Il faut comprendre que le microscope est un prolongement de l'esprit plutôt que de l'oeil

Introduction. — Magendie, dont Claude Bernard fut le préparateur avant de lui succéder, répétait, paraît-il : « Quand j'expérimente, je n'ai que des yeux et des oreilles, je n'ai pas de cerveau «. Peut-être cette attitude explique-t-elle qu'il ne compte pas au nombre des grands de la science. En effet, observe Cournot, « si le physicien et le naturaliste observent avec les sens, ils observent bien plus encore avec leur raison «. A quoi fait écho cette réflexion de Gaston Bachelard : « Il faut comprendre que le microscope est un prolongement de l'esprit plutôt que de l'oeil «. Comment faut-il la comprendre et que faut-il en penser ? I. — EXPLICATION Notre auteur ne le nie pas : le microscope est un prolongement de l'oeil : la chose est par trop évidente. Il le prolonge physiquement ou localement : son oculaire, le mot le suggère, se colle en quelque sorte au globe de l'oeil, aussi près que possible du cristallin, en sorte que oeil et microscope ne forment qu'un unique appareil optique. Il le prolonge aussi fonctionnement : d'objets invisibles à l'oeil nu, le microscope fournit une image agrandie, parfois immensément, comme dans le microscope électronique, étendant ainsi ses possibilités de perception.