susceptible d'entraîner le progrès technique : les machines ont un règne absolu et les hommes en sont dépendants voire esclaves.

Rappelons-nousl'effroi provoqué par l'annonce du « big bang informatique » la veille de l'an 2000, ou encore la terreur des virusparalysants la bourse de New York. La technique alimente sans cesse de nouveaux désirs de maîtrise de la nature qui incitent les scientifiques à découvrir toujours plus de choses sur les mystères du vivant.

Le progrès technique ne s'embarrasse donc pas descrupules d'ordre éthique, seules comptent l'efficacité et l'innovation.

Chaque progrès est ainsi accompagnéd'incidences incontrôlables et de formes d'aliénation qui n'étaient ni prévues ni désirées au départ.

En effet, l'hommeprend la technique comme un moyen qui s'offre à lui, sans pour autant être totalement attentif aux conséquencesqu'elle peut avoir sur son environnement.

La bombe atomique par exemple, née de l'équation d'Einstein, lui a poséd'énormes problèmes de conscience.

Il déclare lui-même que « tout progrès technique est comme une hache dansla main d'un criminel.

» Dans un autre domaine, le progrès des biotechnologies, s'il offre des perspectives trèsprometteuses sur le plan médical, il peut aussi être à l'origine de nombreuses inquiétudes au sujet de la maîtrise quel'homme pourrait exercer sur le vivant.

Essentiellement pratique, tournée vers l'action, la technique traite desmoyens à mettre en œuvre pour réaliser un projet, sans se préoccuper de la question des fins poursuivies.

Celaentraîne donc une méfiance chez l'homme quant à la possibilité que les nouvelles technologies soient détournées àdes fins moralement condamnables, voire, à l'extrême, une technophobie. Cependant, est-il possible d'aller au-delà de cette angoisse et d'assumer avec raison le progrès dans ses apports et dans ses limites ? Le progrès technique nous étant apparu comme source de vices et de malheurs, doit-on pour autant souhaiter son anéantissement ? Est-il à craindre en lui-même, ou seulement dans son utilisation ?Enfin, l'homme a-t-il réellement le choix quant à la confiance qu'il accorde au progrès ? Bien que le quotidien, l'état actuel de la planète apporte la preuve que la technique à ses failles, il serait trop facile de la condamner radicalement.

En effet, c'est aux hommes d'imposer des limites au progrès.

Critiquer latechnique c'est critiquer ces usages et donc les hommes qui l'administre ou qui l'utilise.

Il semble qu'à la base, latechnique soit neutre : bonne en son principe, tout dépend de l'usage que les hommes en font.

La technique estd'abord, dit Platon dans Protagoras , « l'intelligence qui s'applique aux besoins de la vie ».

L'être humain n'a pas les facultés innées des autres animaux : il naît « nu et sans armes ».

Cette faiblesse naturelle le pousse alorsvers l'inventivité technique et par conséquent, vers la conservation de soi.

Ainsi, la technique permet le passage dela nature à la culture .

Fruit d'un manque, elle consacre la supériorité de l'être humain et est émancipatrice.

Alors, si la technique semble différencier l'homme de l'animal c'est qu'elle est essentiellement humaine.

De plus, l'homme, entransformant la nature à son profit, se transforme lui-même, il s'humanise.

En somme, il n'est pas légitime decritiquer le progrès technique au sens de déshumanisation ou d'aliénation.

Platon témoigne, par le mythe deProméthée, de sa foi dans la technique pour améliorer le sort de l'homme et, se faisant, sous-entend que l'inventionet la manipulation sont inhérentes à l'humanité. Toutefois, l'homme se doit de rester modeste devant la nature et de restreindre ses besoins à l'essentiel.

Il se doit de respecter la maxime énoncée dans les Fondements de la métaphysique des mœurs (1785) : « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours enmême temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

» Par cette formule Kant nous indique avecclarté le principe selon lequel nous devons guider nos actions pour agir raisonnablement, conformément à ce quenous impose notre condition d'homme, d'être doué de conscience et de raison.

En ce sens, Hans Jonas (XXèmesiècle) rejoint un peu la logique de Kant lorsqu'il en appelle à une « éthique de responsabilité » qui doit s'articuler surune politique publique de contrôle de la technique. Il est donc souhaitable d'avoir un usage responsable de la technique.

Il est souhaitable de l'appréhender pour ce qu'elle est, c'est-à-dire un moyen, et non comme une fin.

La logique de la technique est malheureusement laréalisation de tous les possibles.

Elle ne se pose pas la question du pourquoi, mais seulement du comment.

Or cen'est pas parce que l'on peut que l'on doit ! Ainsi, le progrès technique, doit être soumis au jugement éthique, qui. »

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