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Giotto di Bondone et la renaissance italienne

Publié le 26/02/2010

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On connaît mal la vie de Giotto di Bondone. Il naquit à Vespignano, près de Florence, mais son année de naissance reste incertaine. Le biographe Vasari mentionne la date de 1276, mais une version rimée de la chronique de Villani (1373) atteste qu'il serait né en 1266 ; une différence de dix ans qui est capitale pour juger de l'authenticité des premières oeuvres attribuées à Giotto, notamment les fresques murales de l'église franciscaine d'Assise. Si sa paternité a longtemps été contestée, les critiques s'accordent aujourd'hui à reconnaître en ces fresques l'une de ses oeuvres de jeunesse. La tradition en fait l'élève de Cimabue, grand maître de la peinture italienne de la fin du XIIIe siècle. Dans son sillage, Giotto développa un style personnel en initiant l'expression picturale de l'humanisme. Peu après Assise, on trouve la trace de Giotto à Rome où il réalisa au moins trois oeuvres importantes, dont la grande mosaïque Jésus marchant sur l'eau qui orne l'entrée de Saint-Pierre. Il fait peu de doute qu'il ait réalisé à Padoue les fresques de la chapelle Scrovegni, achevées vers 1309. Des documents écrits attestent de sa présence à Florence de 1311 à 1314, puis en 1320, où il décora les chapelles de Santa Croce. Vers 1329, il partit pour Naples, où il devint membre d'honneur de la cour du roi Robert d'Anjou. Il demeura à Naples jusqu'en 1332-1333 et fut nommé en 1334 maître d'oeuvre des travaux et architecte du Dôme de Florence, dont il dirigea la construction jusqu'à sa mort. Le renouvellement de la peinture en Italie, que Vasari, en historien clairvoyant, a appelé "renaissance" s'est affirmé avec Giotto comme en poésie avec Dante.

« De nombreux auteurs prétendent que la paternité d'aucune des oeuvres de jeunesse de Giotto ne peut être prouvéepar comparaison avec celles dont l'authenticité est certaine ; ainsi la figure de Giotto serait fixée statiquement danssa maturité, sans transition, sans phases précédentes.

D'autres critiques ne se hasardent pas à recomposer l'oeuvrede Giotto en dehors des limites marquées par les fresques de la Vie de saint François dans le sanctuaire d'Assise.Mais, fidèle à la tradition qui fait de lui le rénovateur de la peinture, nous voulons retracer ses débuts d'aussi loinque nous pourrons reconnaître ses qualités fondamentales, en admettant que ces qualités aient évolué.

Nousretrouvons ainsi les débuts de Giotto précisément dans les fresques de l'Ancien et du Nouveau Testament, ausanctuaire d'Assise, où la manière des élèves de Cimabué change grâce à une personnalité nouvelle qui sedistinguait déjà non seulement par des signes extérieurs, mais par des caractères fondamentaux.

Il s'agit duBaptême, de la Déploration, de la Résurrection, de la Descente du Saint-Esprit, des histoires de Joseph le Juif, desBénédictions d'Isaac : fresques attribuées à des peintres de l'école romaine ou à un hypothétique "Maître d'Isaac".De l'une à l'autre de ces fresques, l'écart avec Cimabué augmente aussi bien dans la forme, de plus en plusplastique, que dans le fond de plus en plus dramatique.

Il s'y trouve toujours les caractères extérieurs de la manièrebyzantine mais utilisés de façon à donner de la force au relief, de l'évidence à la profondeur.

Puis, ce même peintredes Bénédictions d'Isaac, qui avait déjà ressenti l'influence du grand coloriste qu'était alors le Romain PietroCavallini, continua la décoration de la nef du sanctuaire franciscain avec la Vie de saint François. Ces fresques de la Vie de saint François constituèrent la pleine affirmation de la nouvelle peinture.

Vasari lesattribuait déjà à Giotto, et bien qu'actuellement de nombreux critiques les lui contestent, la preuve de cetteattribution se trouve non seulement dans leurs qualités intrinsèques c'est peut-être l'oeuvre où le génie de Giotto semanifeste avec le plus de vigueur, comme une force naissante mais aussi dans des données extérieures, commed'avoir servi de modèle au tableau des Stigmates de saint François (Paris, au Louvre) signé du nom de Giotto etprovenant certainement de son atelier. Giotto put y travailler au cours des dernières années du XIIIe siècle.

