Devoir de Philosophie

Henry Hudson

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

La carrière d'Henry Hudson fut courte et brillante. Elle se rattache aux efforts que faisaient les Anglais et les Hollandais pour ouvrir par le nord de l'Europe occidentale vers le Japon, la Chine et les Indes, une route susceptible de compenser la supériorité des pays ibériques. En déjà, Robert Thorne avait pressé Henri VIII d'organiser dans cette direction une expédition maritime. Quatre-vingts années plus tard, Henry Hudson, qu'il agît pour le compte des Anglais ou des Hollandais, put bénéficier des connaissances que de nombreux et intrépides explorateurs européens avaient réunies sur les terres et les mers arctiques. On ne sait rien de ce Londonien avant son premier voyage de 1607, sauf qu'il était un pilote expérimenté dont la femme et les trois fils habitaient près de la Tour. Le facteur qui devait assurer à ses entreprises le stimulant et l'appui financier nécessaires avait été résumé par Hakluyt : "Notre plus grand désir étant de nous procurer un important débouché pour nos draps, produit naturel de notre royaume, les régions les plus indiquées... sont les nombreuses îles du Japon, le nord de la Chine et le pays des Tartares qui leur fait suite." Les entreprises d'Hudson procèdent donc à la fois des connaissances accu-mulées par ses prédécesseurs et d'aspirations d'ordre spéculatif. Sa réputation n'est pas le fait de son originalité, car la plupart de ses "découvertes" avaient été faites avant lui. Elle est due à la ténacité qui le poussa à remonter le cours de l'Hudson et à pénétrer par le détroit du même nom jusqu'au fond de la baie d'Hudson. Il paya son Oeuvre de sa vie. Il semble évident qu'au XVe siècle, les marchands et navigateurs de Bristol, grâce à leurs relations commerciales avec l'Islande, possédaient une certaine connaissance de la colonisation du Groenland et de l'Amérique du Nord par les marins scandinaves des Xe et XIe siècles. Ces navigateurs et marchands de Bristol supposaient au début que le pays situé au-delà du Groenland était l'Asie. Ils se rendaient bien compte que, dans les latitudes septentrionales, les distances autour du globe se réduisaient. Jean Cabot "découvrit" pour eux en 1497 le continent transatlantique par la route du nord. Mais ce n'était évidemment pas l'Asie et, au cours des cinquante années qui suivirent, des tentatives répétées ne purent révéler l'existence d'un passage à travers ce continent. Les Cabot et les Portugais semblent être entrés dans le détroit d'Hudson, comme paraissaient l'indiquer vers 1550, des cartes portugaises. Cependant, rien n'avait été fait pour tirer parti de ces découvertes. De même, Verazzano en 1524 et Gomez en 1525 avaient découvert l'embouchure de l'Hudson sans pénétrer dans l'intérieur. Entre 1535 et 1542 enfin, Cartier et Roberval avaient été arrêtés par les rapides du Saint-Laurent, au confluent de l'Ottawa.

« d'équipage et son jeune fils.

Prenant légèrement au nord-ouest, par les îles Shetland, l'expédition passa au nord desîles Féroé et de l'Islande, et atteignit, le 13 juin, la côte orientale du Groenland vers le 70e degré de latitude.Hudson longea ces rives froides et inhospitalières, puis, dévié par les glaces, il arriva en vue du Spitzberg le 27 juin.Il passa presque un mois à l'ouest du Spitzberg, découvrit les possibilités que cette zone offrait pour la pêche à labaleine et au morse, mais le brouillard, les tempêtes et la glace l'empêchèrent de pousser plus loin vers le nord ouvers l'ouest.

L'expédition rebroussa chemin le 1er août, passa en vue de Bear Island, découverte en 1596 parBarents en même temps que le Spitzberg, et signala pour la première fois une île à laquelle Hudson donna le nom de"Hudson's Touches" et que les Hollandais rebaptisèrent plus tard île Jan-Mayen.

L'expédition regagna la Tamise à lami-septembre.

Hudson avait pu se convaincre qu'il n'existait pas de route vers l'Asie au delà de la côte est duGroenland.

En outre, il avait donné leur première impulsion aux pêcheries du Spitzberg.

"Ce qu'il y a de plus précieuxaprès le pain, c'est l'huile", devait écrire deux siècles plus tard Thomas Jefferson. Sans se décourager, la Compagnie de Russie confia à Hudson, l'année suivante, une nouvelle expédition qu'ilentreprit avec le même navire, mais avec un équipage de seize hommes presque complètement renouvelé.

L'objectif,cette fois, était de faire voile vers le nord de l'Asie en passant entre le Spitzberg et la Nouvelle-Zemble ou, si celan'était pas possible, de trouver une voie par la Nouvelle-Zemble vers la mer de Kara et les eaux libres de glace quel'on supposait s'étendre au-delà.

Ils naviguèrent donc en direction du nord et de l'est du 22 avril au 18 juin 1609.

Laglace les contraignit alors à virer au sud-est vers l'extrémité méridionale de la Nouvelle-Zemble.

Après dix joursd'exploration inutile, Hudson reprit la direction de l'ouest sans essayer de pénétrer dans la mer de Kara.

