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Hume, Enquête sur les principes de la morale

Publié le 27/02/2008

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hume
La validité des règles de justice, telles qu'elles prévalent entre les individus, n'est pas entièrement suspendue entre les sociétés politiques. Tous les princes se targuent de prendre en considération les droits des autres princes, et certains, cela ne fait pas de doute, sans hypocrisie. Des alliances et des traités sont conclus tous les jours entre Etats indépendants, et ils ne seraient qu'autant de parchemin gaspillé, si l'on ne constatait, à l'expérience, qu'ils ont quelque influence et autorité. Mais ici réside la différence entre les royaumes et les individus. La nature humaine ne peut en aucune façon subsister sans l'association des individus, et cette association ne pourrait exister si l'on ne respectait pas les lois d'équité et de justice. Désordre, confusion, la guerre de tous contre tous, sont les nécessaires conséquences d'une telle conduite licencieuse. Mais les nations peuvent subsister sans relations. Elles peuvent même subsister, dans une certaine mesure, dans une guerre générale. L'observance de la justice, bien qu'utile entre elles, n'est pas garantie par une nécessité si forte qu'entre les individus, et l'obligation morale est en proportion de l'utilité. Tous les politiques admettent, ainsi que la plupart des philosophes, que des raisons d'État peuvent, en cas d'urgences particulières, dispenser de suivre les règles de justice, et invalider tout traité ou alliance, si les respecter strictement était considérablement préjudiciable à l'une ou l'autre des parties contractantes. Mais rien de moins que la plus extrême nécessité, reconnaît-on, ne peut justifier que les individus violent une promesse, ou envahissent les propriétés des autres. Hume, Enquête sur les principes de la morale

 

I. « La validité des règles de justice ... ils ont quelque influence et autorité «.

Les normes de justice ne s'appliquent pas seulement aux relations entre individus, elles s'appliquent aussi aux relations entre États.

II. « Mais ici réside la différence . dans une certaine mesure, dans une guerre générale «.

Mais il y a une différence entre les relations entre États et les relations entre individus. Les individus ne peuvent survivre sans relations entre eux. Les États peuvent survivre sans relations entre eux.

III. « L'observance de la justice ... ou envahissent les propriétés des autres. «.

 

hume

« Il rejoint ainsi la conception de Kant : les hommes se rendent compte qu'ils ne peuvent vivre sans les autres, maisen même temps, chacun fait souvent ce qui déplaît à l'autre.Si aucune loi, aucune moralité n'existait, la société humaine ne pourrait exister.

Aucune organisation ne seraitpossible, chacun ferait ce dont il aurait envie et nous finirions comme dans l'état de nature que décrit Hobbes, dans une "guerre de tous contre tous".A l'inverse, les états selon Hume, n'ont pas besoin de l'autre pour exister.

Chacun peut très bien vivre en autarcie,sans avoir aucune relation avec ses voisins.

Le philosophe admet même qu'ils peuvent survivre "dans une guerregénérale".

"L'obligation morale est en proportion de l'utilité"Hume ici donne en fait, une définition de la morale très controversée.

Il fonde en effet, tout devoir moral, toutcomportement équitable sur la nécessité et l'utilité.

Plus j'ai besoin de mon voisin et mieux je le traiterais.

Lesnations, comme elles n'ont pas une grande nécessité à avoir des relations, n'en ont pas non plus à se comportermoralement et à respecter les autres pays.Ainsi, les princes peuvent tous affirmer sincèrement respecter les autres princes, dès que leur utilité personnelle nese trouvera pas dans le respect de ceux-ci, ils changeront de position.On retrouve ici une position de Machiavel.Pourtant, il faut bien voir que cela détruit la notion même de moral.

La morale se doit d'être désintéressée,Schopenhauer affirme ainsi que tout acte accomplit dans un but personnel, par peur ou par espoir de quelquesfaveurs, ne peut être moral.

Il n'est pas le seul à penser cela.Hume, lui, ne voit que l'intérêt comme base de la moralité.

Les règles de justice qui régissent les relations entre individus, valent aussi pour les nations, mais sontplus facilement dépassées, parce que moins nécessairesC'est pourquoi Hume peut dire que si la moralité, et les principes de conduite entre les états, sont en faitrelativement identiques à ceux des individus ("La validité des règles de justice, telles qu'elles prévalent entre lesindividus, n'est pas entièrement suspendue entre les sociétés politiques"), ils n'ont pas la force de la justice àl'intérieur de la société.Puisqu'il n'est pas très utile aux nations de s'entendre, il sera d'autant moins choquant si un prince ne respecte passes engagements, sa promesse, quand ceux-ci ne sont pas à son avantage, ou lui causent du tort.

La justicesemble être très lâche dans ses relations inter-nations.Et pourtant, celle qui prévaut entre les individus, est très sévère : elle ne peut être rompue qu'en cas d' "extrêmenécessité." Ainsi, Nietzsche dira plus tard, qu'il est reconnu qu'en cas de légitime défense, l'action nuisible ne serapas condamnable moralement. Le philosophe, est en fait très critique vis-à-vis des règles de justice et de morale telles qu'elles sont dans notresociété.

Selon lui, c'est bien parce que les hommes ont besoin des autres pour survivre, qu'ils sont obligés de lesrespecter et de bien les traiter.

Ainsi, c'est bien en fonction de l'intérêt et de l'utilité, que nous serions moraux.

Dèslors, cela semble annuler la notion même de moralité.

Mais c'est par ce fait que Hume explique pourquoi les principesde justice et d'équité sont moins solides et moins respectés entre les états.

Ces derniers peuvent vivre en autarcie,sans aucune relation avec les autres.

Dès lors, leur intérêt est moins important, leur respect aussi.

Ce texte metdonc en oeuvre une notion étrange et paradoxale de la moralité.. »

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