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Faut-il avoir peur des mots ?

Publié le 27/02/2008

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·        On peut donc affirmer que les mots ont un très grands pouvoir, puisque c?est à travers eux que se structure la perception de l?univers dans lequel nous vivons. Maîtriser les mots c?est en ce sens maîtriser les choses. Mais ce pouvoir en induit bien d?autre : celui de manifester malgré soi dans pensées ou désirs pourtant inconscients. On comprend en ce sens aussi que l?on puisse, à juste titre avoir peur des mots en cela qu?ils semblent posséder encore plus de pouvoir que la pensée elle-même, poussée à l?expression parfois malgré soi. ·        De la même manière, Lévi-Strauss montre qu?il conviendrait parfaitement d?associer la forme écrite du langage dans la préhistoire et les premières formes systématiques d?exploitation de l?homme (Tristes Tropiques).   II-                Un pouvoir des mots positif : pouvoir et domaine public   ·        La publicité au fondement de la loi : Un pouvoir ne peut cependant se maintenir sur la seule domination par le discours, pour cette raison même que ce pouvoir peut être donné à n?importe qui, et qu?il est donc à la merci du premier nouvel orateur venu : cela ne signifie pas que la domination de la place publique fonde le pouvoir, mais plutôt que la légitimité du pouvoir doit pouvoir être mesurée sur la place publique. ·        Il suffit de savoir parler pour donner l?illusion de la légitimité, mais il ne suffit pas qu?une loi soit édictée, prononcée pour être légitime. Une loi qui ne supporterait pas d?être rendue publique, qui ne pourrait devenir, pour ma raison, une maxime générale de mes actions (selon l?impératif moral kantien) ne saurait être une loi légitime. C?est le droit, comme système de lois, indépendamment de son contenu spécifique à chaque Etat, qui a cette forme publique, parce qu?il constitue une dimension commune à tous les citoyens. ·        Les ambiguïtés de la communication : Au nome de l?intérêt général, la raison d?Etat peut justifier publiquement, dans une certaine mesure, l?application d?une loi injuste : trouver les mots justes suffit à faire croire qu?on parle véritablement de justice.

« également à tous : la justice veut qu'elle le confie à ceux qui représenteront lamajorité des opinions.

Par conséquent, s'il est impossible de convaincre [= emporterl'assentiment de l'interlocuteur et son adhésion à une thèse, par des argumentsdont la raison admet la valeur ou reconnaît la vérité] tous les citoyens, il faut aumoins en persuader [= amener quelqu'un à penser, à croire ou faire quelque chose,en usant des propres arguments de celui qu'on veut persuader.

Le charme peutsuffire à persuader] le plus grand nombre.

Il ne s'agit pas d'expliquer en détail àchacun pourquoi il aurait des raisons de s'en remettre aux décisions d'un autre, maisseulement de trouver des arguments imparables. · Savoir est donc la principale qualité de l'homme politique, puisque comme l'expliquait Gorgias, il doit pouvoir être libre lui-même pour commander les autres.

Ilsera celui qui a « le pouvoir de persuader par ses discours les juges au tribunal, lessénateurs dans le Conseil, les citoyens dans l'assemblée du peuple, et ainsi de faireson esclave du médecin, du juge, du sénateur » ( Platon , Gorgias, 452a). · On peut donc affirmer que les mots ont un très grands pouvoir, puisque c'est à travers eux que se structure la perception de l'univers dans lequel nous vivons.Maîtriser les mots c'est en ce sens maîtriser les choses.

Mais ce pouvoir en induitbien d'autre : celui de manifester malgré soi dans pensées ou désirs pourtantinconscients.

On comprend en ce sens aussi que l'on puisse, à juste titre avoir peurdes mots en cela qu'ils semblent posséder encore plus de pouvoir que la penséeelle-même, poussée à l'expression parfois malgré soi. · De la même manière, Lévi -Strauss montre qu'il conviendrait parfaitement d'associer la forme écrite du langage dans la préhistoire et les premières formessystématiques d'exploitation de l'homme (Tristes Tropiques). II- Un pouvoir des mots positif : pouvoir et domaine public · La publicité au fondement de la loi : Un pouvoir ne peut cependant se maintenir sur la seule domination par le discours, pour cette raison même que ce pouvoir peutêtre donné à n'importe qui, et qu'il est donc à la merci du premier nouvel orateurvenu : cela ne signifie pas que la domination de la place publique fonde le pouvoir,mais plutôt que la légitimité du pouvoir doit pouvoir être mesurée sur la placepublique. · Il suffit de savoir parler pour donner l'illusion de la légitimité, mais il ne suffit pas qu'une loi soit édictée, prononcée pour être légitime.

Une loi qui ne supporterait pasd'être rendue publique, qui ne pourrait devenir, pour ma raison, une maxime généralede mes actions (selon l'impératif moral kantien) ne saurait être une loi légitime.

C'estle droit, comme système de lois, indépendamment de son contenu spécifique àchaque Etat, qui a cette forme publique, parce qu'il constitue une dimensioncommune à tous les citoyens. · Les ambiguïtés de la communication : Au nome de l'intérêt général, la raison d'Etat peut justifier publiquement, dans une certaine mesure, l'application d'une loiinjuste : trouver les mots justes suffit à faire croire qu'on parle véritablement dejustice. · C'est le ressort de toute propagande, de tout discours qui sert à entraîner les foules : le démagogue empêche la faculté critique de s'exercer en flattant lesintérêts et endort la faculté (ou le désir) de distinguer le vrai du vraisemblable(littéralement, qui à l'apparence du vrai) en usant du pouvoir de suggestion ; lerisque d'un tel glissement ne peut être absolument évité, dès lors que la sphèrepublique sert d'intermédiaire entre citoyens et gouvernants. III- Ne pas avoir peur des mots : un impératif du fait que le langage est à l'origine de toute communauté possible. · Ne pas avoir peur des mots ne signifie pas de refuser d'exercer sa faculté critique quant à la force de persuasion, et les dérives d'un pouvoir des mots important ; celasignifie seulement qu'il ne faut pas avoir peur des mots précisément parce que ceserait refuser toute possibilité de communication – le langage étant à l'origine detoute communauté possible.

Refuser de se confronter aux mots, à leur force, c'est,dans une certaine mesure refuser son humanité. · Car parler c'est avant tout être un sujet universel naître au milieu d'une langue ce n'est pas seulement accéder à une culture particulière, déterminées ; c'est aussidu même coup découvrir que la parole est partagée.

Dire « je » paradoxalement nem'isole pas, mais donne à cette individualisation par la parole une portée et un sensuniversels, parce que mon individualité prend sens pour les autres par cettedésignation. · C'est donc le langage quel qu'il soit qui réalise la communauté, et non pas l'inverse.

C'est de ce langage que naît l'idée même de « commun », qu'elle prendforme, par exemple, dans des concepts généraux.

Ainsi s'incarne l'existence politique. »

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