Devoir de Philosophie

FREUD: Le rêve comme réalisation d'un désir

Publié le 08/04/2005

Extrait du document

freud
Vous dites toujours, déclare une spirituelle malade, que le rêve est un désir réalisé. Je vais vous raconter un rêve qui est tout le contraire d'un désir réalisé. Comment accorderez-vous cela avec votre théorie ? » Voici le rêve : « Je veux donner un dîner, mais je n'ai pour toutes provisions qu'un peu de saumon fumé. Je voudrais aller faire des achats, mais je me me rappelle que c'est dimanche après-midi et que toutes les boutiques sont fermées. Je veux téléphoner à quelques fournisseurs, mais le téléphone est détraqué.. Je dois donc renoncer au désir de donner un dîner. » Ce qui vient d'abord à l'esprit de la malade ne peut servir à interpréter le rêve. J'insiste. Au bout d'un moment, comme il convient lorsqu'on doit surmonter une résistance, elle me dit qu'elle a rendu visite à une de ses amies ; elle en est fort jalouse parce que son mari en dit toujours beaucoup de bien. Fort heureusement, l'amie est mince et maigre, et son mari aime les formes pleines. De quoi parlait donc cette personne maigre ? Naturellement de son désir d'engraisser. Elle lui a ainsi demandé : « Quand nous inviterez-vous à nouveau ? On mange toujours si bien chez vous ». Le sens du rêve est clair maintenant. Je peux dire à ma malade : "C'est exactement comme si vous lui aviez répondu mentalement : Oui ! Je vais t'inviter pour que tu manges bien, que tu engraisses et que tu plaises plus encore à mon mari. J'aimerais mieux ne plus donner de dîner de ma vie. Le rêve vous dit que vous ne pourrez pas donner de dîner, il accomplit ainsi votre voeu de ne point contribuer à rendre plus belle votre amie. » ... On ne sait encore à quoi le saumon fumé répond dans le rêve : « D'où vient que vous évoquez dans le rêve le saumon fumé ? - C'est, répond-elle, le plat de prédilection de mon amie »... Ce même rêve comporte une autre interprétation plus délicate... L'amie avait exprimé le voeu d'engraisser et il n'y aurait rien d'étonnant à ce que notre malade eût rêvé qu'un souhait de son amie ne se réalisait pas. Elle souhaite bien, en effet, que le désir de son amie (le désir d'engraisser) ne soit pas accompli. Mais au lieu de cela, elle rêve qu'elle-même voit un de ses désirs non réalisé. Le rêve acquiert un sens nouveau, s'il n'y est pas question d'elle mais de son amie, si elle s'estime à la place de celle-ci, si, en d'autres termes, elle s'est identifiée avec elle. FREUD
La Science des rêves, parue dès 1900, dans l'indifférence générale (en huit ans Freud n'en vendit pas 600 exemplaires!), est reconnue aujourd'hui comme l'un des maîtres-livres de l'inventeur de la psychanalyse. De tous ses ouvrages, c'est celui que Freud lui-même a toujours préféré. Il y affirme que « l'interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l'inconscient «.

freud

« psychanalyse le malade est tenu, comme on sait, de dire tout ce qui lui passe par l'esprit (règle de non-omission).Mais précisément les premières pensées qui viennent à l'esprit de la malade, au sujetde son rêve, ne peuvent servir à l'interprétation.

Tout se passe comme si la malade ne voulait pas livrer leséléments utiles à l'interprétation.

Elle fait ce que Freud appelle précisément une résistance.

Nous pouvons dégagerici clairement les caractéristiques de l'inconscient selon Freud.

Il y a des souvenirs, des idées auxquels je ne pensepas présentement, mais qui me reviendront à l'esprit sans difficultés.

Ces éléments constituent ce que Freud appellele préconscient.

A côté de ce pré-conscient qui passe sans difficulté dans le conscient, Freud affirme l'existenced'un inconscient qui paraît coupé du conscient.

Il y a des pensées inconscientes qui tendent à demeurerinconscientes parce qu'elles sont refoulées par le moi dans les profondeurs de l'inconscient.

L'inconscient refouléporte la marque d'un conflit intérieur à la personnalité : l'inconscient c'est ce que je ne veux pas m'avouer à moi-même.

La malade résiste à son propre effort de retrouver les thèmes psychologiques inconscients et cetterésistance manifeste précisément la persistance du refoulement.

L'intérêt du rêve est cependant que la « censure »(constituée par le souci des convenances, les idées morales) qui refoule à l'état de veille les désirs scabreux,interdits, se trouve pendant le sommeil non pas supprimée mais affaiblie.

Les désirs interdits se satisfont dans lerêve mais d'une manière détournée.

C'est d'ailleurs ce que va montrer la suite du texte. ...

Elle est fort jalouse.

Fort heureusement l'amie est mince et maigre et son mari aime les formes pleines...Cet aveu de la malade permet enfin l'interprétation du rêve.

Le rêve de l'échec du repas traduit le désir jaloux de nepas inviter son amie, pour qu'elle ne devienne pas, en engraissant, plus séduisante aux yeux du mari.

C'est à la prisede conscience de ce sentiment refoulé de jalousie que la patiente a d'abord résisté.

On saisit par cet exemple lemécanisme du rêve.

Le sentiment de jalousie s'exprime par des représentations concrètes (dramatisation), par unehistoire : la patiente n'organise pas un repas; la charge affective s'est transportée sur un objet accessoire, où laprincipale intéressée, l'amie jalousée, n'est pas présente (c'est le mécanisme du déplacement).

L'amie n'est plusexactement présente dans ce projet de repas que par son plat de prédilection, le saumon fumé.

On voit en tout cascomment l'échec apparent, patent, du désir qui occupe l'avant-scène du rêve (donner un repas) exprime et réalisesubtilement un désir latent, refoulé.

le désir jaloux que l'amie n'engraisse pas. ...

Ce même rêve comporte une interprétation plus délicate.

On peut donner plusieurs interprétations d'un rêve cequi pourrait induire certains à dénoncer le caractère arbitraire de l'herméneutique freudienne, mais que Freudexplique autrement.

Pour lui en effet le contenu manifeste d'un rêve peut dissimuler plusieurs significations latentes.Une seule image onirique peut être porteuse de plusieurs sens cachés, c'est ce que Freud appelle lasurdétermination.

Freud constate en effet qu'au lieu de rêver que le souhait de son amie (le désir d'engraisser) ne seréalise pas, la patiente rêve qu'elle-même voit un de ses désirs (donner un repas) non réalisé.

Elle s'est, dans sonrêve, en quelque sorte mise à la place de son amie, mise elle-même en situation de non-réalisation d'un désir, elles'est, dit Freud, identifiée à son amie.

« En signe de cette identification » elle s'est donné dans son rêve un souhaitnon réalisé.L'identification est un mécanisme psychologique dont Freud, le premier, a souligné l'importance.

Certes à l'époque oùil analyse le rêve dont nous parlons, Freud a surtout étudié la névrose hystérique.

Le concept d'identification estproposé pour rendre compte du phénomène de la contagion hystérique.

L'hystérique est un malade nerveux quireproduit, sans lésion organique, les symptômes d'autres malades qu'il a sous les yeux, par exemple à l'hôpital.

Freudestime que l'hystérique s'est inconsciemment identifié à tel de ces malades.

Mais l'identification est un processuspsychologique qui déborde largement le champ de l'hystérie et même des névroses en général.

Freud montrera plustard que c'est par exemple par l'identification que le petit garçon surmonte le « complexe d'OEdipe ».

Faute desupprimer le père, son rival dans l'amour de la mère, le petit garçon cherche à s'identifier à lui (le processusd'identification joue donc un grand rôle dans l'éducation). (Conclusion) L'étude de ce texte nous a permis de préciser en quoi consiste, pour Freud, l'analyse du rêve.

Nous avons vu que lerêve est la réalisation déguisée d'un désir refoulé.

Ce refoulement (visible dans les résistances du malade) estl'origine de ce déguisement (dramatisation, déplacement, surdétermination).

Nous avons vu en particulier commentle contenu patent du rêve (rêve d'un échec) dissimule un contenu latent tout opposé (réalisation d'un désir).Signalons cependant que tous les cauchemars ne sauraient s'intégrer aussi facilement à la théorie freudienne durêve-satisfaction d'un désir.

Freud a signalé lui-même que les rêves de la névrose traumatique (le malade rêveratoutes les nuits à l'événement qui l'a naguère traumatisé, par exemple son arrestation par la police) sont des rêvesà répétition justiciables d'une explication beaucoup plus compliquée. FREUD (Sigmund). Né à Freiberg (Moravie), en 1856, mort à Londres en 1939. Agrégé de neuropathologie en 1885, il suivit à Paris les cours de Charcot et s'intéressa à l'étude de l'hystérie.

Il. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles