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Introduction à la notion de vérité

Publié le 08/01/2020

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DÉFINITIONS ET CRITÈRES

Nous sommes ici renvoyés à la double question de la définition et des critères de la vérité.

1. Tout le monde semble s'accorder depuis Thomas d'Aquin, au xme siècle, pour définir la vérité comme correspondance ou adéquation : adéquation entre l'intelligence qui conçoit et la « chose » qu'elle conçoit, entre l'esprit et la réalité. Comme l'écrit le philosophe anglais Bertrand Russell : « Quand une croyance empirique est vraie, elle l'est en vertu d'une certaine occurrence que j'ai appelée son \"vérificateur\". Je crois que César fut assassiné : le vérificateur de cette croyance est l'événement réel qui se déroula, il y a longtemps, au sénat romain » (Signification et vérité, chapitre XVI).

Cette définition comporte une conséquence importante : la vérité est une propriété du langage, non du réel. « Vrai » et « faux » sont des qualificatifs qui s'appliquent non à des choses, mais à des propositions (ou, comme le dit Bertrand Russell, à des « croyances » ou à des attentes ; mais celles-ci peuvent toujours s'exprimer sous forme de propositions ; ce sont des « attitudes propositionnelles »). On parle pourtant d'or « faux », de « vrai » ami, etc. Mais l'or « faux » est tout aussi réel que l'or véritable. Seulement, ce n'est pas de l'or, mais, par exemple, du cuivre doré. Ce qui est « faux », alors, ce n'est pas l'or, mais la proposition implicite « ceci est de l'or ». De même, lorsqu'on parle de « vrai » ami, ce n'est pas l'ami qui est « vrai », mais ma croyance que je peux compter sur lui. L'objet ou la personne, quant à eux, ne sont ni vrais ni faux. Il ne faut donc pas confondre vérité et réalité*.

On le verra, la définition de la vérité comme correspondance, toute simple en apparence, demeure problématique, et aussi contestée : en particulier par une conception de la vérité qui la caractérise en termes de cohérence, et non de correspondance. Et il est juste, en effet, de dire que la cohérence est une condition nécessaire de la vérité, même si elle n'est pas suffisante. Il ne suffit pas, pour une pensée (ou un discours), d'être en accord avec les faits. Encore lui faut-il être en accord avec elle-même, c'est-à-dire ne pas se contredire, respecter les règles du raisonnement correct. Car il est

Il est banal mais juste de le dire : la vérité est une préoccupation essentielle, originaire, de la recherche philosophique. Mais c'est aussi une question très vaste, et l'analyse doit commencer par opérer les distinctions nécessaires.

D'abord la vérité est quelque chose qui se recherche : nous sommes alors renvoyés au problème de ses conditions d'accès. Elle est ensuite quelque chose qui s'énonce : le problème est ici celui des critères du jugement vrai. Elle est enfin quelque chose qui s'exige, c'est-à-dire une valeur.

LES CONDITIONS D'ACCÈS

Le projet de recherche de la vérité est constitutif de la réflexion philosophique, et c'est par lui qu'elle s'est, dès l'origine, définie. La philosophie de Platon illustre bien la triple idée autour de laquelle se formule le projet de vérité.

1. Ce projet a un sens : l'effort de l'esprit humain pour parvenir à une authentique vérité peut être couronné de succès.

2. Une vérité n'est telle que si celui qui l'énonce se l'approprie et la pense, et ne répète pas comme un perroquet un savoir étranger.

3. La vérité se définit par sa permanence et son universalité, et en cela ne doit nullement se confondre avec la relativité des opinions* humaines.

Certes, les vérités se découvrent dans l'histoire, et leur découverte dépend, au moins en partie, des conditions historiques où elles se produisent. Mais si cela montre le caractère historique et variable de la connaissance* humaine, cela ne signifie pas que la vérité est relative : il n'y a pas autant de vérités qu'il y a d'époques, de pays, ou d'individus, car une vérité d'époque ne serait pas une vérité, mais une opinion, de même nature qu'une opinion individuelle, même si

« elle est partagée par tout le monde à un moment donné.

Par exemple, lorsque, vers le xv11e siècle, s'imposa l'idée que la terre tourne autour du soleil, alors que le Moyen Âge pen­ sait unanimement l'inverse, l'humanité n'est pas passée d'une vérité propre à un temps à une autre, mais bien d'une croyance fausse à une vérité.

Il faut donc distinguer «vérité» et «connaissance».

Il y a des vérités inconnues, et on peut concevoir la connaissance comme une approximation progressive et historique de la vérité.

Mais on ne peut appliquer à la notion de vérité la thèse, juste en elle-même, de la relativité des connaissances aux conditions intellectuelles et matérielles d'une époque.

Ce qui est vrai aujourd'hui le sera demain, et toujours; ce qui est vrai l'est pour moi et pour toi: pour tous.

Ou ce n'est pas à proprement parler une vérité.

Ce n'est donc pas parce que la variabilité des opinions est un fait qu'une vérité objec­ tive et universelle est impossible.

Ce qui est impossible, au contraire, c'est d'affirmer «à chacun sa vérité», puisqu'on l'affirmerait...

comme une vérité.

Cela n'empêche pas qu'on puisse légitimement dire « à chacun ses opinions », mais il faut opérer une distinction critique entre l'opinion, ou vérité prétendue, et la vérité, ou opinion certifiée.

Le projet de vérité ainsi caractérisé implique une discipline de l'esprit humain, une ascèse intellectuelle ou bien une méthode, c'est-à-dire la prescription de règles nécessaires à sa réalisation.

Qu'il soit pourtant si difficile de distinguer le vrai du faux, et" qu'on discute encore de la nature et de la valeur d'une telle méthode, n'est-ce pas l'indice de l'échec de l'entreprise et l'objection la plus forte formulée à l'encontre du projet de vérité lui-même? Cette objection est pratiquement aussi vieille que la philo­ sophie : c'est celle du scepticisme*.

Le scepticisme fut fondé au rve siècle av.

J.-C.

par Pyrrhon d'Elis (on parlera ainsi de «scepticisme pyrrhonien» ou de «pyrrhonisme»).

Il veut substituer à l'affirmation « dogmatique » de la possession du vrai une attitude de doute et d'examen.

Le premier effet du scepticisme est de nous inciter à la modestie.

En nous enseignant que nos croyances ne sont pas ces vérités assurées pour lesquelles nous les prenions, et sur lesquelles nous nous fondions, l'analyse élargit le champ du possible et ouvre l'esprit.

Le monde aurait pu être. »

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