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Faut-il se méfier du corps ?

Publié le 18/09/2005

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FAUT-IL : Ce genre de sujet interroge sur la nécessité. * Distinguez nécessité objective et nécessité subjective. * La nécessité implique soit un rapport logique, soit un rapport moral avec le sujet; parfois les deux.

Notre corps nous appartient en propre, et pourtant, il semble toujours être extérieur à nous, à notre âme ; la traduction philosophique a en effet distingué le corps et l’esprit de manière drastique. Le corps serait le lieu des sensations, des plaisirs, des besoins et des instincts, tandis que notre esprit serait ce qu’il y a en nous de plus noble. Il n’y a donc pas seulement distinction, mais hiérarchie, puisque le corps semble être bien plus superficiel, bien moins constitutif de notre personnalité que notre âme : ne condamne-t-on pas souvent ceux qui aiment quelqu'un pour son corps et sa beauté physique, alors qu’au contraire aimer quelqu'un pour son intelligence ou son caractère nous semble bien plus estimable ? On voit combien que le corps semble plus méprisable que l’âme. Et même lorsqu’on attribue une grande place au corps, comme le font ceux qui sont à la recherche de l’éternelle jeunesse par le biais de soins, de chirurgie, de sport intensif, cela ne manifeste-t-il pas une autre sorte de méfiance, selon laquelle notre corps serait fragile, trompeur, et pourrait devenir notre pire ennemi ? Qu’il soit glorifié ou dévalué, le corps semble toujours faire l’objet d’un rapport de méfiance. Aucune de ces deux attitudes ne manifeste un rapport pacifié et confiant à notre corps. Mais d’où peut donc provenir une telle méfiance ? Qu’est-ce qui la justifie ? Doit-on se méfier du corps, parce qu’il ne nous permet qu’un accès au sensible, ou au contraire nous fier à lui parce que lui seul peut nous donner cet accès ?

« d'humain et dépasser le statut animal.

On oppose alors le travail, c'est-à-dire l'usage du corps dans le labeur,à la contemplation, qui est une réflexion désintéressée.

C'est pour cela que Platon a pu écrire dans le Phédon que le corps était le tombeau de l'âme : lorsqu'elle est dans notre corps, l'âmeest sans cesse ramenée à des préoccupations triviales, elle est attachée auxplaisirs des sens, elle considère le sensible comme étant la forme de réalité laplus haute, alors que ce qui est la vraie destination de l'âme, c'est lacontemplation des Idées, dont le sensible n'est qu'une image et une ombre C.

En effet, notre corps est la meilleure expression qui soit de la finitude : il est matière et est donc soumis aux règles qui régissent toute matière : il est destinéà périr.

La méfiance envers le corps peut en effet également prendre cet aspectplus existentiel : notre vie dépend de notre corps.

L'angoisse de l'hypocondriaquenous montre à quel point nous dépendons de notre corps.

Celui qui est toujourspersuadé d'être malade développe une sorte de paranoïa envers son proprecorps, qu'il soupçonne en permanence de porter des maladies.

Cela nous montred'une part à quel point nous ne connaissons pas notre corps, et ne pouvonstoujours savoir s'il va bien ou non (nous pouvons être malade sans le savoir) etd'autre part, cela nous montre que notre âme est bien solidement attachée ànotre corps.

La maladie n'est jamais uniquement maladie du corps, c'est toujours l'être humain tout entier qui est malade.

Canguilhem dans Le Normal et le pathologique nous a montré toute maladie a d'abord une signification existentielle : être malade, c'est toujours vivre d'une autre vie, car noussommes obligés de changer nos habitudes les plus insignifiantes : nos habitudes culinaires, nos activitéssportive, un simple nez bouché rend difficile le fait de se laver les dents ou de manger, car on ne peut plusrespirer par le nez. Transition : on peut donc se méfier du corps car celui-ci nous rappelle aussi que nous sommes de la matière.

Il nous renvoie à la fragilité de notre existence : on ne peut maitriser tout ce qui se passe en lui, et l'on est parfoisobligé de s'en remettre à l'avis des autres, d'un médecin par exemple.

Le corps est donc ce qui en nous est animal,tandis que l'esprit semble être la véritable particularité de l'homme.

Pourtant, ne peut-on pas dire que notre corpsporte en lui-même une trace de cette humanité ? III. Pourtant, notre humanité est inscrite dans notre corps A.

Aristote dans Les parties des animaux montre que la contemplation, bien qu'elle soit une activité de l'esprit qui nécessite une certaine mise en suspend de notre part sensible et instinctive est inscrite dansnotre corps.

L'homme est le seul animal dont la tête est située en haut du corps, parce qu'il est bipède etnon quadrupède.

En cela, il est d'emblée destiné à regarder le ciel, à fixer l'infini, et non simplement le sol,comme c'est le cas des animaux.

B.

L'homme est également le seul animal à posséder des pousses opposables.

Selon Engels, dans le rôle du travail dans la transformation de l'homme en singe , cela est directement lié à l'histoire de notre espèce : c'est lorsque l'homme est descendu des arbres et s'est mis à marcher sur ses deux pieds que ses mains sesont libérées et qu'il a pu les utiliser pour produire des outils, et ainsi perfectionner sa vie.

L'évolution denotre espèce, son développement n'est donc pas purement lié à l'intelligence, mais aussi au corps, à sastructure, et le travail, loin d'être cette part de l'homme qui l'asservit en l'obligeant d'user de son corps pourentretenir son corps est ce qui a permis son affranchissement de la nature.

C.

L'ascèse, qui se caractérise par une ligne de conduite qui vise à exclure tous les plaisirs corporels en vue de redonner à notre esprit toute sa dignité en se débarrant des besoins contraignant de l'esprit n'est doncpas justifiée.

Notre méfiance vis-à-vis du corps peut alors être interprétée, comme le fait Nietzsche dans latroisième dissertation de la Généalogie de la morale comme une haine du corps, mais aussi et surtout de la vie elle-même.

L'ascèse vise à purifier le corps de tout désir : chaque pulsion nouvelle qui se présentedevient alors l'occasion de fonder la puissance de l'âme, et sa supériorité par rapport au corps.

Mais nous ditNietzsche, c'est là au contraire priver le corps de toute sa puissance, de sa capacité d'action, c'est donccela qui est véritablement contre nature. Conclusion La méfiance à l'égard du corps peut donc prendre deux directions : du point de vue de la connaissance, elle sejustifierait par le fait que notre corps est inférieur à notre esprit, que la connaissance que l'on peut avoir par luin'est jamais pleinement suffisante, et qu'elle ne satisfait pas notre haute destination : la contemplationdésintéressée.

Du point de vue moral, le corps est perçu comme l'ennemi numéro un, puisque c'est par lui quepassent les désirs et les passions qui menacent à tout moment de nous détourner du droit chemin et de nous faireprendre la voie du plaisir et de la satisfaction plutôt que la voie du bien.

Pourtant, au niveau de la connaissance,notre corps reste le premier témoin de notre dignité, et du point de vue de la morale, on voit mal au non de quoi ilfaudrait déclarer que tout ce qui émane du corps est mauvais par nature.

Le corps est également un centre. »

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