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HEGEL: L'esthétique et le Beau

Publié le 25/04/2005

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L'esthétique a pour objet le vaste empire du beau... et pour employer l'expression qui convient le mieux à cette science, c'est la philosophie de l'art ou, plus précisément, la philosophie des beaux-arts. Mais cette définition, qui exclut de la science du beau le beau dans la nature, pour ne considérer que le beau dans l'art, ne peut-elle paraître arbitraire ? [...] Dans la vie courante, on a coutume, il est vrai, de parler de belles couleurs, d'un beau ciel, d'un beau torrent, et encore de belles fleurs, de beaux animaux et même de beaux hommes. Nous ne voulons pas ici nous embarquer dans la question de savoir dans quelle mesure la qualité de beauté peut être attribuée légitimement à de tels objets et si, en général, le beau naturel peut être mis en parallèle avec le beau artistique. Mais il est permis de soutenir dès maintenant que le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature. Car la beauté artistique est la beauté née et comme deux fois née de l'esprit. Or, autant l'esprit et ses créations sont plus élevés que la nature et ses manifestations, autant le beau artistique est lui aussi plus élevé que la beauté de la nature. HEGEL

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« artistique exprime donc cette capacité purement humaine d'échapper à la nécessité de la productionnaturelle, capacité qui est celle d'un véritable pouvoir de création.Cette interprétation résolument moderne du sens de l'art permet de comprendre pourquoi Hegel refuse deréduire le travail de l'artiste à une imitation des beautés de la nature.

En effet, si l'art n'avait pour but qued'imiter la nature, il serait lui-même soumis à la nécessité qui anime la production des formes naturelles, àtravers la reproduction de leur apparence.

En dernier lieu, c'est donc la supériorité de la liberté sur lanécessité qui justifie la thèse selon laquelle la beauté artistique est supérieure à la beauté naturelle. Ce à quoi s'oppose cet extrait: Ce texte de Hegel s'oppose à toute une tradition qui remonte à la pensée grecque de l'Antiquité et quivoyait dans les beautés naturelles le modèle supérieur de l'art.Cette supériorité, nous affirmait déjà Platon dans La République, provient du fait qu'un modèle est toujourssupérieur à sa copie, du seul fait qu'il est le modèle.

Le modèle est en effet supérieur car il est plus réel quela copie, laquelle n'est qu'un « simulacre », pâle imitation faite avec des moyens qui nous donnent l'illusionde la ressemblance.

Ainsi, entre la beauté d'un coucher de soleil et la beauté d'un tableau représentant cemême coucher de soleil, la copie (le tableau) est inférieure au modèle.Elle n'est, en effet, qu'un ensemble de couches et de taches de peinture, qui, sous un certain angle deperspective et degré d'éloignement nous donne l'illusion du coucher de soleil.

Or l'art, selon Platon, a pourbut d'imiter la nature.

Les beautés artistiques sont donc pour lui inférieures aux beautés naturelles car ellessont illusoires et ne consistent qu'en de simples trompe-l'oeil, sans jamais pouvoir rivaliser avec la complexitédu modèle.En outre, pour les Grecs de l'Antiquité, la nature déploie ses formes selon des principes internes d'harmonieet de finalité sur lesquels Aristote a insisté en parlant des « merveilles » de la Nature.

Ces principes, lesartiste grecs ne faisaient que les copier à la nature, seule véritable maîtresse en beauté.

Ainsi, quand lesculpteur grec Phidias élaborait la juste proportion de ses statues, il ne faisait que copier les règles propresà la beauté des réalités naturelles et cette imitation rendait l'art inférieur à la nature.

La supériorité du beau artistique sur le beau naturel Le beau créé par l'art est au-dessus du beau produit par la nature, dans la mesure où il est l'oeuvre de l'esprit etque « tout ce qui vient de l'esprit est supérieur à la nature ».

Le beau naturel n'existe que par et pour l'esprithumain qui le contemple : si un objet naturel suscite notre admiration, c'est parce que notre esprit y saisit sonpropre reflet.

Le beau artistique est le résultat du travail de médiation par lequel l'esprit prend conscience de lui-même en s'extériorisant dans ses oeuvres : il a donc plus de réalité que le beau naturel, qui est une simple donnéeimmédiate n'ayant pas conscience d'elle-même. L'art n'a pas pour but d'imiter la Nature Contre la tradition issue de la Poétique d'Aristote et le sens commun, Hegel rejette la thèse selon laquelle l'art auraitpour but l'imitation (mimésis) de la Nature.

L'art ne consiste pas à reproduire habilement la réalité, à recopierfidèlement un modèle naturel préexistant : il représente non pas des objets extérieurs produits par la Nature, mais,des objets intérieurs, les idées, produites par la pensée.

L'art n'est donc pas le miroir du monde naturel mais lereflet de l'esprit. L'art n'est pas une illusion La métaphysique platonicienne, qui oppose l'apparence sensible et la réalité intelligible, dévalorise l'art : imitationd'un objet sensible qui n'est lui-même qu'une copie dégradée de l'Idée, celui-ci n'est que l'apparence d'uneapparence et empêche l'accès à la vraie réalité.

Hegel va renverser cette critique en montrant que l'apparencecréée par l'art ne saurait se réduire à une illusion trompeuse : elle est nécessaire à l'essence, qui, pour être, doitapparaître.

Loin d'occulter la vérité, l'oeuvre d'art la déploie et la révèle sous une forme sensible. « L'art avec sa plus haute destination est quelque chose du passé » Mais l'esprit ne peut se réaliser et se reconnaître pleinement dans ces manifestations sensibles et finies de lui-mêmeque sont les oeuvres d'art : l'Absolu doit se manifester dans les formes culturelles plus hautes, car émancipées dusensible, que sont la religion et la philosophie.

Au moment où la philosophie ressaisit la vérité de l'art, l'espritparvenu à la pleine conscience de soi n'a plus besoin d'images sensibles pour se représenter à lui-même : l'art est. »

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