Il sembleavoir eu le dessein de découvrir un passage du nord-ouest près du "grand déferlement" de Davis, mais ses hommess'y opposèrent, peut-être sous l'influence de son second Robert Juet, qui devait être son mauvais génie.

Ce furentdésormais les Hollandais qui tentèrent de s'assurer les services du malheureux navigateur.

Leur Compagnie desIndes, fondée en 1602, partageait le désir de la compagnie anglaise du même nom de trouver et de monopoliser uneroute septentrionale, et Hudson avait la réputation d'avoir poussé plus loin qu'aucun autre dans les mers du nord.Cependant, les directeurs de la compagnie optèrent pour le nord-est, alors que Hudson croyait à la nécessitéd'orienter les efforts vers le nord-ouest, soit vers l'isthme étroit que Verazzano avait décrit comme unissant l'océanAtlantique et le Pacifique à proximité de la baie Chesapeake ou de la baie de la Delaware, et que le capitaine JohnSmith situait à 400 de latitude environ, soit vers le "grand déferlement" de Davis.

En conséquence, lorsque Hudsons'embarqua sur le Halve Maan avec un équipage mi-anglais, mi-hollandais, il avait l'ordre de gagner l'Asie par le nordde la Nouvelle-Zemble.

Mais, parvenu à proximité du cap Nord, il céda à l'esprit de mutinerie qui se manifestait parmises hommes - Juet était de nouveau son second - et il leur offrit le choix entre les deux objectifs signalés plus haut.L'équipage opta naturellement pour le premier, et le petit vaisseau, naviguant rapidement à travers l'Atlantique Nord,atteignit les bancs de Terre-Neuve au début de juillet.

L'expédition suivit la côte jusqu'à proximité du cap Hatteras,explora les baies Chesapeake et Delaware, ainsi que les bancs de sable de Jersey, et arriva le 2 septembre àl'embouchure de l'Hudson. La présence d'un fjord océanique à cent cinquante milles environ du cours inférieur du fleuve, la faible hauteur desterres qui séparent son cours supérieur du Saint-Laurent et des lacs Érié et Ontario expliquent l'importance de laposition que le navigateur venait d'atteindre.

L'Hudson représentait la seule voie d'accès facile à travers le systèmeappalachien.

C'est aujourd'hui la raison du rôle économique de premier plan du port de New York.

Favorisé par untemps d'automne agréable, Hudson remonta jusqu'à la limite des eaux de marée près de la ville actuelle d'Albany.Une partie de l'équipage poussa un peu plus loin, et put constater qu'on était en présence d'un fleuve et non d'unpassage maritime vers le Pacifique.

La contrée était fertile, attrayante, habitée par des Indiens bien disposés enversles explorateurs, désirant faire du commerce.

Aussi des marchands hollandais s'y rendirent-ils l'année suivante,fondant ainsi la colonie de la Nouvelle Hollande qui devait être conquise, en 1664, par les Anglais. Ni Hudson ni la Compagnie des Indes n'attachèrent une grande valeur à cette découverte.

Cependant, un groupeinfluent de courtiers anglais, de géographes et de marchands se constitua en un puissant syndicat et envoyaHudson, en avril 1610, sur le Discovery, avec mission de découvrir un passage vers l'océan Pacifique (mer du Sud)par l'une des échancrures que Davis avait signalées sans oser y pénétrer. En faisant cette dernière tentative, Hudson agit avec une ténacité remarquable.

L'équipage, où figurait toujoursRobert Juet, créa de telles difficultés que le vaisseau entra le 25 juin seulement dans le détroit d'Hudson.

La saisonn'était cependant pas encore assez avancée : deux à trois semaines eussent été nécessaires pour que les glaces etle brouillard offrissent des conditions favorables.

Hudson dut lutter contre la résistance ouverte de ses hommes dèsque commença le long et dangereux passage qu'il fallut effectuer pour atteindre, le 3 août, la baie d'Hudson.

Ildescendit hardiment la côte est de la baie, mais ce ne fut que pour voir s'évanouir tous ses espoirs dans le cul-de-sac de James Bay. Là, Hudson jugea publiquement Robert Juet.

Il le destitua de ses fonctions et le remplaça par Bylot ; puis il installases quartiers d'hiver dans la Rupert's Bay.

Pendant cette oisiveté forcée, les provisions s'épuisèrent rapidement.Hudson et ses compagnons commencèrent à se soupçonner mutuellement de cacher des vivres.

Le 12 juin 1611,douze jours après avoir repris leur voyage, Bylot était à son tour destitué de son grade de second et, commeHudson persistait à vouloir continuer l'exploration, la mutinera éclata.

Hudson, son fils John et sept autres furentjetés dans une chaloupe où ils périrent.

Après de terribles vicissitudes, les survivants de l'équipage, au nombre dehuit, atteignirent l'Islande en septembre dans le Discovery.

Les nouvelles qu'ils apportaient semblaient promettre àl'Angleterre un passage du Nord-Ouest.

Malgré de grands efforts, cet objectif ne devait pas être atteint.

Bientôtcependant, la voie empruntée par Henry Hudson devait permettre à l'Angleterre d'édifier, sur les rives de la "Baie duNord", son vaste empire de la fourrure.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles