incontestable, l'impression subjective.
Publié le 21/10/2012
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«
EPICURE ET SES SUCCESSEURS
EPICURE (341-270 av.
J.-C.) (Voir page 8o.)
POLYSTRATE (vers 250 av.
j.-C.) Dirigea l'Ecole d' Epicure à la suite d' Hermaque.
On distingue dans son traité : Du mépris irraisonné, « un courant de pensée d'accord avec le stoïcisme pour employer la dialectique
et avec l'épicurisme pour nier les croyances stoïciennes, mais radicalement lwstile au
dogmatisme de l'un et de l'autre».
PHILODÉME (1er siècle av.
J.-C.) Né à Gadara en Coeletyrie et à qui son ami Cicéron emprunta des leçons dans le traité Des Fins.
Il défend, dans un traité
spécial, l'ortlwdoxie épicurienne contre les hétérodoxes de l'école qu'il appelle les so-
phistes et y indique le fameux quadruple remède épicurien ( tetrapharmakon) contre les maux : «Dieu n'est pas à craindre,
la mort n'est pas à redouter, le bien est
d'acquisition facile, le danger facile à
supporter ».
Les fouilles d'Herculanum
ont révélé plusieurs de ses œuvres.
On con naît de lui des épigrammes insérés dans l'Anthologie Grecque et plusieurs trai tés : Sur les signes, Sur la Réthorique, De la musique, Sur la colère.
LUCRÈCE (97-55 av.
J.-C.) « Celui-là fut un Dieu, dit Lucrèce d' Epicure, qui, le premier, trouva cette règle de vie appelée sagesse, et qui par sa science, arrachant notre existence à des tempêtes si grandes, à des ténèbres si
profondes, a su l'asseoir dans un calme
si tranquille, dans une si claire lumière ».
Destinée rare que celle de ce poète qui,
s'effaçant derrière son maître, consacra sa vie à traduire l'enseignement d'Epicure
dans les vers admirables du De Natura Rerum : sans doute trouva-t-il dans la ooctrine épicurienne la réponse à son angoisse, le calme de l'âme.
La physique
est, en effet, destinée à nous libérer de la
crainte des dieux et de la mort, et le mécanisme introduit à la sagesse.
Mais la science n'est pas une forme renouvelée du mythe et doit sa vertu apaisante et
libératrice à sa rationalité.
L'originalité
propre de Lucrèce réside dans sa conception de l'évolution de l'humanité, que n'ignora
point Jean-Jacques Rousseau.
( H.D.)
SCEPTICISME ET SA VOIR POSITIF
PYRRHON (vers 365-275 av.
J.-C.)
Né à Elis, vers 365, Pyrrlwn, dès sa jeunesse, a pu connaître la dialectique enseignée dans les écoles d'Elis et de Mégare et dans laquelle il est permis de voir l'origine lointaine du scepticisme.
Il eut pour maître le démocritéen Anaxarque qui joignait une sorte d'indif
férentisme moral à la critique qu'avait
dirigée
contre la connaissance sensible
Démocrite lui-mime.
En compagnie de son maître, il suivit l'armée d'Alexandre
et connut ainsi le fakirisme hindou.
L'insensibilité à la douleur dont faisaient
preuve
ces « gymnosophistes », la déter mination inflexible de ce Calanos dont
Plutarque nous rapporte la mort volon
taire (Vie d'Alexandre, chap.
1 13), ont pu manifester à ses yeux que n'était pas impraticable l'idéal d'impassibilité qu'il devait élaborer plus tard.
Rentré
dans sa ville natale, il fonde une école et,
autant par son enseignement que par sa vie de sage, menée dans la simplicité, la oouceur et « l'indifférence », force
l'estime de ses concitoyens.
Il meurt,
âgé de quatre-vingt-dix ans, en 275· Un siècle plus tard, on montre encore à
Pausanias le Voyageur la statue qui lui
avait été élevée, et Pyrrhon est resté, aux
yeux des âges futurs, le fondateur et comme le patron du scepticisme, bien que sa propre école se soit éteinte rapide
ment; Timon de Phlionthe, son dernier
grand disciple, n'a pu arrêter ce déclin ni lutter contre le prestige naissant de la Nouvelle Académie.
