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Hobbes, Le Léviathan, chapitre II

Publié le 11/04/2012

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 Je mets au premier rang, à titre d'inclination générale de toute l'humanité, un désir perpétuel et sans trêve d'acquérir pouvoir après pouvoir, désir qui ne cesse qu'à la mort. La cause n'en est pas toujours qu'on espère un plaisir plus intense que celui qu'on a déjà réussi à atteindre, ou qu'on ne peut pas se contenter d'un pouvoir modéré : mais plutôt qu'on ne peut pas rendre sûrs, sinon en en acquérant davantage, le pouvoir et les moyens dont dépend le bien-être qu'on possède présentement. De là vient que les rois, dont le pouvoir est le plus grand de tous, tournent leurs efforts vers le soin de le rendre sûr, à l'intérieur du pays par des lois, à l'extérieur par des guerres. Et quand cela est fait, un nouveau désir vient prendre la place : désir, chez quelques-uns, de la gloire de conquêtes nouveUes; chez d'autres, de commodités et de plaisirs sensuels; chez d'autres enfin, d'être admirés ou loués par des flatteurs, pour leur maltrise en quelque art, ou pour quelque autre talent de l'esprit.

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« Développement thématique • Caractère distinctif et prépondérant de l'homme : un désir de pouvoir, énoncé comme donnée naturelle.

• Explication de cette donnée et de ce qui la fonde (rejet d'une motivation positive; recherche d'une stabilité conservatrice).

La durée d'un pouvoir se mesure à l'ampleur des moyens qui l'assurent.

• Illustration :cette thèse rend compte du comportement des rois (thème de la double reconnaissance, interne par les lois et externe par les guerres; triple aspect de l'accroissement des moyens de pouvoir : conquêtes, richesse, ascendant psychologique ).

Problématique Le statut du pouvoir Le pouvoir semble pensé aussi bien pour chaque individu qu'au niveau des gouvernants.

Pour chaque individu, le désir de sécurité entraîne une sorte de méfiance préventive (cf le thème cher à Hobbes de la «guerre de tous contre tous »).

Pour les gouvernants, la préservation d'un pouvoir établi implique une logique de la répression (lois) et de la conquête (guerre ).

Comment dès lors représenter le fonctionnement du corps politique et le statut correspondant du pouvoir? Une telle question prend un sens aigu si l 'on considère l'impasse que constitue la neutralisation mutuelle des désirs de puissance individuels (inefficacité d'un climat de défiance généralisée qui, virtuellement, implique une «g uerre de tous contre tous»).

Les tenants de l'a utoritarisme préconisent ici une soumission inconditionnelle à un pouvoir qui, par son absolue supériorité, pourrait préserver la paix civile en maintenant une relative stabilité des positions acquises.

La fonction du pouvoir Tout ce qui précède appelle en fait une réflexion critique sur le pro­ blème de la fonction du pouvoir.

• Celui-ci est-il une simple sanction d'un rapport de forces qui lui préexiste, et qu'il a pour but de maintenir le plus longtemps possible? Mais une telle conception permet-elle de rendre compte de la dynamique sociale? Tout rapport de forces, par définition, peut être modifié ou renversé.

• La fonction du pouvoir, installé dans la précarité d'un rapport de forces provisoire, n'implique-t-elle pas dès lors une sorte de« fuite en avant», de course infernale pour prévenir toute remise en question d' un ordre donné? La thèse de Hobbes s'appliquerait assez bien, de ce point de vue, au com­ portement éperdu des dictateurs isolés, qui systématisent une répression aveugle pour tenter de préserver leur pouvoir (cf le Chili de Pinochet ).

Les limites du texte (éclairage différentiel) Le pouvoir peut-il être traité indépendamment de ses enjeux sociaux précis? Une paix civile fondée sur la dissuasion répressive ne réduit pas les. »

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