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Faut-il condamner l'individualisme ?

Publié le 13/11/2005

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Mais une cohésion sociale dans un état où chaque individu poursuit son intérêt particulier est-il possible ? Faut-il condamner l'individualisme ? Le problème de l'individualisme, posé dès les XVIIe siècle, est le suivant : comment penser le rapport entre intérêts particuliers et intérêt général ?   I.                        l'individualisme libéral, et plus particulièrement le libertarisme, postule que la société s'autorégule au niveau de l'équilibrage des relations et des comportements sociaux. Cette autorégulation aurait lieu grâce à des contrats tacites ou formels ; toute collectivité, y compris l'Etat ne devenant légitime qu'une fois que le contrat ait été librement choisi. Ainsi, l'offre de service serait fonction de la demande et tout phénomène collectif naîtrait d'intérêts individuels.   II.                     Pourtant, l'expérience nous apprend que lorsque l'intérêt individuel prime sur l'intérêt collectif, la majorité de la population se trouve lésée par rapport à une minorité de gens économiquement et socialement avantagés. Le meilleur exemple est celui de l'extrême inégalité dans la répartition des richesses aujourd'hui à laquelle a mené l'individualisme.

Ce qui est qualifié d' « individualiste « est fréquemment associé à l'égoïsme et décrié, rejeté comme cause de nombreux problèmes sociaux contemporains. Par exemple, Alexis de Tocqueville[1] écrit que « l'individualisme est une expression récente qu'une idée nouvelle a fait naître. Nos pères ne connaissaient que l'égoïsme. «  Mais qu'est-ce que l'individualisme ? Il s'agit d'une position morale et politique qui consiste à privilégier les intérêts de l'individu par rapport à ceux de la communauté. L'indépendance de l'individu est alors préférée à un quelconque type de dépendance, de tutelle sociale, qu'il s'agisse de la famille ou de l'Etat, par exemple. C'est pourquoi l'individualisme encourage la réflexion personnelle et l'action individuelle. A ce propos, l'économiste autrichien Friedrich August von Hayek écrit : « reconnaître l'individu comme juge en dernier ressort de ses propres fins, croire que dans la mesure du possible ses propres opinions doivent gouverner ses actes, telle est l'essence de l'individualisme. « L'individualisme s'est développé en opposition avec tout type de pression de groupe. Pourtant, il ne s'agit pas d'égoïsme, mais bien d'une position morale et politique ayant pour objectif le bien-être du peuple. De plus, choisir librement de faire partie d'un groupe peut être une position individualiste dans la mesure où il s'agit d'une décision personnelle et librement consentie. Alexis de Tocqueville[2], en ce sens, indique que le pays le plus individualiste de son époque, les Etats-Unis, est également celui dans lequel la vie associative est la plus développée. Deux grands principes sous-tendent l'idée d'individualisme. Tout d'abord, la défense de la liberté privée où du droit de se préoccuper en premier lieu de son bonheur personnel ; on trouve cette idée énoncée dans la déclaration d'indépendance des Etats-Unis d'Amérique. Ensuite, il y a l'idée d'autonomie politique ; chaque individu doit développer une réflexion personnelle concernant la société dans laquelle il vit. Mais une cohésion sociale dans un état où chaque individu poursuit son intérêt particulier est-il possible ? Faut-il condamner l'individualisme ? Le problème de l'individualisme, posé dès les XVIIe siècle, est le suivant : comment penser le rapport entre intérêts particuliers et intérêt général ?

« pour assurer sa vie matérielle, qu'il prend conscience de la vie en société.

Or, si comme le dit Tocqueville,l'individualisme provoque le fait que les hommes se sentant indépendants et égaux pensent ne plus avoir besoin decompter sur les autres, alors la cohésion et l'unité de la société peuvent être menacées.

Un individualisme tropavancé pourrait instaurer un climat de méfiance au sein d'une société qui verrait alors son propre fondementébranler.

