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HUME, Traité de la nature humaine: Peut-on se tromper en disant qu'une chose est belle ?

Publié le 01/07/2015

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hume

Parmi un millier d'opinions différentes que les hommes divers entre-tiennent sur le même sujet, il y en a une, et une seulement, qui est juste et vraie. Et la seule difficulté est de la déterminer et de la rendre certaine. Au contraire, un millier de sentiments différents, excités par le même objet, sont justes, parce qu'aucun sentiment ne représente ce qui est réellement dans l'objet. Il marque seulement une certaine conformité ou une relation entre l'objet et les organes ou facultés de l'esprit, et si cette conformité n'existait pas réellement, le sentiment n'aurait jamais pu, selon toute pos¬sibilité, exister. La beauté n'est pas une qualité inhérente aux choses

10 elles-mêmes, elle existe seulement dans l'esprit qui la contemple, et chaque esprit perçoit une beauté différente. Une personne peut même percevoir de la difformité là où une autre perçoit de la beauté. Et tout indi¬vidu devrait être d'accord avec son propre sentiment, sans prétendre régler ceux des autres.

HUME, Traité de la nature humaine

QUESTIONS

1. Dégagez l'idée principale du texte et les étapes de son argumentation.

2. Expliquez :

a. « aucun sentiment ne représente ce qui est réellement dans l'objet « ;

b. « la beauté n'est pas une qualité inhérente aux choses «.

3. Peut-on se tromper en disant qu'une chose est belle ?

n Intérêt philosophique du texte

Ce texte présente un double intérêt philosophique.

1.  D'une part, il rapporte la beauté au sujet et non à l'objet. Il s'oppose en cela aux conceptions d'obédience platonicienne, pour qui une chose « est « belle ou non. Pour Hume, une chose ne possède pas intrinsèque­ment la qualité du beau ou du laid, mais est belle ou laide pour un sujet capable de l'appréhender.

2.  Précisément, le beau ou le laid sont tels pour un sujet particulier et non pour tel autre. Il n'y a pas de beauté ou de laideur en soi, identique pour tous les sujets. On pourra donc opposer Hume à celui qu'il « réveilla de son sommeil dogmatique «, c'est-à-dire à Kant. Car, pour Kant, la beauté est universelle ou n'est pas. S'il n'y avait pas d'accord possible concernant ce qui est beau ou laid, on ne pourrait même plus parler d'art et d'esthétique ou de « science « du beau.

n Problématique de la question 3

La problématique de la question 3 est toute trouvée : il y va du critère du beau. Car s'il y a autant de beautés que d'individus, aucune discussion sur l'art n'est possible. On ne peut même plus affirmer qu'une chose « est « belle, mais seulement qu'elle l'est pour cette personne, à ce moment et à cet endroit précis. Le relativisme en matière de goût rend très périlleuse la constitution d'une esthétique. Et pourtant, qui n'a pas éprouvé un jour, devant une oeuvre d'art reconnue, un sentiment d'incom­préhension ? Si un chef-d'oeuvre réputé ne nous semble pas digne de l'être, doit-on remettre en question son sentiment ? À qui et à quoi doit-on se fier pour goûter la beauté d'une oeuvre ?

n Citations

·          « On estime belles la plupart des oeuvres de l'art en proportion de leur propriété à l'emploi par l'homme « (Hume, Traité de la nature humaine, II).

·    « Rien n'améliore autant le caractère que l'étude des beautés [...] Elles donnent une certaine élégance de sentiment à laquelle le reste de l'humanité est étranger « (Hume, Essais esthétiques, II).

·    « L.] un jugement sur la beauté en lequel se mêle le plus petit intérêt est très partiel et ne peut être un jugement de goût pur « (Kant, Critique de la faculté de juger).

 

·    « [...] le spectateur désarmé ne peut voir autre chose que les significa­tions primaires qui ne caractérisent en rien le style de l'oeuvre d'art« (P. Bourdieu et A. Darbel, L'Amour de l'art).

hume

« L'ART accord existe, mais qu'il est légitime de le rechercher).

On.

ne sera donc pas étonné de la négation, dans ce texte, d'une beauté universelle et com­ mune à tous les esprits.

• sentiment: il désigne un état de l'âme, relativement à-un objet (voir la question 2, a.).

Hume insiste surtout sur sa subjectivité : devant un pay­ sage, untel éprouve de la nostalgie tandis qu'un autre ressent de la joie.

Ce «ressenti » tient à l'histoire personnelle, au caractère, au tempéra­ ment...

de chacun, bref, il est individuel et non universellement parta­ geable.

Or c'est sur le sentiment que se fonde la beauté.

• Intérêt philosophique du texte Ce texte présente un double intérêt philosophique.

1.

D'une part, il rapporte la beauté au sujet et non à l'objet.

Il s'oppose en cela aux conceptions d'obédience platonicienne, pour qui une chose « est » belle ou non.

Pour Hume, une chose ne possède pas intrinsèque­ ment la qualité du beau ou du laid, mais est belle ou laide pour un sujet capable de l'appréhender.

2.

Précisément, le beau ou le laid sont tels pour un sujet particulier et non pour tel autre.

Il n'y a pas de beauté ou de laideur en soi, identique pour tous les sujets.

On pourra donc opposer Hume à celui qu'il« réveilla de son sommeil dogmatique», c'est-à-dire à Kant.

Car, pour Kant, la beauté est universelle ou n'est pas.

S'il n'y avait pas d'accord possible concernant ce qui est beau ou laid, on ne pourrait même plus parler d'art et d'esthétique ou de « science » du beau.

• Problématique de la question 3 La problématique de la question 3 est toute trouvée : il y va du critère du beau.

Car s'il y a autant de beautés que d'individus, aucune discussion sur l'art n'est possible.

On ne peut même plus affirmer qu'une chose «est» belle, mais seulement qu'elle l'est pour cette personne, à ce moment et à cet endroit précis.

Le relativisme en matière de goût rend très périlleuse la constitution d'une esthétique.

Et pourtant, qui n'a pas éprouvé un jour, devant une œuvre d'art reconnue, un sentiment d'incom­ préhension? Si un chef-d'œuvre réputé ne nous semble pas digne de l'être, doit-on remettre en question son sentiment? À qui et à quoi doit-on se fier pour goûter la beauté d'une œuvre? • Citations • « On estime belles la plupart des œuvres de l'art en proportion de leur propriété à l'emploi par l'homme» (Hume, Traité de la nature humaine, Il).. »

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