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H.-F. Verbruggen

Publié le 26/02/2010

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La sculpture flamande du XVIIe siècle s'est donné pour tâche presque exclusive de meubler, de peupler, d'animer les espaces définis par les architectes baroques et par leurs précurseurs gothiques. Les églises qui s'élevaient de toute part et celles qu'on aménageait au goût du jour reçurent alors des revêtements de marbre et de bois, des autels géants, des statues d'apôtres adossées aux colonnes des nefs, des chaires à prêcher, des confessionnaux, des bancs de communion, etc., toute une surcharge ornementale et expressive qui fait admirablement corps avec les édifices, leur confère un étourdissant dynamisme et témoigne d'une prodigalité, d'une verve, d'une invention devant lesquelles les puristes seuls font la moue. L'art de Rubens et celui du Bernin sont à la source de cette plastique qu'on peut qualifier de picturale, qui intègre une forte dose de naturalisme, qui froisse et chiffonne les draperies, qui procure aux anatomies des tensions et des torsions par quoi les silhouettes se désarticulent, comme saisies d'une sorte d'ivresse, de frénésie, de folie. Les sculpteurs qui ont le mieux parlé ce dialecte : le "baroque flamand", ont brillé par l'audace et par la virtuosité plus que par le goût et par la mesure. Ils ont été de remarquables artisans, surtout dans le travail du bois, et de féconds décorateurs. Si l'on choisit Henri-François Verbruggen, de préférence à beaucoup d'autres, comme l'un des meilleurs représentants du style qu'il a pratiqué, c'est que dans l'école où il tient son rang et d'où l'on conviendra qu'aucun génie n'émerge, il fut, on l'a dit, "le décorateur par excellence", celui qui combine le plus heureusement l'ornement avec la figure et qui allie le pittoresque avec un sens de la grandeur, de la majesté convenable aux églises du XVIIe siècle et s'accordant à l'esprit même de la dévotion de ce temps.

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