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Faut-il avoir peur de ses désirs ?

Publié le 11/01/2004

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Il ne sert à rien d'avoir peur de ses désirs et le simple bon sens nous inspire l'attitude la plus raisonnable, à savoir de rester serein face à soi-même.Pourtant, à la limite, si l'on considère tous les désirs qui caractérisent la nature humaine, on peut à juste titre être effrayé par leurs buts ou leur intensité. Une trop grande sérénité vis-à-vis de soi-même ne serait-elle pas dans ce domaine lourde de conséquences? Un individu parfaitement serein devant ses désirs et fort satisfait de lui même pourrait fort bien dans le souci de les assumer pleinement se livrer à leur satisfaction systématique et immédiate. Et c'est là la porte ouverte à tous les abus! Si chacun de nous se met à réaliser ses désirs à tout moment, en tous endroits, que vont devenir sinon les principes, la moralité, du moins le simple respect d'autrui?La vie en société implique un certain nombre de réserves et d'interdits qui sont les conditions mêmes de sa possibilité.Il semble donc que les désirs peuvent être nuisibles à l'homme dans la mesure où ils atteignent ce qui caractérise l'homme en tant qu'homme, à savoir son humanité. Les désirs semblent en effet réduire l'homme à l'animalité dans la mesure où ils répondent davantage à un instinct qu'à une volonté réfléchie. Un désir est soudain, irréfléchi, fort et plus physique que moral. Sa violence, son but méritent de susciter la peur.

« Dès lors que nous considérons nos désirs comme des valeurs essentielles, manifestations concrètes du désirfondamental, absolu, le problème de la peur prend un tout autre aspect.

Le rôle de la philosophie est selon Hegel de« reconnaître, dans l'apparence du temporel et du passager, la substance qui est immanente et l'Éternel qui estprésent ».

Or le désir en tant qu'absolu éternel, transcendant, se compromet dans le temps par l'intermédiaire desdésirs et c'est en eux et par eux que nous pouvons avoir un aperçu du désir lui-même.

Hegel a défini le désir comme« effort pour persévérer dans l'Être » et le désir absolu et universel implique une dynamique dans le temps (on désiretoujours dans le futur), dynamique dont le but le plus fondamental est la liberté.

« Le » désir ne peut être que désirde liberté, et si les désirs n'atteignent l'homme que dans le corporel, le désir, lui, agit sur le spirituel.

Mais, nousl'avons vu, l'universel doit passer par l'intermédiaire du corps pour se manifester dans le temporel, le relatif.

De plusl'homme a été défini comme l'être du désir et cette définition met en relief la caractéristique de l'homme qui est detoujours désirer, de toujours aspirer à améliorer sa condition.

C'est à travers le désir que s'effectue sa marche versla liberté.

Que serait donc un homme qui ne désire rien ?Il faut donc plutôt que d'en avoir peur considérer ses désirs avec la plus grande quiétude et la plus grande sérénité.Loin de les rejeter, il faut les prendre en compte, voir en quoi leur satisfaction constitue pour moi un « progrès » ouau contraire une « régression ».Dans le désir sexuel, par exemple, je peux voir une manifestation de ma liberté ou au contraire un asservissement.Selon le cas, il conviendra à ma raison de juger de l'intérêt de ce désir.

Donc la peur des désirs ne constitue pas uneattitude raisonnable. Il nous faut considérer nos désirs, mais il ne faut ni les satisfaire systématiquement (c'est ce à quoi tendaitl'application de la philosophie épicurienne, souvent mal interprétée, à partir de la célèbre formule du « Carpe diem »)ni les réprimer systématiquement (c'était plutôt la doctrine stoïcienne qui voulait se garder d'une trop grandejouissance de la vie et par là même des désirs).

Faisons donc confiance à la raison qui, toujours présente, veille ets'avérera notre meilleur guide.

Épicure parle de la "prudence" comme la plus précieuse des vertus: "Nous disons que le plaisir est la fin de la vie, nous ne parlons pas desplaisirs des hommes débauchés ni de ceux qui consistent dans lajouissance, comme l'imaginent certaines gens, mais nous entendons leplaisir comme l'absence de douleur pour le corps, l'absence de troublepour l'âme.

Car ce ne sont ni des beuveries et des festins à n'en plusfinir, ni la jouissance de jeunes garçons ou de femmes, ni ladégustation de poissons et de bonne chère que comporte une tablesomptueuse, qui engendrent la vie heureuse, mais c'est unentendement sobre et sage, qui sache rechercher les causes de toutchoix et de toute aversion et chasser les opinions fausses, d'oùprovient pour la plus grande part le trouble qui saisit les âmes.

Or leprincipe de tout cela, et par conséquent le plus grand bien, c'est laprudence.

Et voilà pourquoi la prudence est une chose plus précieuseque la philosophie elle-même ; car c'est elle qui donne naissance àtoutes les autres vertus, en nous enseignant qu'il est impossible devivre heureusement sans vivre avec prudence, honnêteté et justice,comme il est impossible de vivre avec prudence, honnêteté et justicesans vivre par là même heureusement." ÉPICURE.

Remarques préliminaires. Comme il est d'usage en son temps, la doctrine d'Épicure concerne tous les aspects du savoir : à la fois, une théoriede la connaissance (atomisme et sensualisme), une physique (mécaniste) et une morale (hédoniste).

C'est cettedernière qui est encore évoquée aujourd'hui sous le nom d'épicurisme, mais avec un contresens habituel, puisque lanotion d'épicurisme, malgré la vulgarisation qui en est faite par Lucrèce, est généralement associée à l'idée d'unerecherche effrénée des plaisirs.Le texte présenté est extrait de la « Lettre à Ménécée ».L'expression « vie heureuse » apparaît trois fois dans ce texte.

L'objectif d'Épicure est donc de définir les conditionsd'une vie heureuse.

Le lecteur remarquera aussi que le plaisir est ici défini de manière négative comme absence («absence de trouble pour l'âme », « absence de douleur pour le corps »).

C'est à l'entendement de discerner lesvaines opinions (les désirs vains) des vrais.

La vertu la plus haute est donc la prudence permettant l'usage correctde l'entendement. Modèle. 1) La thèse soutenue par Épicure est que « le plaisir est la fin [au sens de finalité] de la vie.

»2) Encore faut-il s'entendre sur ce qu'est cette notion de plaisir.

Il est absence de douleur pour le corps, absencede trouble pour l'âme.3) C'est à l'entendement d'opérer les bons choix et de chasser les opinions fausses.4) Il y faut de la prudence, chose plus précieuse que la philosophie elle-même, source de toutes les autres vertus,conditions de la «vie heureuse ».. »

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