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FAUT-IL SE DÉFIER DES ÉMOTIONS ?

Publié le 17/02/2011

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REMARQUES PRÉLIMINAIRES

Le « sujet de cours « sous ses divers aspects, soit à l'état pur, soit comme approfondissement d'un point particulier, soit comme développement d'un commentaire très proche de la question telle que le programme la formule, peut constituer un excellent « test « un jour d'examen : si le candidat possède et domine comme il faut les connaissances de base qui s'y rapportent, il peut se livrer à quelques « variations « d'un tour plus personnel — remarques morales ou métaphysiques, exemples vécus — qui souligneront sa maîtrise et permettront d'apprécier ce que sa réflexion a d'original. Il est donc bon de revenir périodiquement à des sujets de ce genre qui offrent un point de départ solide pour la recherche et la construction du plan.

« enveloppons d'ordinaire; elle est cette déchirure, elle nous ouvre au monde, à sa diversité, à sa richesse; à sespièges sans doute, mais aussi à ses possibilités de découverte et de vérité ; elle nous ouvre à autrui, à sonoriginalité attirante et inaccessible, à ce trésor d'une autre personnalité humaine que nous côtoyons d'une manièrebien inadéquate, sociale ou intellectuelle seulement, tant que nous le faisons avec indifférence, c'est-à-dire sansémotion, sans mouvement intérieur; et de ce point de vue là une haine, qui reconnaît la réalité et l'importance del'adversaire, est bien supérieure à l'indifférence qui est le seul véritable mépris.

Corrélativement, d'ailleurs, c'estnotre moi » le plus profond, peut-être le plus vrai, enfin d'ordinaire sous de multiples revêtements sociaux (qui nesont pas tous des travestis ou des oripeaux, mais qui constituent toujours une carapace, tout de même) qui estappelé à s'éveiller, rappelé à l'existence par ce choc avec la réalité authentique des autres et du monde; de là cetteimpression de vitalité, et même de fraîcheur, qu'il y a toujours au fond d'une émotion.

L'auteur contemporain qui adit qu'elle « descellait » notre nature a parfaitement exprimé l'essentiel sur ce point.

Et plus l'objet qui nous émeutest riche de possibilités nouvelles pour nous, plus il peut nous apporter de valeurs jusque là inconnues etinexploitées, plus nous pressentons, dans la rencontre, cet agrandissement de notre être, plus l'émotion du momentrisque d'être paralysante, ou, au contraire, désordonnée et folle, ces deux aspects contradictoires n'étant que desconséquences de notre tempérament.

Mais aussi, plus ce soulèvement des profondeurs a paru sur le momentinjustifiable, plus, ensuite, il portera des fruits qui nous réjouiront, car notre caractère a été situé par lui sur unnouveau plan d'existence; c'est après l'exaltation de la découverte de la musique à travers une phrase sonore quinous a brusquement révélé ce monde où nous n'avions pas encore pénétré, que nous devenons des amateurs (oudavantage encore) heureux et convaincus; c'est après le fameux coup de foudre que se construisent un vrai amourou une amitié comme celle qui faisait dire à Montaigne le non moins fameux « parce que c'était lui, parce que c'étaitmoi,»; c'est après avoir lu, sur les quais, chez un bouquiniste, quelques pages qui lui donnèrent des battements decoeur que Malebranche devint cartésien et philosophe et orienta définitivement son destin; c'est après les joiesspirituelles et les tourments de « la nuit obscure » que les mystiques arrivent à l'essentiel. CONCLUSION A la limite, qui est dépourvu d'émotions? Certainement l'huître sur son rocher, ce qui ne doit paraître à personne unsort enviable.

Peut-être le Sage ou le Saint? Mais si cette sérénité est le fruit d'une mutilation, comme cela paraîtêtre parfois chez les Stoïciens, est-elle souhaitable et humaine? Et le vrai sage et le saint véritable, ceux qui le sontd'une manière positive et non restrictive, n'ont jamais témoigné qu'ils manquaient d'émotions, au contraire : il n'estque de lire leurs confidences, quand ils nous en ont laissées.

Pour l'homme ordinaire les émotions, étant le signe qu'ils'ouvre à de nouvelles aventures psychologiques, et que cette nouveauté ne le trouble qu'en vue d'un réajustementsupérieur, les émotions constituent, malgré les déviations que nous pouvons leur faire subir, une des fonctions lesplus importantes, les plus délicates, les plus significatives, de notre nature et de notre destinée.. »

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