Le peu qui nous ait été conservé de la
doctrine pyrrlwnienne peut se ramasser en trois propositions : 1) nous ne savoi!S rien de la constitution et des propriétés
réelles des clwses : « Rien n'est plutôt comme ceci que comme cela »; la sensa
tion ni la raison ne nous font connaître le réel; 2) nos représentations nous livrent oonc, non pas l'être des choses, mais leur apparence et plus exactement,
représentent, non pas la réalité, mais des
états d'âme subjectifs; d'où le conseil de suspendre le jugement ( épochè), de renoncer à toute conviction dogmatique (acatalepsie), de n'articuler ni un oui ni un non (aphasie), conseils d'ailleurs
équivalents qui, eux-mêmes, ne formulent aucune connaissance dogmatique, mais une simple confession du non-savoir
(ainsi Montaigne dira : « Que sais-je ? », plutôt que d'affirmer « Je ne sais rien »); 3) une telle attitude fait naître l'impas
sibilité (ataraxie) et cette indépendance
absolue à l'égard des choses, en quoi
consiste le bonheur.
De même que l' ensei
gnement de Socrate est à l'origine d'écoles fort diverses, le pyrrlwnisme a pu inspirer l' antidogmatisme de la Nouvelle Aca démie ( Arcésilas, Carnéade), le néo scepticisme ( Enésidème, Agrippa) et la
médecine empirique (Sextus Empiricus),
sans parler des « pyrrlwniens » modernes.
VICTOR GOLDSCHMIDT
ENÉSIDÈME (1•r siècle av.
J.-C.- ?) Enseigna à Alexandrie.
Plwtius résuma ses Discours Pyrrhoniens et Sextus Empiricus a conservé les dix « tropes », ou arguments, qu'il dirigea contre le dogmatisme, catalogue des contradictions
sur lesquelles celui-ci repose : contradic
tions des sens, des jugements, des cou tumes, qui révèlent la relativité de toute
connaissance.
Enésidème amorce la cri tique de l'idée de cause dans les termes mêmes qui seront ceux de Hume.
Mais le scepticisme ne nous accule pas au désespoir : nul souci, nulle crainte
n'atteint le sage qui doute de tout.
Davantage, il ouvre à une doctrine
positive : l'exploration des contradictions du sensible, du monde des apparences
conduisit, dit-on, Enésidème à l'héra
clitéisme, à la
conception de la contradic
tion essentielle, universelle.
( H.D.)
SEXTUS EMPIRICUS (vers 150- 250 ap.
J.-C.) Nous sommes redevables à Sextus Empi- ricus,
médecin grec,
de l'exposé le plus complet de la ooctrine sceptique : Esqmsses
Pyrrhoniennes, et d'un ouvrage d'éru
dition - source précieuse - Contre les Dogmatiques et les Théoriciens.
Sextus a développé, de manière assez
fastidieuse, l'argumentation sceptique.
Mais on découvre, à le lire, que le scepti cisme est d'abord refus de l'esprit de s'abuser lui-même, revendication des droits de la critique, recherche d'une
métlwde véritablement scientifique.
Si la vérité nous est refusée, « les sceptiques ne détruisent pas les apparences » : le médecin ne saurait « combattre la vie
et les lwmmes ».
Il lui faut élaborer une métlwde empirique de connaissance, une logique inductive qui s'attache aux « signes commémoratifs », à la suite
observable des clwses.
L'esprit s' aban donne à l'observation, se soumet à elle,
s'efforçant d'intervenir le moins possible.
(H.D.)
GALIEN (12g-vers 199) Né à Pergame, il fut, à Smyrne, l'élève d' Albinus.
Il s'établit comme médecin
d'abord à Pergame, puis à Rome.
Il est
l'auteur de traités nombreux, portant sur
la médecine, la physiologie, la pharmacie,
la logique, Sur la Démonstration, et ses commentaires philosophiques sont une source précieuse pour la connaissance du stoïcisme.
Son œuvre médicale connut une vogue considérable jusqu 'au xvn • siè cle.
Pratiquant une métlwde strictement
expérimentale, il se livra à des dissec
tions, à des observations nombreuses et
précises.
La philosophie n'avait d'intérêt,
à ses yeux, que dans la mesure où elle pouvait être utilisée par le physiologue.
La métaphysique échappe à nos prises,
et il faut s'en tenir à l'évidence, sensible ou intellectuelle, à la logique, que Galien se flattait d'avoir renouvelée.
(H.D.).
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