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Il y a deux sortes de vérités de D. HUME

Publié le 08/01/2020

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Le calcul qui rend une conclusion immanquable est, on l'a vu, le critère de vérité que Leibniz oppose à /' « intuition » cartésienne. Mais pour l’intelligence humaine, toute vérité ne se prête pas de la même façon au calcul ; et il faut distinguer entre deux sortes de vérités : les « vérités de raisonnement » et les « vérités de fait ». (Hume reprendra cette distinction de Leibniz entre les genres de vérité.)

Tous les objets de la raison humaine ou de nos recherches peuvent se diviser en deux genres, à savoir les relations d’idées et les faits. Du premier genre sont les sciences de la géométrie, de l’algèbre et de l’arithmétique et, en bref, toute affirmation qui est intuitivement ou démonstrativement certaine. Le carré de l’hypothénuse est égal au carré des deux côtés, cette proposition exprime une relation entre ces figures. Trois fois cinq est égal à la moitié de trente exprime une relation entre ces nombres. Les propositions de ce genre, on peut les découvrir par la seule opération de la pensée, sans dépendre de rien de ce qui existe dans l’univers. Même s’il n’y avait jamais eu de cercle ou de triangle dans la nature, les vérités démontrées par Euclide conserveraient pour toujours leur certitude et leur évidence.

Les faits, qui sont les seconds objets de la raison humaine, on ne les établit pas de la même manière ; et l’évidence de leur vérité, aussi grande qu’elle soit, n’est pas d’une nature semblable à la précédente. Le contraire d’un fait quelconque est toujours possible, car il n’implique pas contradiction et l’esprit le conçoit aussi facilement et aussi distinctement que s’il concordait pleinement avec la réalité. Le soleil ne se lèvera pas demain, cette proposition n’est pas moins intelligible et elle n’implique pas plus contradiction que l’affirmation : il se lèvera. Nous tenterions donc en vain d’en démontrer la fausseté. Si elle était démonstrativement fausse, elle impliquerait contradiction et l’esprit ne pourrait jamais la concevoir distinctement.

David Hume, Enquête sur l’entendement humain (1748), section IV, trad. A. Leroy, Aubier, 1947, pp. 70-71.

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« POUR MIEUX COMPRENDRE L..,E TEXTE 1.

Les« relations d'idées».

Relevant du domaine mathéma­ tique, elles sont établies par démonstration, c'est-à-dire selon des raisons nécessaires.

Leibniz les appelait aussi « vérités nécessaires» ou« vérités identiques».

Elles atteignent donc une parfaite certitude*.

Elles sont également vraies a priori, c'est-à-dire indépendamment de l'observation et de l'expé­ rience: elles ne dépendent pas de l'état du" monde, et «on peut les découvrir par la seule opération de la pensée».

Enfin, puisque leur certitude tient, comme leur nom l'indique, au caractère nécessaire de la relation qu'elles établissent entre leurs éléments (par exemple, en mathématiques, entre deux grandeurs), elles ne tiennent pas à la nature des éléments eux-mêmes.

Quand le texte parle de certitude intuitive ou d'évidence, ce n'est pas de l'intuition chez Descartes qu'il faut le rapprocher (cf.

texte 10) : ce qui est, pour Hume, « évi­ dent» n'est pas ce que l'idée représente, mais bien la forme de la relation qui unit ses éléments (sur le caractère formel de telles vérités, on se reportera plus loin au texte 13).

2.

Les «faits».

Pareils aux «vérités de fait» de Leibniz, et contrairement aux «relations d'idées», les raisonnements portant sur les faits sont contingents: « le contraire d'un fait n'implique pas contradiction», autrement dit il est toujours concevable, et donc possible - même s'il ne se produit jamais.

Hume en tire une conséquence très importante: la certitude d'un raisonnement portant sur les faits ne pourra jamais être aussi parfaite que la certitude d'une « relation d'idées», puisqu'un fait n'a aucune nécessité logique de se produire.

Il verra là un argument en faveur de son scepticisme (cf.

texte 4) : dans le domaine des faits, il faut se contenter d'une vérité probable*, et penser la connaissance en termes de croyance et non de certitude.. »

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