Mais le risque le plus fort réside dans le manque de communication entre les individus, que nous avons déjàmontré, et dans le recentrage du pouvoir que provoquent l'instauration de la démocratie et le développement del'individualisme.

En effet, comme le montre Tocqueville, les révolutions passées n'ont fait qu'éliminer (en Europe) lespouvoirs intermédiaires.

Hobbes montre pour sa part dans Léviathan qu'un Etat étendu, où la population est faible, et de plus, éparpillée, ne pouvant donc pas communiquer, est propice à l'instauration d'un régime tyrannique.

Ordans une société très individualiste où les pouvoirs sont concentrés, la situation n'est pas très différente car lesindividus même s'ils le peuvent, ne communiquent pas, rendant l'installation d'un tyran aisée.

On remarque donc qu'une société trop individualiste est menacée de perdre sa propre cohésion et de laisser s'instaurer un régime autoritaire, les individus étant plus attaché à leur égalité qu'à leur liberté.

On ne peutdonc pas donner libre cours à l'individualisme, et il faut donc montrer qu'il existe des solutions permettant de lelimiter... *** *** *** Il est donc impératif de trouver es solutions permettant de relier les individus entre eux.

Tocqueville soulignel'importance qu'ont pris les associations aux Etats-Unis.

La liberté d'association est une des libertés que l'Etat sedoit de protéger.

En effet, au sein d'une association, de quelque type qu'elle soit, les individus se retrouventrassemblés autour d'un thème commun et ainsi partagent des intérêts qu'ils ont en commun.

L'association permetdonc de rassembler des individus qui ne se seraient jamais rencontrés autrement.

La preuve que l'association permetde rompre l'individualisme réside dans le fait qu'on constate aisément que tout Etat voulant garder sa populationdans l'individualisme le plus profond, afin de la diriger le plus facilement possible, fait tout pour lutter contre la libertéd'association.

En France, cette liberté d'association est protégée par la loi de 1901 qui donne légitimité et existencejuridique aux associations, dont les statuts ont été déposés en préfecture, preuve que l'Etat cherche tout de mêmeà contrôler et surveiller cette vie associative.

Tocqueville dit qu'aux Etats-Unis, ce sont les associations politiquesqui donnent le goût aux citoyens de s'associer.

Il souligne aussi l'importance que l'Etat doit accorder à la distributionde petits travaux aux citoyens afin de les impliquer dans la vie de leur pays et toujours dans le but de limiterl'individualisme.

Ainsi, en France, un citoyen peut être convoqué pour participer à un procès en tant que juré.

Enfin,dans cette limitation de l'individualisme, le rôle de la presse doit être mis en avant.

Les journaux sont les seuls quipouvant mettre dans la tête de plusieurs personnes, en un instant, la même idée.

Tout comme les associations dontils sont aussi le moteur, les journaux permettent à des gens partageant les même idées d'entrer en contact.

EnFrance, même si cette indépendance essentielle de la presse est de plus en plus restreinte avec le rachat des plusgrands journaux par de grands groupes industriels proches du pouvoir, on remarque bien qu'il existe encore desjournaux rassemblant des personnes et leurs points de vue communs : Charlie-Hebdo, Le Canard Enchaîné, LaDécroissance… ou autres journaux indépendants.

On remarque donc que certaines libertés sont fondamentales pour préserver la cohésion et l'existence de la société : liberté politique, liberté d'association, et liberté de la presse.

*** *** ****** *** *** L'individualisme n'est pas condamnable en tant que tel : il s'est développé parallèlement àl'acquisition de droits communs à tous les hommes.

Il est, pour ainsi dire, la conséquence malheureused'un formidable progrès social.

Le condamner reviendrait à renier tout cet héritage de progrès que nousont laissé les générations précédentes.

Il faut donc faire en sorte de le limiter, ce qui est notamment undes rôles de l'Etat, pour conserver la cohésion de la société.. »

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