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HOBBES: Le propre de l'homme est d'être raisonnable.

Publié le 04/04/2005

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Les enfants ne sont doués d'aucune raison avant d'avoir acquis l'usage de la parole ; mais on les appelle des créatures raisonnables à cause de la possibilité qui apparaît chez eux d'avoir l'usage de la raison dans l'avenir. Et la plupart des hommes, encore qu'ils aient assez d'usage du raisonnement pour faire quelques pas dans ce domaine (pour ce qui est, par exemple, de manier les nombres jusqu'à un certain point), n'en font guère d'usage dans la vie courante : dans celle-ci, en effet, ils se gouvernent, les uns mieux, les autres plus mal, selon la différence de leurs expériences, la promptitude de leur mémoire, et la façon dont ils sont inclinés vers des buts différents ; mais surtout selon leur bonne ou mauvaise fortune, et les uns d'après les erreurs des autres. Car pour ce qui est de la science, et de règles de conduite certaines, ils en sont éloignés au point de ne pas savoir ce que c'est. HOBBES

HTML clipboard"Pour ce qui est de la science, et de règles de conduites certaines, [les hommes] en sont éloignés au point de ne pas savoir ce que c'est".  Hobbes reprend un thème traditionnel de la philosophie : le propre de l'homme est d'être raisonnable. Mais il insiste sur la distinction à opérer entre la faculté de raisonner et l'usage effectif de la raison. Ce n'est pas parce que l'on est capable de raisonner que l'on se sert de cette faculté dans les faits.  

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« Nous avons ainsi élucidé suffisamment cette possibilité d'une faculté à venir. b) "dans celle-ci [...] des autres". On comprend que l'enfant, ne pouvant pas parler (limitation biologique), ne peut pas raisonner : pour raisonner, eneffet, il faut mettre en forme ses pensées grâce au langage.

Mais comment expliquer que des hommes adultes, desêtres parlants donc, puissent ne pas user de leur raison ?Soyons attentifs au texte : Hobbes reconnaît un usage du raisonnement dans le maniement des nombres.

Hobbesoppose donc l'arithmétique et la vie courante.

Pour expliquer cette opposition, on peut songer à la vieille oppositionplatonicienne entre le sensible et l'intelligible : les hommes usent de leur raison dans les domaines abstraits où ilssont sans repères et sans passions (du moins la plupart des hommes).

Mais s'agissant de la vie courante, ils sontaveuglés par leurs passions ("inclinés") et ils se reposent sur des impressions corporelles ("expériences", "mémoires").Se réglant sur le corps, ils n'usent pas de leur esprit alors qu'ils le pourraient.

Enfin l'usage de la raison suppose uneffort de questionnement et de mise en forme, que n'ont pas l'énergie et le courage de fournir la plupart deshommes (par opposition à l'homme de réflexion).

Hobbes met donc l'accent sur la passivité humaine : ils pourraientraisonner, mais ils sont ballottés au gré des évènements ("fortune"), leurs idées viennent de leurs expériences plusque d'un effort de réflexion.

Ils en viennent à répéter les erreurs des autres plutôt qu'à penser par eux-mêmes : celasonne comme une condamnation sans appel de Hobbes concernant la passivité humaine. III - Quels peuvent être les usages de la raison dans la vie courante ? Comment user de la raison dans des situations concrètes ?Les hommes, empêtrés dans le sensible et leurs passions, sont éloignés de toute certitude.

Ainsi le premier usage dela raison dans la vie courante doit être de lever son esprit des choses terrestres vers les idées (vieux thèmeplatonicien) et de discipliner ses passions (thème stoïcien et cartésien).

Il faut cultiver le désir de l'intelligible et lesens de la réflexion : il s'agit d'une éthique, présente à chaque instant de la vie quotidienne.De plus, pour le savoir, il faut appuyer ses raisonnements non sur ce que l'on voit ou sur ce que l'on sent, mais surdes principes rationnels.

La science expérimentale nous en fournit un bon exemple : une expérimentation n'est valideque si elle obéit à un protocole rationnel.

Ce que l'on voit spontanément est souvent trompeur (cf.

lever, coucherdu soleil).Enfin, la technique moderne nous montre que l'on peut agir sur la matière, non pas en répétant des procédésinventés par d'autres mais en inventant de nouveaux procédés rationnels, grâce au langage et au dessin : le plan del'architecte en est un bon exemple. IV - Les fausses pistes : Il fallait bien distinguer faculté de raisonner et usage de la raison, ainsi que l'importance du langage dans leraisonnement. V - Le point de vue du correcteur : Texte difficile, qui fait appel à une solide culture (référence à Platon).

HOBBES (Thomas).

Né à Malmesbury en 1588, mort à Hardwick en 1679. Il fit ses études à Oxford et devint précepteur du jeune comte de Devonshire qui, plus tard, devait lui confier aussil'éducation de son propre fils.

Il fit deux longs voyages en Europe, vécut à Paris de 1640 à 1651, y fréquenta le P.Mersenne, puis rentra en Angleterre.

La Chambre des Communes exigea qu'il ne publiât plus aucun livre, après avoirvivement attaqué Léviathan en 1667.

La fin de la vie de Hobbes fut occupée par des controverses avec lesmathématiciens.

— L'oeuvre de Hobbes est une théorie et une apologie fort logiques du despotisme.

Toutes lessubstances sont corporelles et la vie est mouvement.

Le désir, fondement du monde animal, est égoïste et guidé parl'intérêt.

Il n'y a ni amour ni accord possible entre les hommes ; ceux-ci sont naturellement insociables et méchants.L'état de nature, c'est la guerre de tous contre tous.

Mai les hommes, qui considèrent que la paix est le plus granddes biens, confèrent tous leurs droits à un seul souverain.

Ils remplacent l'ordre mécaniste naturel par un ordremécaniste artificiel, qui leur convient mieux : c'est l'État.

Le salut de l'État s'identifie avec le salut du souverain.

Lasouveraineté absolue d'un seul homme crée un déséquilibre qui assure la stabilité.

Le souverain établit les lois etdéfinit la justice, se plaçant ainsi au-dessus d'elles.

Le bien et le mal dépendent de ses décisions ; la vraie religionest celle qu'il autorise.

Ainsi, les hommes sont libres et heureux, puisqu'ils peuvent agir à leur gré dans le cadre deslois.

Le souverain absolu n'est pas un tyran arbitraire le tyran est l'esclave de ses passions, alors que le souverain. »

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