Jean Fautrier

Parisien de naissance, Fautrier suivit ses parents en Angleterre à l'âge de onze ans. Il étudia à l'Académie royale des beaux-arts, puis à Slade School of Art, à Londres. Il se trouvait à Paris au moment de la déclaration de guerre de 1914, et se lia d'amitié avec plusieurs écrivains, dont Malraux et Paulhan. Sa peinture, réaliste, prit alors un caractère funèbre, représentant notamment des animaux écorchés (Le sanglier, 1926). En 1928, il réalisa une série de lithographies pour une édition de luxe de L'enfer de Dante. Elles sont considérées comme le début de la peinture informelle. Animé par son horreur de la guerre, il exposa en 1943 une série de tableaux, Otages, à la Galerie Drouin ; il inventa la technique "pastosa", en empilant les unes sur les autres des couches très épaisses de peinture blanchâtre avec un couteau à palette. Avec cette technique, il représenta des visages tragiques, des nus et des paysages, souvent déclinés en cycles. Son travail se présentait sous forme de signes et de hiéroglyphes que le spectateur devait déchiffrer. A partir de 1950, il développa l'idée de faire des "originaux multiples" et quelques-unes de ses peintures furent tirées en trois cents exemplaires. En 1957, la galerie parisienne Rive Droite lui consacra une exposition. Trois ans plus tard, il reçut le Grand Prix de la Biennale de Venise. Dubuffet poursuivit les recherches et les techniques de Fautrier en utilisant un mélange de colle, de sable et d'asphalte qu'il appela "haute pâte". Jean Fautrier : un des plus téméraires inventeurs dans l'évolution des arts dans la première moitié du XXe siècle. Artiste rebelle, qui a su faire de sa rupture une révolution. Voici quelques années, j'écrivais : "Ce découvreur dont la palette a fait tache d'huile sur une vaste surface de la peinture d'aujourd'hui a vu ses recherches révolutionnaires profiter à toute une pléiade de jeunes peintres, que la renommée a bientôt touchés de ses ailes, alors que lui, l'inventeur, demeurait un mal connu."