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Faut-il renoncer à faire du travail une valeur ?

Publié le 04/01/2004

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travail

• Qu'est-ce qu'une « valeur « ?

 Le premier sens du terme est économique : la valeur d'un objet détermine son prix. On peut parler de valeur intrinsèque ou de valeur liée au rapport de l'offre et de la demande. Par extension, une valeur est quelque chose qui compte pour nous et qui donc intervient dans nos choix et nous motive pour résoudre des problèmes ou vaincre des obstacles. Si, par exemple, l'amitié est pour moi une valeur qui compte, je serai prêt à renoncer à un avantage matériel qui entraverait ma relation avec tel ou tel ami.    • Dans quelle mesure peut-on faire du travail une valeur ?

 Au sens économique, la question est de savoir si le travail mérite en tant que tel une rémunération ou si cette dernière porte plutôt sur le résultat du travail.  Au sens général, il s'agit de se demander si le travail est digne d'être recherché pour lui-même ou s'il est seulement un mal nécessaire : si nous avions le choix, déciderions-nous de travailler tout de même ? Le travail permet de développer des qualités d'ingéniosité, de patience, d'endurance, etc., mais il prend également du temps que nous pourrions consacrer à autre chose.    • Pourquoi « renoncer « à faire du travail une valeur?

 Le verbe « renoncer« peut signifier simplement que l'on s'abstient de faire une chose, mais souvent il a une connotation d'échec :on renonce lorsque le projet semble irréalisable. Il faut donc réfléchir aux raisons pour lesquelles nous pourrions décider que le travail n'est pas une valeur, et à celles pour lesquelles le travail aurait du mal à s'imposer, à être reconnu comme valeur. Les arguments sont aussi bien d'ordre économique que sociologique.  

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« III.

Les conséquences d'un renoncement. Ces arguments peuvent sembler séduisants mais sont problématiques et offrent au moins matière à discussion. • Reconnaissance du travail et reconnaissance de la personne. Contre le premier argument on pourrait objecter que le fait de ne pas accorder de valeur au travail lui-mêmeconstitue un facteur aliénant pour la personne qui s'investit dans le travail et y consacre temps et peine.

Nier lavaleur du travail indépendamment de son résultat peut contribuer à dégrader celle de la personne et la perceptionqu'elle a d'elle-même à travers son travail.

C'est ce processus d'aliénation qui est au fondement de la penséemarxiste. • Motivation et valeur. À l'inverse, gommer, sous prétexte de solidarité sociale, la distinction entre ceux qui travaillent et ceux qui netravaillent pas, risque d'avoir un effet décourageant et pour ceux qui travaillent actuellement et pour ceux qui s'ypréparent à travers une formation parfois exigeante.

Une société ne peut être dynamique et entreprenante que sil'on maintient la valorisation de l'effort et du courage. • Vers une création de nouvelles valeurs? En revanche, la nature même du travail est sans doute appelée à changer dans les décennies qui viennent et denouveaux concepts apparaissent temps partagé, temps partiel, travail à distance, etc.

Il est encore trop tôt poursavoir quelle influence ces nouvelles formes du travail auront sur la valeur du travail. Conclusion. La valeur du travail, comme toutes les valeurs, se trouve en concurrence avec d'autres et les tentations sontnombreuses d'y renoncer; mais on ne saurait à la légère tirer un trait sur un aspect aussi fondamental de lacivilisation moderne et de la structure sociale.

Faire du travail une valeur est peut-être encore un des meilleursmoyens pour ne pas le subir comme une nécessité extérieure et pénible et pour en faire un réel instrumentd'humanisation. Le travail et sa valorisation Dans l'Antiquité grecque, les activités humaines considérées comme les plus nobles sont celles auxquelles n'ontaccès que les hommes libres.

Ceux-ci, dispensés de travail grâce aux esclaves, peuvent se consacrer à la politiqueou à la philosophie.

Au Moyen Âge, une hiérarchie sociale qui privilégie les activités religieuses et guerrières ne voitdans le labeur qu'une nécessité.

Un changement dans la représentation du travail s'opère dès le xvie siècle avec leprotestantisme, qui affirme la dignité de l'activité professionnelle, du labeur quotidien.

Mais la valorisation du travaila alors un sens moral : le travail est un devoir, au même titre que la prière.

La perspective du xixe siècle estdifférente.La valeur du travail, notamment chez Hegel et chez Marx, est affirmée sur deux plans.

Celui de histoire de l'humanité: en transformant la nature par le travail, l'humanité se transforme elle-même.

Le travail est ce qui permet àl'humanité de développer toutes ses capacités.

Le travail n'est pas seulement une nécessité, il est le moyen duperfectionnement de l'espèce humaine.

Celui de l'individu : le travail n'est pas seulement ce par quoi l'homme assuresa subsistance, mais, bien plus, ce par quoi il manifeste ce qu'il est.

Les produits du travail, comparables en cela auxoeuvres des artistes, sont les moyens pour l'individu de manifester, d'extérioriser ce qu'il est, et de prendreconscience de lui-même.. »

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