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Faut-il faire des efforts pour etre libre ?

Publié le 15/09/2005

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Analyse: -Être libre consiste à pouvoir faire ce que l'on veut. L'effort, quant à lui, est la mise en oeuvre d'une force, souvent accompagnée de pénibilité. Nous faisons donc un effort lorsque quelque chose résiste, quelque chose qui nous fait obstacle et contre laquelle nous devons lutter.  - Apparemment, je peux faire ce que je veux lorsque rien ne s'oppose à ma volonté. Ainsi je suis libre quand je n'ai pas à fournir d'effort. Cependant, la liberté est ici conçue comme un état donné, relative à  l'agencement des éléments extérieurs: si la configuration du monde permet l'application de ma volonté alors je suis libre, si il ne le permet pas immédiatement alors je ne suis pas libre. Il s'agit donc d'une liberté pauvre, complètement dépendante des circonstances extérieures. Peut être l'homme peut-il prétendre à une liberté supérieure. Alors cette dernière ne serait pas donnée immédiatement mais à conquérir, au prix de certains efforts.   Problématique: La liberté est-elle un état donné immédiatement, caractérisé par le fait que notre votre volonté s'y exerce sans effort; ou au contraire doit-elle être conçue comme une capacité acquise et toujours à conquérir, exigeant ainsi de celui qui veut rester libre un effort permanent?

« - Faire ce que nous voulons véritablement implique ainsi de résister à certains de nos désirs.

Comme l'explique Descartes au paragraphe 47 des Passions de l'âme , il se livre un combat entre notre volonté et nos impulsions premières.

L'issue du combat détermine laliberté ou non de notre acte: l'acte libre est celui où la volonté a triompherdes impulsions.

La métaphore du combat employée par Descartes nous révèlebien le caractère pénible de l'acte libre: la volonté doit faire un effort pours'imposer.

Ainsi, nous ne faisons pas immédiatement et spontanément ce quenous voulons, la liberté est le résultat d'un effort de la volonté qui doits'imposer contre les désirs.

La liberté n'est donc pas l'exercice d'unespontanéité sans entrave, mais une capacité à exercer une contrainte sur soimême, c'est-à-dire une autonomie (étymologiquement: le fait de s'imposer àsoi-même ses propres lois).- Elle implique alors non seulement un effort interne: la répression de certainsdésirs que nous jugeons mauvais, mais aussi un effort à l'extérieur pour établirà l'extérieur les conditions favorables à l'exercice de l'autonomie.

Pour quechacun puisse être autonome, il ne faut pas en effet qu'il soit soumis aux loisd'un autre (d'un tyran par exemple).

Or, dans l'état de nature, le plus fortimpose aux autres sa loi.

Un autre type d'effort est donc nécessaire pourêtre libre: il faut s'efforcer d'établir une société dont le type de gouvernementpermette l'autonomie de ceux qui y sont soumis.

Rousseau, dans le Contrat Social , explique comment le gouvernement démocratique va de paire avec une telle autonomie des citoyens (cf en particulier le chapitre 8 du livre I).

Làencore, l'établissement d'une démocratie ne se fait pas spontanément maisimplique un effort politique des membres d'une communauté pour s'organiser puis lutter contre les atteintes à cettedémocratie.

Transition: La véritable liberté n'est pas donnée immédiatement, elle est une conquête qui s'effectue dans l'effort.D'abord elle nécessite un effort individuel pour une véritable autonomie.

De plus cette dernière n'a d'existenceeffective que si elle s'accompagne d'un effort politique pour établir un gouvernement qui garantisse l'exercice del'autonomie chez les citoyens.Nous avons supposé jusqu'ici que la liberté était ce que tout le monde souhaitait et recherchait pour lui-même.

Maisn‘est-elle pas le résultat d'un effort supplémentaire et plus fondamental: celui de souhaiter être libre? En effet, rienne dit que la liberté soit l'état le plus confortable pour l'homme.

Ainsi, pour être livre, devrait-il commencer par fairel'effort de s'arracher à la facilité de la servitude pour assumer une liberté parfois douloureuse.

III) Être libre implique un effort permanent: celui d'assumer sa liberté.

- Être libre implique d'être responsable de ses actes, c'est-à-dire que nos actes nous sont imputés, que nousdevons en répondre et que nous pouvons être jugés pour ces derniers.

Cette situation suppose un certain courage,au sens où il peut paraître plus facile de se réfugier derrière l'autorité de quelqu'un d'autre.

Ainsi nous n'aurions plusà décider de nos propres actes, et surtout nous n'aurions plus à nous poser l'embarrassante question de ce qui estbien ou meilleur.

Dans, De la Servitude volontaire Boèce explique en ce sens que la servitude n'est souvent pas le résultat d'un asservissement par la contrainte violente, mais d'un asservissement consenti.

Spontanément, leshommes ne veulent pas la liberté, il se cherchent aux contraires des maîtres derrière lesquels se réfugier.

L'esclaveest donc le premier complice du maître.

La liberté exige alors un effort fondamental: la volonté doit commencer parse vouloir libre et assumer la responsabilité qu'implique sa liberté.- D'un point de vue politique également, la démission semble l'attitude la plus facile face à la liberté.

En effet, vivreen démocratie exige de tous un effort citoyen qui consiste à exercer sa liberté en s'impliquant effectivement dans lavie de l'Etat: en allant voter, en participant aux débats publics, etc.

Cette implication est contraignante, c'estpourquoi la démocratie à une tendance à dégénérer dès que les citoyens n‘ont plus la volonté de fournir les effortsnécessaires.

Comme l'explique Tocqueville dans De la Démocratie en Amérique , une société démocratique telle que la société américaine peut subrepticement se laisser guider par un gouvernement quasi-totalitaire et perdre sanss'en rendre compte sa liberté.

Il ne s'agit pas d'une prise de pouvoir violente par un seul, qui imposerait songouvernement par la force, la raison en est le simple désinvestissement politique des citoyens.

Ceux-ci se soucientde plus en plus de leur bien-être matériel, souci qui concerne la sphère privée.

Il suffit donc que ce confort soitsuffisant pour que les citoyens ne s'occupent plus du tout des affaires publiques et laissent tout pouvoir auxgouvernants.

Le repli sur le confort privé est donc une sorte de renoncement volontaire à la liberté politique.

Il semble donc que, contrairement à ce que nous avions commencé par affirmer, ce soit la servitude qui implique lemoins d'effort: elle est en effet un état spontanée et parfois plus confortable que la liberté.

Celle-ci au contrairedoit se conquérir au prix d'efforts sans cesse renouvelés.. »

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