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Gagne-t-on sa vie en travaillant ?

Publié le 08/04/2005

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S'il est question de gain ou peut-être de perte à propos du travail, ce ne sera pas dans le même sens que pour le jeu. Que je gagne ou que je perde en jouant, l'enjeu est déterminé par ma seule volonté ; en revanche, en travaillant, l'enjeu, c'est ma vie. Ainsi, en travaillant, je gagne ma vie dans le sens où au quotidien, le travail répond aux problèmes biologiques et matériels que la vie me pose et m'impose de résoudre : me nourrir, me loger, me vêtir... En travaillant, je gagne les moyens de vivre car la vie qui a été une lois donnée doit être entretenue. Le travail est une réponse économique à un problème biologique : la conservation de soi. Il apparaît alors comme un remède pour satisfaire les besoins les plus élémentaires de l'homme.En permettant à l'homme de gagner sa vie, le travail le libère des contraintes biologiques c'est une première forme de libération, le premier moment de la liberté qui s'affirme comme indépendance. En travaillant, je gagne ma vie qui devient vraiment mienne parce que je l'assume. Cette réponse économique aux problèmes biologiques est déjà morale et Hésiode a fondé clans Les Travaux et les Jours une sagesse de bon sens sur ce concept de travail. Le travail est une activité juste et honnête par laquelle on assume sa vie sans voler le bien d'autrui, sans dépendre de la société.

Le travail est une réalité dans la vie de tous, dés le plus jeune âge nous absorbons des connaissances et apprenons des savoirs faire sensés nous servir pour notre futur vie active, or pour gagner, il faut tirer un profit. Et tout bien a un prix, si le prix (le travail) est plus important que le gain, alors on perd. Le travail se décline sous deux formes : sociale et idéale, selon ces deux formes le gain apporté n'est pas le même. On se demande alors ce que nous apporte le travail.  Nous verrons donc dans un premier temps en quoi le travail est une nécessité, car si toute notre vie est basée sur le travail c'est qu'il apporte quelque chose, ensuite nous nous verrons en quoi le travail est quelque chose de négatif (sinon pourquoi tant de monde irait au travail a reculons), puis pour finir nous verrons n quoi le travail nous aide dans notre recherche du bonheur.  De nos jours, le travail est en crise (chômage et valorisation du travail expliquer), il est nécessaire de savoir ce que nous apporte cette situation à laquelle personne ne peut échapper.  

« Le travail, considéré en tant qu'acte, est un processus dévorant de consommation.

Qu'il soit manuel ou intellectuel,salarié ou libéral, le travail est toujours une dépense d'énergie vitale.

Le revenu se justifie alors par rapport à cetteperte de vitalité comme ce qui doit permettre à l'homme de reconstituer « sa force de travail ».

Marx, analysant plusspécifiquement le travail salarié, définit « la force de travail ».

C'est « leurs bras et leurs cerveaux agissants oul'ensemble des facultés physiques ou intellectuelles qui existent dans le corps d'un homme » (Le Capital, t.

I).

Ceque je gagne, c'est d'abord ce que j'ai accepté de perdre en travaillant.

Le travail comme activité serait alors plusde l'ordre de la perte que du gain.

Je perds mon autonomie en me soumettant à des lois qui ne sont pas les miennes: le lieu et le temps de travail sont imposés aussi bien aux salariés qu'aux patrons, lesquels sont soumis aux lois dumarché (rendement et rentabilité entre .

autres).

Le travail est donc une activité prescrite et contraignante quiimpose d'investir son énergie.

Marx a analysé de manière pertinente le processus de production en le pensant enmême temps comme un processus de consommation.

Produire, c'est consommer et consommer, c'est produire. En travaillant, l'être est soumis aux règles du paraître, comme ce garçon de café que décrit Sartre dans L'Être et le Néant, qui joue à exercer de son mieux son activité de garçon de café alorsqu'il n'est pas garçon de café : travailler, c'est jouer avec sa condition.

Entravaillant, je perds mon être en assumant, tel un acteur, un rôle, unefonction dans la société. En me libérant des contraintes biologiques, le travail peut, dans certainesconditions, m'aliéner.

Cette aliénation .

est plus ou moins grande.

La tragédiede l'aliénation que décrit Marx est celle de l'ouvrier en usine au XIX siècle.L'ouvrier gagne sa vie en perdant son humanité, car le travailleur se vend aupropriétaire des moyens de production (les machines, les outils, lesbâtiments...).

L'ouvrier ne vend pas directement un produit mais se vend lui-même comme une marchandise : il se fait chose dans un processus dedéshumanisation où il devient esclave d'un autre en se vendant pour sasubsistance. A cette première aliénation du travailleur s'ajoute l'aliénation de l'activitélaborieuse elle-même.

Avec le développement de l'industrie, l'homme devientesclave des machines, devant se soumettre à la cadence de la machine.Cette soumission à la machine fait perdre à l'homme son âme tel Charlot qui,dans Les Temps modernes, finit par n'être plus qu'un corps, une matièreétendue qui se meut sans pouvoir penser.

Le travail aliéné, en faisant del'homme un esclave et une machine, lui fait perdre ainsi son humanité. Si gagner sa vie en travaillant, c'est perdre de son énergie, de son être et de son humanité, peut-on encoreconsidérer que travailler, c'est gagner sa vie ? Si oui, quel genre de vie gagne-t-on ? Troisième partie: Gagner sa vie, en perdant son humanité, c'est réduire la vie à son sens biologique.

Une telle réduction retire à la viesa dimension spirituelle qui est le privilège de l'homme par rapport aux autres vivants.

C'est pourquoi Aristoteconsidérait le travail comme une servitude qui ne pouvait convenir aux hommes libres mais seulement aux esclaves.Dans l'Antiquité, l'oeuvre de l'homme n'est pas conçue sur le mode du travail mais sur celui de la réalisationrationnelle de sa vie.

Gagner sa vie, c'est la parfaire.

Le loisir désigne alors parfaitement cette activité par laquellel'homme gagne sa vie en .

accomplissant son oeuvre, en se cultivant, en développant sa .

faculté la plus noble et laplus humaine, la raison dans des activités politiques, morales ou philosophiques.

Or, n'est-ce pas là encore un travail? Un travail de soi sur soi ? Le travail moderne ne peut-il pas être pensé dans cette perspective de l'excellence ? Kant a montré qu'« il est de laplus haute importance que les enfants apprennent à travailler » (Anthropologie d'un point de vue pragmatique), carle travail, n'est pas contre nature, mais culture de sa propre nature.

Grâce au travail, je développe mes facultésintellectuelles et manuelles en extériorisant des potentialités, lesquelles autrement resteraient non exploitées.

Quandla danseuse travaille ses pointes, elle se perfectionne et s'améliore.

Ce qu'elle gagne en travaillant, c'est sa vie entant qu'elle est réalisation d'un projet.

Quand Marx définit l'essence du travail, il en fait une activité consciente parlaquelle l'homme réalise concrètement un projet.

« Ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte (le l'abeillela plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche » (Le Capital, I).L'essence du travail est donc la réalisation d'un projet, et dans cette optique, le travail aliéné ne petit être qu'uneperversion de la nature même du travail.. »

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