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Faut-il se méfier de ses désirs ?

Publié le 27/02/2008

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Par conséquent, la méfiance est de mise. Cependant, si l?on devait se méfier de tous les désirs, l?on en viendrait même à se méfier du désir de vivre, et l?on finirait par se laisser mourir. Comment peut-on donc se décider au sujet du désir puisque celui-ci nous induit en erreur, mais qu?il contient en même temps notre raison d?être ?     Proposition de plan :   Le désir est illusoire. a) Le désir souffre tout d?abord de deux graves défauts : il est infini et il repose sur la présence simultanée d?états contraires. Platon explique ces défauts dans le Gorgias. D?abord il exprime l?idée que le désir inféode l?homme à une prospection toujours reconduite et qu?il rend les hommes comme ces habitants de l?Hadès qui « portent de l?eau dans des tonneaux percés » (Gorgias, 493b). Ensuite, Platon va démontrer que le plaisir ? qui incarne ce qui est visé à travers le désir ? ne peut nous permettre de devenir heureux car il a besoin de contraires. On prend en effet du plaisir à boire, mais ce plaisir ne provient que du fait qu?il met fin à la souffrance qu?était la soif. Aussi, désirer le plaisir de boire, ce serait désirer la souffrance d?avoir soif.

« Le désir est une force positive «Malheur à qui n'a plus rien à désirer.» Rousseau, La Nouvelle Héloïse (1761). • Contre l'ascétisme des philosophies rationalistes, Rousseau fait dire à Julie(le personnage de son roman) la beauté et la force du désir amoureux: ledésir est paradoxal, car d'un côté il consiste à tendre vers un but, mais del'autre, il se suffit à lui-même.

En effet, celui qui accomplit son désir connaîten même temps que la satisfaction une sorte de déception.• L'affirmation de Julie («Malheur à qui...») est radicale: pour elle, le vraibonheur consiste dans le désir lui-même, qui est une forme d'intensification dela vie.

Ne rien désirer, ce n'est pas la sagesse, c'est la mort. Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu'ilpossède.

On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère, et l'onn'est heureux qu'avant d'être heureux.

En effet, l'homme avide et borné, faitpour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante quirapproche de lui tout ce qu'il désire, qui le soumet à son imagination, qui le luirend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendrecette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion.

Maistout ce prestige disparaît devant l'objet même; rien n'embellit plus cet objetaux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu'on voit; l'imagination ne pare plus rien de ce qu'on possède, l'illusion cesse où commence la jouissance.

Le pays des chimères est en cemonde le seul digne d'être habité et tel est le néant des choses humaines, qu'hors l'Être existant par lui-même, il n'ya rien de beau que ce qui n'est pas.Si cet effet n'a pas toujours lieu sur les objets particuliers de nos passions, il est infaillible dans le sentimentcommun qui les comprend toutes.

Vivre sans peine n'est pas un état d'homme; vivre ainsi c'est être mort.

Celui quipourrait tout sans être Dieu, serait une misérable créature ; il serait privé du plaisir de désirer ; toute autre privationserait plus supportable. La représentation ordinaire du désir nous amène à penser que le désir est un manque, et donc une souffrance : toutau moins un état qui tend à la jouissance, mais ne la contient pas et l'exclut.

Car la jouissance suppose lapossession qui doit marquer en même temps la disparition du désir.

On devrait alors dire : tantôt je désire, tantôt jesuis heureux.

Or ce texte de Rousseau repose sur le paradoxe suivant : ce n'est pas celui qui n'a plus rien à désirerqui est heureux, ne plus désirer est au contraire un malheur.

Celui qui a obtenu ce qu'il désire ne désire plus ; ilsemble alors qu'il possède, et pourtant Rousseau affirme qu'avec la disparition du désir il a en vérité tout perdu : ilest dépossédé au moment même où il possède ce qu'il désire.Le désir désire possession et jouissance : la possession me permet de goûter ce que je possède.

Mais si l'onpossède sans être heureux, posséder n'est rien, je possède un objet du désir, mais je ne possède plus mon bien oumon bonheur en lui.

Or ce n'est que dans le désir même que mon bonheur est lié, adhérent à l'objet.

La seulejouissance dont l'homme soit capable est donc une jouissance in absentia.

Alors que le besoin ne peut être satisfaitqu'in proesentia.

L'imagination, qui étend pour nous la mesure des possibles, et creuse par là notre désir, est aussiune force consolante puisqu'elle nous donne non seulement la représentation mais comme l'équivalent imaginaired'une présence effective.

Elle me fait désirer, mais elle me livre imaginairement ce que je désire.

Je ne me contentepas d'y penser ; c'est comme si c'était là.

Il y a un bonheur de l'imaginaire, une jouissance de l'objet dansl'imagination et donc en son absence que ne viennent pas ternir les vicissitudes liées à l'objet réel (la servitude dupouvoir, les caprices de la femme, la puanteur de Venise).

Au contraire, dans l'imagination, la chose est soumise àma puissance ; elle ne peut me décevoir.

C'est la raison pour laquelle l'imagination se nourrit de l'absence.

L'objetdevient ce que je veux qu'il soit.En fait, la jouissance suppose ce que Rousseau nomme beauté de l'objet.

Mais la présence est exclusive de labeauté ; pour nous, seule l'absence et donc le désir « embellissent » l'objet.

La vraie jouissance est pour nous unejouissance dans l'illusion, dans la présence illusoire de l'imaginaire b) D'autre part, l'on peut affirmer que le désir est quelque chose qui raccroche l'homme à la vérité : l'homme a un« désir de vérité.

» Platon le montre par l'intermédiaire de la description qu'il fait de l'amour et de la beauté.

Si noussommes tous sensibles au beau, c'est d'après Platon parce que cela est un effet de notre amour naturel pour lavérité.

En effet, il écrit dans le Banquet que « l'Amour est amant de la sagesse, c'est-à-dire philosophe » (le Banquet , 204b).

La beauté sensible est un reflet sensible de la beauté véritable, qui apparaît ainsi sous une forme que tout le monde reconnaît.

L'Amour permet ainsi à ceux qui savent s'en saisir de s'élever à la contemplation desbeautés plus élevées que sont celles de la raison.

L'Amour, qui est une passion que tout le monde connaît, témoignedonc du fait que tout le monde est porté à être séduit par le pouvoir de la raison.

L'élan rationnel est donc naturel àl'homme et il est le fruit d'un désir de rationalité.c) Il serait donc absurde de vouloir absolument se méfier de tous ses désirs, car il faudrait alors abandonner lavérité, la rationalité, et même la vie.

Transition : Comment pouvons-nous savoir à quel désir se vouer et à quel désir renoncer ? 3.. »

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