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Faut-il lutter contre ses désirs ?

Publié le 27/03/2009

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Le désir joue un rôle ambigu dans la vie de l’homme dans la mesure où d’un côté il vise un but qui lui apportera de la satisfaction mais de l’autre lui fait ressentir un manque et s’accompagne donc de souffrance. Paradoxalement, le désir peut donc nous rendre malheureux alors qu’il vise le plaisir… De plus, il possède une incroyable force, et si l’on se jetait à corps perdu dans la satisfaction du plus grand nombre de désirs possible, cela pourrait nous entraîner à commettre des actes illégaux et immoraux et cela compromettrait aussi notre liberté de juger et d’agir sans contraintes. Ne devrions nous pas, pour vivre sagement, librement et pour accéder au bonheur, limiter le pouvoir que nos désirs ont sur nous ? Ne faudrait-il pas tenter à tout prix d’agir sur eux pour nous libérer de leur emprise et nous sentir maîtres de nous ?  Nous allons voir que la lutte contre certains de nos désirs peut être encouragée dans un objectif de respect des bienséances et de vie en société, mais que le problème du rapport entre l’homme et ses désirs se pose : si nos désirs constituent notre essence et ont des effets bénéfiques sur nous, doit-on tout de même les réfréner pour chercher la maîtrise de soi avant tout ? Enfin, nous nous demanderons quelle attitude est-elle bonne de suivre vis-à-vis de nos désirs pour goûter au bonheur, et voir que la recherche de la modération n’est pas chose facile…  

« Nous avons vu que nous devons lutter contre certains de nos désirs qui compromettraient notre respect desbienséances et d'autrui.

Or d'après la théorie freudienne de l'inconscient psychique, nombre de nos désirs tropchoquants ou immoraux seraient refoulés dans notre inconscient.

N'y ayant pas accès directement, nous ne sommespas conscients de l'existence de ces désirs, cependant il n'en reste pas moins qu'ils occupent toujours une part denous, certes cachée mais pas complètement fermée.

En effet, ces désirs réapparaissent par le biais des rêves, deslapsus ou des actes manqués, d'une manière travestie.

Notre action sur nos désirs serait donc totalementimpossible, ou alors très difficile, par le biais de la psychanalyse.

Dans le cas de cette hypothèse de l'inconscientpsychique, lutter contre ses désirs conscients n'aurait donc pas de sens car nous ne pourrions pas nous en défaire ;de plus la « capacité » de l'inconscient étant estimée bien supérieure à celle de la conscience, nos désirs refouléscontre lesquels nous n'avons aucune puissance nous détermineraient en permanence.

Tenter de lutter contre nosdésirs conscients (représentant seulement « la partie émergée de l'iceberg », c'est à dire la seule part que l'on voit,mais minime) serait donc vaine.

Certains de nos désirs seraient donc en contradiction avec la morale ou avecl'intention de vivre en société, mais la question reste celle de l'efficacité de la lutte contre ses propres désirs. Et quand bien même parviendrions nous à nous détacher de nos désirs, serions nous nous-même ? Est ce que lesdésirs ne seraient pas l'essence de l'homme ? Certains désirs peuvent en effet nous aider à nous connaître et nouscomprendre, les désirs se trouvent parmi ce qu'on a de plus personnel, parmi ce qui nous différencie d'un autre.

Onremarque en effet qu'il est parfois très difficile d'avouer ses désirs par pudeur ou par crainte d'être incompris.

Ledésir est donc quelque chose qui nous constitue, et ne serait-ce pas nous dénaturer que de lutter contre ceux-ci ?Selon Spinoza, les désirs primeraient sur le jugement au sens où nous ne désirerions pas un objet parce que nous lejugerions bon mais nous trouverions que celui-ci est bon car nous le désirerions.

C'est donc le désir qui précèderaitet instaurerait la valeur d'un objet, on trouvera bon ce qui augmente notre puissance d'exister et mauvais ce qui ladiminue.

L'homme serait donc un être de désirs car ceux-ci primeraient sur son entendement, cela vient renforcerl'idée que les désirs occupent une place importante et privilégiée dans notre être.

Dans cette optique, une moralequi chercherait à supprimer le désir ressemble à une sorte de suicide ! Si vivre c'est désirer, cesser de désirer c'esten quelque sorte mourir.

