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Héritage de mots, héritage d'idées ?

Publié le 29/07/2005

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Est-ce que les mots sont nécessairement liés à la pensée ou peuvent-ils s'en libérer ? Est-ce que la pensée peut se passer de langage ? Nous sommes face à deux difficultés : les mots comme signes portent en eux une signification et sont de ce fait essentiellement liés à une pensée, comment les considérer détachés de toute signification ? La deuxième difficulté concerne la pensée elle-même qui sans les mots se trouvent dépourvue d'intermédiaires, de médiateurs, lui permettant de s'exprimer.   Première pensée : Le langage est la condition de possibilité de la communication de la pensée.   1.1 L'homme comme animal politique a besoin de communiquer et le langage est le moyen d'exprimer sa pensée. « L'homme est un animal politique plus que n'importe quelle abeille et n'importe quel animal grégaire. Car, comme nous le disons, la nature ne fait rien en vain ; or seul parmi les animaux l'homme a un langage. Certes la voix est le signe du douloureux et de l'agréable, aussi la rencontre-t-on chez les animaux ; leur nature, en effet, est parvenue jusqu'au point d'éprouver la sensation du douloureux et de l'agréable et de se les signifier mutuellement.

L'homme naît dans un contexte particulier, sa langue maternelle n'est pas quelque chose qu'il choisit mais elle s'impose à lui, elle lui est transmise par ses proches. Il ne crée pas les mots qu'il utilise mais les apprend et s'en sert afin de s'exprimer, de dire ce qu'il pense, ce qu'il ressent, et afin de communiquer avec les autres. Les mots sont difficilement dissociables des idées en tant qu'ils sont le moyen par lequel ces idées sont exprimées, communiquées. Les mots sont les signes des idées. Les pensées ont besoin pour être partagées d'être traduites en quelque sorte par la parole qui est leur médiateur. Les mots étant inhérents à des idées, la langue dont on hérite, qui nous est transmise apporte-t-elle avec elle des idées, des pensées, particulières à une époque dont nous serions les héritiers ? Est-ce que la transmission de mots suppose la transmission d'idées ? Le risque étant une soumission aux idées dont on hérite. Or le langage n'est pas figé tout comme la pensée. Les mots dont nous disposons évoluent avec le temps, de même que les idées propres à une époque sont dépassées à l'époque suivante. Mais quel est le moteur de cette évolution le langage ou la pensée ? Est-ce la pensée qui évoluant modifie le langage ? Ou est-ce que le langage lui-même peut influencer la pensée ? La question porte donc sur la nature du rapport entre les mots, le langage, et les idées, la pensée. Est-ce que les mots sont nécessairement liés à la pensée ou peuvent-ils s'en libérer ? Est-ce que la pensée peut se passer de langage ? Nous sommes face à deux difficultés : les mots comme signes portent en eux une signification et sont de ce fait essentiellement liés à une pensée, comment les considérer détachés de toute signification ? La deuxième difficulté concerne la pensée elle-même qui sans les mots se trouvent dépourvue d'intermédiaires, de médiateurs, lui permettant de s'exprimer.

 

« « Enfin, pour tout dire, nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles.

Cette tendance, issue du besoin, s'est encore accentuée sous l'influence dulangage.

Car les mots (à l'exception des noms propres) désignent des genres [...] nos propres états d'âme sedérobent à nous dans ce qu'ils ont d'intime, de personnel, d'originalement vécu [...] nous n'apercevons de notreétat d'âme que son déploiement extérieur.

Nous ne saisissons de nos sentiments que leur aspect impersonnel, celuique le langage a pu noter une fois pour toutes parce qu'il est à peu près le même, dans les mêmes conditions pourtous les hommes.

Ainsi jusque dans notre propre individu, l'individualité nous échappe.

» BERGSON, Le rire. Transition : si les mots ne sont pas toujours des témoins fidèles de nos pensées et de nos idées il n'en reste pas moins qu'il semble difficile d'envisager une dissociation entre le langage et la pensée ils n'ont de sens que l'unpar rapport à l'autre. Troisième partie : La relation entre la pensée et le langage est essentielle. 3.1 La parole s'origine dans la pensée. « Si on apprend à une pie à dire bonjour à sa maîtresse, lorsqu'elle la voit arriver, ce ne peut être qu'en faisant que la prolation de cette parole devienne le mouvement de quelqu'une de ses passions ; à savoir, ce sera unmouvement de l'espérance qu'elle a de manger, si l'on a toujours accoutumé de lui donner quelque friandise,lorsqu'elle l'a dit ; et ainsi toutes les choses qu'on fait faire aux chiens, aux chevaux et aux singes, ne sont que desmouvements de leur crainte, de leur espérance, ou de leur joie, en sorte qu'ils les peuvent faire sans aucunepensée.

Or il est, ce me semble, fort remarquable que la parole, étant ainsi définie, ne convient qu'à l'homme seul[...] Ce qui me semble un très fort argument pour prouver que ce qui fait que les bêtes ne parlent point commenous, est qu'elles n'ont aucune pensée, et non point que les organes leur manquent.

» DESCARTES, Lettre au Marquis de Newcastle, 23 novembre 1646. 3.2 Le langage n'est pas seulement héritage il est aussi création. « Les cartésiens essayaient de montrer que même si on affine, on clarifie et on pousse à la limite la théorie des corps, elle reste encore incapable de rendre compte de faits évidents à l'introspection et qui nous apparaissentégalement lorsque nous observons les actions des autres.

En particulier, elle ne peut rendre compte de l'emploinormal du langage humain, de même qu'elle ne peut expliquer les propriétés fondamentales de la pensée.

Il devientpar conséquent nécessaire d'invoquer un principe entièrement nouveau, en termes cartésiens de postuler uneseconde substance dont l'essence est la pensée, accolée au corps, avec ses propriétés essentielles d'étendue et demouvement.

Ce principe nouveau a un « aspect créateur » qui est clairement mis en évidence dans ce que nouspouvons désigner comme « l'aspect créateur de l'utilisation du langage », la faculté spécifiquement humained'exprimer des pensées nouvelles et de comprendre des expressions de pensées nouvelles dans le cadre d'un« langage institué », produit culturel soumis à des lois et à des principes qui lui sont en partie propres et quireflètent en partie des propriétés générales de la pensée.

» CHOMSKY, Le langage et la pensée. CONCLUSION Les mots étant les signes des idées, le langage est indissociable de la pensée.

Mais cela ne signifie pas que tout ce que l'on conçoit soit dicible, des pensées résistent à la traduction.

Cette limitation de la puissance dulangage n'est pas une insuffisance en tant que tout n'est pas bon à dire et que des pensées doivent restersecrètes, la singularité ne trouvant pas par les mots un moyen d'expression adéquat.

Le langage comme la penséene sont pas figés et si nous héritons d'une langue nous héritons aussi de la possibilité de la modifier, de latransformer de même que notre pensée évolue et s'enrichit, elle n'est pas réfractaire à la nouveauté.. »

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