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Faut-il désirer pour croire ?

Publié le 27/02/2008

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La croyance désigne un mode défaillant à la réalité, un assentiment précaire au choses, dont on admet soi-même la faillibilité. En effet, celui qui croit une chose sait pertinemment qu'il risque d'être contredit au moins par l'expérience. La croyance est donc du côté de l'incertain, de l'irrationalité, et de l'attente. N'est-ce en ces termes que nous envisageons le désir? Il est une attente incertaine, un espoir d'acquérir quelque chose. De là faut-il conclure que pour croire il faut désirer? La croyance en un Dieu bon n'est-ce pas plutôt une exigence de la raison qui cherche à fonder la nécessité ultime de la moralité? Dés lors la croyance n'a rien à voir avec le désir et l'affectivité mais avec la rigueur de la raison. Seulement, la croyance n'est-t-elle pas davantage une tendance qui nous habite, qui régule notre rapport au monde? N'usons-nous pas de la croyance plus fréquemment que nous le pensons, sans même qu'intervienne un quelconque médiateur? Croire que le soleil se lèvera demain, n'est-ce pas plus le fruit de l'habitude, que d'une quelconque connaissance? Dés lors la croyance n'est-elle pas ce qui structure notre rapport au monde? Mais en tant que la croyance nous habite de façon aussi omniprésente, la croyance devient quelque chose d'inconscient, et celui-ci n'a-t-il pas trait intrinsèquement aux désirs?

« Hume concilie croyance et affecte, en faisant de la croyance le principale mode de notre rapport au réel.

Il y a doncde la passivité dans l'entendement humaine.

D'autre part si la croyance a à voir avec une certaine attente, n'est-cedonc pas que la croyance a un lien nécessaire avec le désir? La croyance est désir Selon Freud la part de désir dans la plupart de nos croyances les constitue comme illusion.

C'est pourquoi Freudqualifie la religion d'illusion.

Pourtant la croyance religieuse porte sur un domaine qui par définition échappe à touteaffirmation, comme à toute information possible.

Celui qui croit n'est pas et ne peut pas être par conséquent dansl'erreur à proprement parler.

Il est néanmoins dans l'illusion, selon Freud, parce que c'est le désir qui tranche ici etinduit la croyance.

En réalité, c'est le désir archaïque d'un père protecteur et tout-puissant, juste et protecteur quiproduirait la croyance en Dieu. Dans la conscience, certitude et vérité, croyance et savoir semblent devoir être confondus. Mais surtout, ce lien essentiel construit entre désir et illusion s'est vu développé, orchestré par Freud dans L'avenir d'une illusion , ouvrage consacré à la genèse de l'illusion religieuse.

Quelle est en effet l'origine psychique des idées religieuses.

Il ne s'agit pas tant de dogmes que de la réalisation des « désirs les plus anciens, les plus forts, les pluspressants de l'humanité » (Chapitre 6).

L'explication de leur force réside dans la force de ses désirs: la fonctiondéterminante de la religion, consistant à apaiser l'angoisse humaine face aux dangers de la vie, est une fonctiond'illusion.

Freud précise à cet égard qu'une illusion ne se réduit pas à une erreur, et n'est pas non plusnécessairement une erreur.

L'exemple d'illusion proposé par Freud est l'illusion de Christophe Colomb croyant avoirtrouvé une nouvelle route des Indes: « La part de désir que comportait cette erreur est manifeste ». D'où l'analogie que propose Freud par rapport à l'idée délirante en psychiatrique: l'illusion se rapproche de l'idée délirante, tout enprésentant des déterminations radicalement différentes.

En effet l'idée délirante est essentiellement en contradictionavec la réalité, tandis que l'illusion n'est pas nécessairement fausse, c'est-à-dire en contradiction avec la réalité ouirréalisable.

L'illusion sera donc définie par Freud comme une « croyance », telle que, dans sa motivation, laréalisation du désir prévaut, sans poser la question de son rapport à la réalité.

L'illusion psychanalytique désigne unecertaine pathologie de la perception allant de pair avec un fort sentiment de réalité.

Dans la mesure où elle pose laquestion du leurre et de la part déterminante que le sujet y prend, elle rencontre la question de l'inconscient, toutentier structuré autour de cette équivocation du désir et de la réalité.

Dans l'ouvrage où il institue l'illusion commeopérateur de l'analyse de la religion, Freud en donne une définition porteuse de l'ensemble de sa problématique:« Nous appelons (...) illusion une croyance, lorsque dans sa motivation la réalisation du désir s'impose.

», L'avenir d'une illusion , paragraphe 6).

L'illusion est donc croyance, soit adhésion à un morceau de réalité qui se motive dynamiquement par le remplissement d'une motion désirante.

C'est par la participation du désir propre à l'erreur ques'en distingue « l'illusion »: « Ce qui reste caractéristique de l'illusion est la dérivation de désirs humains.

Mais, encontraste de la « vésanie », qui est en contradiction avec la réalité.

», pages 353.

C'est donc bien l'origine et non ledébouché de l'illusion qui la distingue, la situant à égale distance de la simple erreur (où l'objet de sa part) etl'hallucination (où la réalité est perdue pour de bon).

Les illusions sont créées « pour supporter le poids del'existence », Au delà du principe de plaisir , paragraphe 6. Conclusion -La croyance peut émaner de ce qu'il y de plus rationnel en nous, à savoir la morale et à travers elle la raison.

Lacroyance en Dieu, peut alors se poser en exigence de celle-ci qui cherche à donner au monde son intelligibilité. -C'est donc que la croyance structure notre rapport au monde.

Et comme nous le montre notre seconde partie, elleordonne le monde notre existence de façon moins consciente que nous le pensions.

Elle est ce principe structurépar l'habitude qui nous permet de prévoir les choses. -La croyance est donc en un sens inconsciente et donc inévitablement désir qui nous fait perdre pied avec laréalité.

La croyance est alors l'irrationalité même productrice nécessairement d'illusions.

Pour croire il faut doncdésirer.

La croyance est la conciliation illusoire entre nos désirs et la réalité.. »

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