Combattre le désir ce serait aller à l'encontre de notre volonté d'être et lutter contre nosdésir en serait d'autant plus difficile.De plus, le désir a l'effet bénéfique de nous pousser à l'action, il oriente tous nos moyens vers le but de sasatisfaction, il nous fait tendre vers un idéal.

Même si l'on n'atteint pas les objets de tous nos désirs, nous gagnonscertaines victoires ; même si un désir est irréalisable il nous entraîne à agir.

Pour Spinoza le désir est à la fois unepuissance de vie et un effort perpétuel pour persévérer dans son être : il s'agit du conatus.

On peut ainsi agir pouraccéder à un objet désiré et aussi conserver ce que l'on a, car le désir peut porter sur quelque chose que l'onpossède déjà.

Par exemple, le désir amoureux nous pousse à entreprendre toutes sortes de démarches pourconquérir la personne visée, et est toujours renouvelé lorsque celle-ci est séduite.

Le désir augmenterait donc notrepuissance d'agir et d'être satisfait.

Ce sont nos désirs qui nous permettent d'avoir des idéaux, des utopies, et doncde donner le meilleur de nous-même pour atteindre un objet visé, nos désirs contribuent à nous faire agir et donc àfaçonner notre propre vie.

Ici, encore dans le domaine de la physique, on peut comparer le désir à une force quinous mettrait en mouvement, ou à un moteur de nos action.

Lutter contre ce désir serait donc dangereux puisquecela nous ferait perdre un pouvoir d'action précieux.

Il ne faudrait en aucun cas essayer de réduire le plus possibleses désirs, car cela nous entraînerait dans le statisme et nous ne pourrions plus entreprendre des projets aussiefficacement que poussés par nos désir.Cependant, vivre en suivant le cours de ses désirs n'est pas forcément la meilleure attitude à suivre, car ils peuventreprésenter une « contrainte intérieure ».

En effet, le désir peut nous faire attribuer des valeurs aux personnes ouaux objets qui ne sont pas objectives et ne proviennent pas de la raison : le désir peut entraîner le préjugé.

Si ledésir influence nos jugements et raisonnements, nous pouvons penser que nous ne sommes pas libres de nos choix.Nous n'avons pas réellement d'esprit critique ni de recul par rapport à l'objet à juger car notre désir prend le pas surnotre capacité de juger ; cela remet en cause la question du libre arbitre.

Un homme dominé par ses désirs et sespassions pourra-t-il délibérer en toute indépendance et sans contraintes ? Non, à partir du moment où on considèrela désir comme un obstacle pour parvenir à l'objectivité, et dans cette mesure on peut considérer nos désirs commedes entraves à la liberté de pensée.

On peut bien sûr citer l'exemple de l'amour qui rend aveugle (et parfois mêmesourd), mais aussi celui de l'homme avide de pouvoir qui aura un jugement particulier sur les personnes puissantes(admiration, jalousie…), différent de celui qu'il aurait eu en sans prendre en compte tous ses désirs, donc sans cetteenvie de les égaler.

Notre entendement étant faussé par nos désirs, pouvons-nous prétendre être libre ? Le désirnous pousse à l'action, mais est-ce qu'il nous mène à agir le mieux possible ? Si l'on veut affirmer agir librement, endehors de toute contrainte, il faut donc travailler pour que son entendement ne soit plus dominé par ses désirs.Dans ce cas, il faudrait donc lutter contre ses désirs dans un but de liberté de pensée et d'objectivité face à unchoix.

Par exemple, un juge qui doit toujours être impartial devra faire cet effort de domination et de neutralisationde ses désirs lors d'un procès.

L'homme est donc un être de désirs, ceux-ci peuvent lui être bénéfique dans sesactions et ses engagements mais ils peuvent aussi constituer des obstacles difficiles à dominer. Cependant, est ce que l'action engendrée par les désirs ou la liberté qu'implique la lutte contre ses désirs mène aubonheur ? Sachant que le bonheur est un des buts principaux de l'homme dans la vie, on peut se demander quelleest l'attitude à suivre vis-à-vis de ses désirs pour y parvenir.

La question est donc : le bonheur est-il dans laréalisation ou dans la suppression des désirs ? Cette interrogation que se posaient déjà les philosophes antiquesattire des réponses totalement différentes selon les époques et les penseurs.

Dans un premier temps, nous pouvons. »

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