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Faut-il maîtriser ses passions ?

Publié le 02/02/2005

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Il se pourrait que certaines soient plus aptes à promouvoir la vie que d'autres, que toutes nos passions ne soient pas d'égales valeurs. Ø  Mais alors, comment discerner, parmi nos passions, celles qui sont répréhensibles, de celles qui ne le sont pas ? Suivant quel critère opérer cette discrimination ? En un mot, lesquelles faut-il maîtriser ?   Ø  B) La thèse de Nietzsche ne vaut que dans la mesure où la maîtrise des passions est pensée sur le modèle de l'extinction, de l'anéantissement. Il est vrai qu'en ce sens, l'ascèse ressemble fort à un travail mortifère. Du coup, ne pourrions-nous envisager une maîtrise où le sujet n'a pas à s'en prendre à lui-même, une maîtrise qui ne soit pas une négation de la vie ? ·         Enjeu : que la politique intérieure ne soit ni une répression totale sans distinction, ni un laisser-faire synonyme de licence. Eviter l'aporie d'une opposition radicale où il s'agirait de choisir son « camps » : ou bien on éteint les passions mais on prend alors le risque de renoncer à toute forme de vitalité (=impasse de l'idéal ascétique), ou bien on leur laisse libre cours indistinctement, risquant alors de devoir renoncer à la morale et au gouvernement de soi (= conduite raisonnée).   3-      Maîtriser ses passions = « connais-toi toi même »   Pour Spinoza, action et passion ne renvoient pas à une opposition de l'âme et du corps : les passions ne sont rien d'autre que ce dont on ne peut rendre compte clairement.

 

Remarques sur l’intitulé :

·         « Faut-il « indique un devoir-être, un impératif = « est-il nécessaire de … «. Or la nécessité peut être a) logique b) morale. Du coup, la question est de savoir si la maîtrise des passions s’impose comme un impératif absolu (ce qui ne peut pas ne pas être) ou bien comme une obligation (ce qui ne pourrait être autrement sous peine de devenir une faute).

·         Présupposé du sujet : nos passions sont maîtrisables. Mais le problème est alors de savoir si on doit les maîtriser. Pourquoi ?

·          La maîtrise est un idéal nourri par la philosophie qui est quête de la sagesse. Du coup, comment douter qu’il faille maîtriser les passions ?

·         En tant qu’idéal, la maîtrise des passions s’inscrit dans une perspective platonicienne, voire chrétienne : il s’agit de lutter contre le corps et la chair, et cela, au nom d’une quête spirituelle : l’homme ne trouverait son bonheur, ne pourrait s’accomplir, que par la connaissance du divin.

·         Le problème qu’il faut soulever : est-ce une entreprise raisonnable ? Car « passions « = humain, quelque chose en nous. Les passions = moteur de l’action et plus largement signe de vie.

Problématique : Si la maîtrise de ses passions semble être gage de sagesse, il n’en reste pas moins que la figure de l’idéal ascétique pose problème au regard de la vitalité contenue dans les passions. Ainsi, les passions sont-elles la part autre qu’il nous faut réduire au silence, ou peuvent-elles être tenues pour une source de vitalité et d’affirmation de soi, et par conséquent, faut-il maîtriser ses passions et se montrer en toutes circonstance raisonnable ou bien devons-nous leur laisser libre cours ?

 

« Selon Nietzsche, il faut reconsidérer toutes les valeurs et en particulier, les valeurs morales.

Ainsi, il faut se demander d'où elles viennentet déterminer ce qui les a engendrées.

Or, Nietzsche remarque que lacondamnation des passions trouve son origine dans le ressentiment, dans une hostilité profonde à l'égard de la vie.

En effet, ce qui motive l'idéal ascétique(l'attitude consistant à se défaire de ses passions), est avant tout une haine « de ce qui est humain, et plus encore de ce qui « animal », et plus encore dece qui est « matière » », et finalement, « un refus d'admettre les conditions fondamentales de la vie » (que sont le devenir, l'apparence, la souffrance,l'effort...tout ce qui ne relève pas de la sphère divine et éternelle dont parlePlaton ou le christianisme).

Cette négation de la vie, (autrement appelée« faiblesse » par Nietzsche), donne naissance à l'ascèse comme état morbide,comme nihilisme.

