Je suis unitaire, en milles morceaux dit Paul Valéry ?
Publié le 27/02/2008
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«
stabilité en lui-même.
» Mais reprenant et dépassant le problème d'Aristote, Leibniz montrera dans une lettre à Arnauld du 30 avril 1687 : « J'avoue que le corps à part, sans l'âme, n'a qu'une unité d'agrégation, mais la réalité qui lui reste provient des parties quile composent et qui retiennent leur unité.
[…] Je demeure d'accord qu'il y ades degrés de l'unité accidentelle, qu'une société réglée a plus d'unité qu'unecohue confuse, et qu'un corps organisé ou bien une machine a plus d'unitéqu'une société, c'est-à-dire il est plus à propos de les concevoir comme uneseule chose, parce qu'il y a plus de rapports entre les ingrédients ; mais enfin,toutes ces unités ne reçoivent leur accomplissement que des pensées etapparences, comme les couleurs et les autres phénomènes qu'on ne laissepas d'appeler réels.
La tangibilité d'un tas de pierres ou bloc de marbre neprouve pas mieux sa réalité substantielle que la visibilité d'un arc-en-cielprouve la sienne, et comme rien n'est si solide qu'il n'ait un degré de fluidité,peut-être que ce bloc de marbre n'est qu'un tas d'une infinité de corpsvivants ou comme un lac plein de poissons, quoique ces animauxordinairement ne se distinguent à l'œil que dans les corps demi-pourris.
Onpeut donc dire de ces composés et choses semblables ce que Démocrite endisait fort bien, savoir esse opinione lege.
Et Platon est dans le mêmesentiment à l'égard de tout ce qui est purement matériel.
» Transition : Ainsi il n'y a pas de paradoxe à dire que je suis un et multiple à fois.
Cela suppose qu'il y ait un principed'individuation créant une unité au-delà de la division du corps lui-même et cela on le trouve dans la substancequ'est l'âme qui donne forme au corps et lui maintient une certaine unité qui peut être soumise au changement,c'est-à-dire à la génération et à la corruption.
Mais supposer l'existence de l'âme repose sur une thèsemétaphysique et ontologique qui n'est pas nécessaire ni même n'assure l'unité du divers ; donc l'unité des millemorceaux.
II – L'impossible unité a) En effet, comme le montre La Mettrie dans l'Homme-machine , ce que l'on nomme l'âme n'est rien d'autre qu'un rouage de la machine.
Autrement dit, l'âme n'existe pas en tant que substance immatérielle : l'homme dans sonensemble n'est qu'une machine : une composition de rouages et de ressorts complexes ; son corps.
Mais mêmel'âme, qui est au centre du cerveau, est un rouage de cette machine, son premier rouage.
Et les animaux aussi ontune âme.
Cependant, la différence entre les animaux et les hommes est que les hommes ont reçu la loi naturellec'est-à-dire, en somme, la raison : « L'Ame n'est donc qu'un vain terme dont on n'a point d'idée, & dont un bonEsprit ne doit se servir que pour nommer la partie qui pense en nous.
Posé le moindre principe de mouvement, lescorps animés auront tout ce qu'il leur faut pour se mouvoir, sentir, penser, se repentir, & se conduire en un motdans le Physique, & dans le Moral qui en dépend […] l'Ame n'est qu'un principe de mouvement, ou une Partiematérielle sensible du Cerveau, qu'on peut, sans craindre l'erreur, regarder comme un ressort principal de toute laMachine, qui a une influence visible sur tous les autres, & même paroit avoir été fait le premier ».b) Mais ce n'est pas plus du côté du moi que l'on va pouvoir trouver une réelle unité.
En effet, le moi pourrait jouerdu point de vue psychologique le même effet que l'âme pour la matière.
Le moi peut être considéré comme le centrede notre personnalité : le centre d'émotivité, d'influence, de jugement etc.
Il aurait donc comme fonction de faireoffice d'unité psychique.
Or il ne s'agit là que d'une fiction comme le montre Hume dans le Traité de la nature humaine .
On ne perçoit pas quelque chose de simple et de continu qu'on pourrait nommer ''soi-même''.
« Un certain nombre de philosophes (« certains métaphysiciens ») admettent qu'il existe un MOI, dont nous sommes intimementconscients, et dont l'évidence dépasse la démonstration.
(Descartes, Malebranche, Locke, Berkeley).
Lessensations et les passions ne font que le fixer plus intensément.
» Lorsqu'on se pose la question « de quelleimpression cette idée du moi peut-elle provenir ? » apparaît une contradiction : « Toute idée réelle doit provenird'une impression particulière..
»
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