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imbecile heureux

Publié le 11/03/2017

Extrait du document

L ’imbécile heureux est-il un défi au sage ? Le problème du sujet (l’introduction) → C’est avec une pointe d’ironie qu’on parle d’un imbécile heureux. A travers cette expression, en effet, on cherche à discréditer le bonheur de celui qu’on qualifie d’imbécile, comme si son bonheur, parce qu’il est précisément un imbécile, n’était pas un vrai bonheur, c'est-à-dire un bonheur digne de l’homme. Il faut reconnaître qu’à la différence des animaux qui survivent selon un comportement instinctif, les hommes font des choix libres, en vue de leur bonheur ; et la réflexion est utile pour s’assurer de faire le meilleur choix possible. La réflexion est en effet la capacité de prise de recul vis-à-vis de soi-même, qui permet d’analyser les différents désirs, de peser le pour et le contre lors d’un choix. Elle nous épargne ainsi toutes les déconvenues auxquelles on peut s’exposer dans la spontanéité. C’est pourquoi nous considérons qu’il vaut mieux réfléchir avant d’agir, pour faire le bon choix, et atteindre plus sûrement l’état de plénitude qui caractérise le bonheur. Alors effectivement, lorsqu’on voit qu’une personne peut être heureuse sans réflexion, tout simplement parce que, par déficience mentale, elle est incapable de prendre conscience des raisons qu’elle aurait d’être malheureuse, on se dit que son bonheur n’est pas celui que nous voulons, et que nous aspirons au contraire à un bonheur mérité, atteint librement par la réflexion. → Cependant si nous faisons preuve d’ironie, c’est aussi parce que son bonheur provoque en nous le doute sur la confiance qu’on accorde spontanément à la réflexion pour parvenir au bonheur. En effet, la réflexion n’est pas qu’une simple capacité de délibération. En permettant à l’homme de prendre du recul vis-à-vis de lui-même, elle le rend en même temps plus lucide sur lui-même et la réalité. Il découvre alors ses illusions ; il prend consc...

« ne sont pas, comme dans le domaine de la technique, des impératifs nécessaires.

Ils sont des conseils seulement. Et la raison, plus elle développe le savoir, la réflexion, et plus finalement elle nous éloigne du bonheur.

Parce que le savoir suppose un effort pour l’acquérir, et en même temps nous délivre de l’illusion réconfortante.

Comme l’avoue Kant : « plus une raison cultivée s’occupe de poursuivre la jouissance de la vie et du bonheur, plus l’homme s’éloigne du vrai contentement.

» Transition : → Dans ces conditions, la recherche du bonheur justifierait de renoncer à la réflexion, dans la mesure où elle constitue un obstacle au bonheur.

L’imbécile heureux serait alors un défi que le sage ne pourrait pas relever.

→ Mais renoncer à la réflexion, c’est aussi renoncer à l’usage de sa raison, à ce qui fait l’humanité en nous et à une vie digne de l’humanité.

Peut-on souhaiter de vivre comme l’imbécile, pour la seule raison qu’il est heureux ? Sa vie est-elle un exemple à suivre pour qui veut être heureux ? III.) En quel sens le bonheur, par la réflexion, est-il plus estimable que le bonheur dans l’illusion ? Autrement dit, pourquoi l'imbécile n'est donc pas un défi au sage ? 1) Le bonheur dans l’illusion, sans réflexion, est comparable à celui du poisson rouge.

L’imbécile heureux est heureux de ce qu’il n’a pas conscience de son malheur, il n’a pas non plus conscience de son bonheur.

Il n’y a rien donc de désirable dans son bonheur : personne ne voudrait se faire lobotomiser pour lui ressembler.

On tolère donc ce bonheur chez l’imbécile parce qu’on sait qu’il est en déficience mentale, mais pas chez un homme normal.

De même, on tolère ce bonheur dans l’illusion chez l’enfant, mais plus chez l’adulte dont on attend, précisément, qu’il soit adulte, c’est à dire responsable.

(Ref.

J.-S.

Mill : « Il vaut mieux être un homme insatisfait qu'un porc satisfait; il vaut mieux être Socrate insatisfait qu'un imbécile satisfait.

» 2) Le bonheur que nous cherchons est le bonheur dans la sagesse, c'est-à-dire dans la vérité = béatitude (qui vient de nous ≠ du bonheur qui vient de la chance).

La béatitude est le contentement de soi, de l’action accomplie, quel qu’en soit le résultat.

C’est le plaisir de conduire sa vie avec sa raison, d’être libre en vivant dans le savoir et non dans l’illusion.

(Ref.

Descartes : « Or, c'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher ; et le plaisir de voir toutes les choses que notre vue découvre n'est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance de celles qu'on trouve par la philosophie.

») 3) Il y a du plaisir à connaître la vérité.

Aristote : « l’homme désire naturellement savoir.

» Exemple de l’enfant : l’enfant est peut être heureux dans l’ignorance, mais il est plus heureux encore dans la curiosité, dans le désir satisfait de savoir.

Ce qui caractérise l’enfance, c’est moins l’ignorance que l’étonnement : la conscience de son ignorance et le plaisir de savoir qui en découle = Attitude du sage.

Pour lui, par conséquent, mieux vaut une idée triste, mais vraie, qu’une idée joyeuse mais fausse.

Si le sage a le choix entre une vérité et un bonheur, il n’est philosophe qu’en tant qu’il choisit la vérité.

Le but du sage est donc la vérité par la connaissance, et pas le bonheur.

Le bonheur de l’imbécile n’est donc pas pour lui un défi.

Le bonheur du sage est la béatitude, ce plaisir qu’il éprouve de vivre la vie comme il estime devoir la vivre, dans sa lucidité et son autonomie.

Alain : « le bonheur est une récompense qui arrive à ceux qui ne l’ont pas cherché.

» Réponse au problème (conclusion) L’imbécile heureux n’est donc pas un défi au sage.

Certes la réflexion n’est pas la voie la plus facile pour être heureux.

Mais si l’on distingue la béatitude (qui est vrai et dépend de nous) du bonheur (qui est illusoire et ne dépend pas de nous), on voit que le sage, qui cherche la vérité dans la connaissance et non le bonheur, ne pourrait envier le bonheur de l’imbécile.

La liberté et le savoir ont plus de valeur pour lui que le bonheur.

Et c’est vivre sa vie comme il l’entend, dans la lucidité et l’autonomie, qui lui apporte le vrai bonheur comme une récompense : la béatitude.. »

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