Mais Nietzsche ne se limite pas à déplorer cette attitude ; il n'admetpas le vice de procédure par lequel celle-ci est érigée en norme, en valeur.

Eneffet, l'ascète participe de la « révolte des esclaves », des faibles : cesderniers implantent en l'homme la mauvaise conscience , « apprennent à l'animal-homme à rougir de tous ses instincts ».

Que l'idéal ascétique soit lefait de quelques « dégénérés » pauvres en vie, passe encore ; mais que cetidéal devienne une valeur est une aberration.

On ne doit donc pas, au nom dece qui caractérise la vie (force et santé), maîtriser les passions, ni lessiennes, ni celles d'autrui. En un mot, la maîtrise des passions, en tant qu'ascèse, abîme l'homme, le fait sombrer dans le nihilisme . Transition :· On a vu que Nietzsche s'oppose à la tempérance platonicienne au nom d'une vitalité de la passion : « attaquer les passions à la racine, c'est attaquer la vie à la racine » dit-il ; ainsi, les passions ne doivent pas êtremaîtrisées, c'est-à-dire réprimées.

Selon Nietzsche, les passions ne sont mauvaises que d'un certain point de vue : envisagées comme déploiement d'une force vitale, les passions qui ne sont ni bonnes ni mauvaises.· Cependant, la position nietzschéenne pose au moins deux problèmes : Ø A) La passion du musicien pour son art, celle de l'avare pour son argent, l'amour fou de Phèdre pourHyppolite, la rage meurtrière du fanatique, l'abnégation sublime du père Goriot pour le bonheur de ses filles...sont des choses bien différentes.

Il se pourrait que certaines soient plus aptes à promouvoir la vie qued'autres, que toutes nos passions ne soient pas d' égales valeurs . Ø Mais alors, comment discerner, parmi nos passions, celles qui sont répréhensibles, de celles qui ne le sontpas ? Suivant quel critère opérer cette discrimination ? En un mot, lesquelles faut-il maîtriser ? Ø B) La thèse de Nietzsche ne vaut que dans la mesure où la maîtrise des passions est pensée sur le modèle de l'extinction, de l'anéantissement .

Il est vrai qu'en ce sens, l'ascèse ressemble fort à un travail mortifère.

Du coup, ne pourrions-nous envisager une maîtrise où le sujet n'a pas à s'en prendre à lui-même, une maîtrise qui ne soit pas une négation de la vie ? · Enjeu : que la politique intérieure ne soit ni une répression totale sans distinction, ni un laisser-faire synonyme de licence .

Eviter l'aporie d'une opposition radicale où il s'agirait de choisir son « camps » : ou bien on éteint les passions mais on prend alors le risque de renoncer à toute forme de vitalité (=impasse de l'idéalascétique), ou bien on leur laisse libre cours indistinctement, risquant alors de devoir renoncer à la morale et augouvernement de soi (= conduite raisonnée).

3- MAÎTRISER SES PASSIONS = « CONNAIS -TOI TOI MÊME » Pour Spinoza, action et passion ne renvoient pas à une opposition de l'âme et du corps : les passions ne sont rien d'autre que ce dont on ne peut rendre compte clairement .

Qu'est-ce que cela signifie ? Selon l'auteur de L'Ethique , actions et passions doivent être évaluées en termes de causalité : - il y a action « quand, en nous ou hors de nous, quelque chose se fait dont nous sommes la cause adéquate » - il y a, au contraire, passion « quand il se fait en nous quelque chose ou qu'il suit de notre nature quelque chose, dont nous ne sommes la cause que partiellement ». S'il y a donc un impératif de maîtrise des passions, ce ne peut êtrequ'un devoir de connaissance. En effet, par « cause adéquate », il faut entendre « ce dont on peut concevoir l'effet clairement et distinctement ».Autrement dit, je ne pâtis que pour autant que je ne parviens pas à saisirclairement ce qui m'arrive : la « cause partielle » est « celle dont on ne peutconnaître l'effet par elle seule ».

Réduire la part « autre » en nous consiste donc à apprendre à la connaître, non à la rejeter ou tenter de la détruire, de la faire taire.

La thèse spinoziste permet donc de ne pas considérer les passions d'un point de vuemoraliste, ni de les exalter outre-mesure : s'efforcer d'être la « cause. »

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