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Investigations philosophiques, Wittgenstein (par. 339). Commentaire de texte

Publié le 25/06/2013

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Le texte que nous allons étudier est un extrait des Investigations philosophiques (paragraphe 339). Cet ouvrage de Ludwig Wittgenstein publié en 1953, deux années après la mort de l’auteur, est l’une de ses œuvres majeures. Ce livre est d’une richesse non négligeable quant à l’étude de l’usage du langage et des confusions qui en résultent. L’auteur y propose des règles de langage, et s’intéresse plus à l’usage que l’ont fait des mots qu’à l’essence des mots eux-mêmes. C’est en effet dans l’usage langagier des mots que se trouve leur signification.

               Dans cet extrait, l’auteur commence par s’interroger sur le lien entre pensée et parler. Cela le conduit à se demander ce que l’on peut dire de la pensée pour la décrire. Tout le texte portera sur l’étude de la pensée comme « n’étant pas un processus incorporel «. Mais en réalité, derrière l’analyse de ce propos (la pensée comme étant ou n’étant pas un processus incorporel), Wittgenstein tente de nous faire comprendre l’importance de la précision et de la clarté de nos modes d’expression, car ils ont un impact direct sur le sens de nos propos.

               Pourquoi affirmer que penser ne puisse se « détacher de la parole « ? Comment expliquer que l’auteur dise néanmoins que la pensée est ce qui anime le parler ? En avançant cela, l’auteur n’expose-t-il pas la pensée et le parler comme deux actions distinctes ?

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« termes, auquel cas penser ne serait ni un processus incorporel, ni une action qui apporterait vie et sens au parler.

Il semble que cette deuxième hypothèse soit plus plausible.

« Penser » est un verbe, il se rapporte donc à une action, au fait de penser donc à un processus.

Penser serait donc un processus, mais pas incorporel.

Cela implique -t-il nécessairement que penser soit un process us corporel ? Nier, est -ce affirmer ? Avant même d’avoir lui -même mis en exergue les problèmes que peut susciter cette phrase, Wittgenstein nous conduit à nous poser bon nombre de questions.

Or il apparait que parler soit un processus corporel, ne serait -ce que parce que pour parler, nous mobilisons, nous mettons en mouvement des organes et des muscles de notre corps : la bouche, la langue, la mâchoire… Pourquoi dire alors que penser serait un processus corporel ? Pourquoi ne pas affirmer plutôt qu’il s’agit d’un processus mental ? Que pourrait -il y avoir de corporel dans le fait de penser ? Que faisons -nous lorsque nous pensons ? Là encore, la lecture de cette première phrase éveille bien des tensions.

Par ailleurs, Wittgenstein nous dit que penser n’app orte ni vie, ni sens au parler.

Une telle affirmation renverse de nombreuses théories philosophiques et psychologiques.

En effet, s’il ne vient pas de la pensée, d’où vient le sens de nos paroles ? Qu’est -ce qui les anime, leur donne vie ? Selon l’auteur, la pensée ne serait donc pas un processus pré-langagier (il ne serait pas l’origine du langage).

Mais peut -on se permettre d’assimiler les termes « penser » et « pensée » aussi facilement ? Dans un deuxième temps de cette première phrase, Wittgenstein nou s dit que « penser n’est pas un processus incorporel (…) que l’on puisse détacher de la parole » .

Cela signifie donc que penser et parler sont deux actions indissociables l’une de l’autre.

Penser impliquerait nécessairement de parler et inversement.

On ne peut pas les dissocier comme l e Diable a détaché Schlemihl de son ombre.

Quel sens peut -on accorder à une telle métaphore ? Cette comparaison ne va-t -elle pas plus loin ? Quelle est la correspondance des termes employés ? Après analyse, il apparait que « penser » corresponde à « ombre » et « parole » à « sol ».

Penser serait donc l’ombre qui se reflète sur le sol que serait la parole.

L’ombre et le sol sont indissociables en surface, mais cela n’empêche pas que l’on puisse les distinguer (selon la lumière, bien sûr).

Penser se grefferait donc sur la fixité du parler.

Par ailleurs, Schlemihl a eu besoin du Diable pour se défaire de son ombre.

Il n’a donc pas pu s’en défaire tout seul.

De la même manière, il est impossible que l’on puisse détacher deux actions qui nous sont inhérentes.

On ne peut se permettre de les séparer l’une de l’autre, cela n’est pas possible.

Cette métaphore nous éclaire donc sur le fait qu’il soit possible de désigner « penser » et « parler » comme deux choses distinctes mais à la fois indissociables l’une de l’autre.

En définitive, nous nous apercevons que l’auteur, dans cette première phrase, n’a fait que nous dire ce que « penser » n’est pas, suscitant ainsi de nombreuses questions quant à son point de vue et au sens de ses propos.

Comment va-t-il alors justifier ses paroles ? Après avoir analysé quel sens nous pouvions tirer de la première phrase et quelles interrogations elle pouvait susciter, nous allons nous intéresser aux explicitations de l’auteur lui- même quant à ses prop os (lignes 2 à 6) .

L’auteur va ici nous expliquer qu’en vérité, l’usage du terme « processus incorporel » était une maladresse, qui a suscité de nombreuses tensions qui auraient pu être évitées s’il avait de prime abord employé un terme moins ambigu.

Cette deuxième partie de l’extrait est une analyse, un recul, sur une affirmation qui semblait être spontanée (première phrase).. »

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