Il était déjà entouré d'élèves et recouraitsouvent à eux, mais seuls les trois derniers panneaux des vingt-huit histoires du saint semblent leur avoir étécomplètement confiés.

C'est l'oeuvre où il proclame son opposition à la manière byzantine, dont il conservecependant quelques traces, et où il manifeste sa propre manière de sentir avec une âpreté juvénile.

Le contrasteavec le passé n'existe pas seulement dans les formes picturales ; il se trouve encore dans un sens nouveau etpénétrant de la vie et de l'esprit.

La légende et la figure de saint François, que Cimabué avait emprisonnées dans lesvieux moules de l'ascétisme byzantin, furent évoquées par Giotto comme présentes aux sens, interprétées par l'âmede l'artiste qui imprima aux actes et à la personne du saint, tantôt sa propre force virile, comme dans les Stigmates,tantôt son émotion, comme dans le Sermon aux oiseaux. L'intermède entre les fresques d'Assise et celles de Padoue (environ 1305), qui n'a probablement duré que quelquesannées, dut être d'une intense activité puisque, à son terme, l'art de Giotto se montre sous un jour nouveau ; maisnous manquons de renseignements et d'oeuvres sur cette période.

Il est vraisemblable que Giotto a exécuté, àSaint-Pierre de Rome, pour le Jubilé de 1300, la mosaïque de la "Navicella" refaite ensuite au point de ne conserverque sa grandiose composition.

Il en reste deux anges admirables pour qui, en raison de nouveaux rapports avecPietro Cavallini, la manière de Giotto s'est adoucie, tempérant les contrastes de lumière et d'ombre, s'adonnant toutentière à la couleur.

Et c'est à ce même intermède que doivent appartenir le Crucifix de Santa Maria Novella et lagrande Vierge des Offices, à Florence, qui, par la finesse de ses couleurs, semble précéder de peu les fresques dePadoue. A Padoue, où Giotto vécut longtemps et à plusieurs reprises, il reste de lui les fresques de la chapelle fondée parEnrico Scrovegni en 1303 dans l'ancien amphithéâtre, et consacrée en 1305 : la chapelle de l'Arena que Giotto etses élèves décorèrent tout entière, dans l'unique nef, de trente-sept histoires de Marie et du Christ, du Jugementdernier sur le mur d'entrée, de figures de vices et de vertus en clair-obscur dans le socle feint de marbre.

Comme àAssise, ce qui domine dans les fresques de l'Arena, ce sont les impressions de profondeur et de relief, mais Giotto s'yest renouvelé : les âpretés et les contrastes picturaux d'Assise cèdent à des gradations de lumière et de couleur ;le relief ne perd pas sa consistance, mais il est obtenu d'une manière plus douce ; la lumière n'est plus superposéeaux corps mais elle s'identifie à la couleur.

Le rythme varié de la composition, le sentiment dramatique, l'intuitionpsychologique apparaissent plus qu'à Assise : à Padoue, Giotto, en harmonie avec ses nouvelles qualités picturales,a une plus vaste sphère d'émotions.

Lorsqu'il le faut, il anime le récit, comme dans le Baiser de Judas, mais toutautrement que ne l'aurait fait Giovanni Pisano ; en général, selon la nature qu'il a déjà révélée à Assise, il garde unton calme qui rend l'action dramatique plus grave et il est capable de saisir de subtiles nuances spirituelles, presqueimpondérables, comme dans le Noli me tangere ou dans le portrait d'Enrico Scrovegni, anxieux que l'offrande de lachapelle soit bien accueillie.

Pour la Pietà, il trouve des accents de douleur extrêmement variés, mais les résumetous dans le regard sans larmes de la Mère du Christ, dont il a caressé doucement le visage et les cheveux.

Et, demême que pour la couleur, il semble tout coordonner à une tonalité dominante qui varie de fresque à fresque ; ilarrive, dans l'ensemble de ses compositions, à cette unité dont le meilleur exemple est la Fuite en Egypte, ce chef-d'oeuvre incomparable de la peinture florentine par le rythme continu du mouvement auquel concourent même leslignes du paysage. C'est à la même période qu'appartiennent la partie antérieure du Crucifix à la facture si délicate, dans cette mêmechapelle d'Arena, et la Dormition de la Vierge (Musée de Berlin). Au cours des trente dernières Années de sa vie (environ 1305-1337), Giotto multiplie son activité, travaillant àNaples, à Florence, à Bologne, à Milan, peut-être à Avignon, et il s'occupe, en dernier lieu, de l'architecture et de la. »

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