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Jean-Paul SARTRE et la honte

Publié le 03/04/2005

Extrait du document

sartre
Je viens de faire un geste maladroit ou vulgaire : ce geste colle à moi, je ne le juge ni le blâme, je le vis simplement [...]. Mais voici tout à coup que je lève la tête : quelqu'un était là et m'a vu. Je réalise tout à coup toute la vulgarité de mon geste et j'ai honte. [...] Or autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même : j'ai honte de moi tel que j'apparais à autrui. Et, par l'apparition même d'autrui, je suis mis en mesure de porter un jugement sur moi-même comme sur un objet [...]. Mais pourtant cet objet apparu à autrui, ce n'est pas une vaine image dans l'esprit d'un autre. Cette image en effet serait entièrement imputable à autrui et ne saurait me "toucher". [... ] la honte est, par nature, reconnaissance. Je reconnais que je suis comme autrui me voit. Jean-Paul SARTRE

        De quelle manière, par quel mécanisme tout à la fois complexe et composé de moments dialectiques – nier en dépassant – autrui apparaît comme l’intermédiaire indispensable pour que je puisse prendre, réflexivement, conscience de moi-même en tant qu’être effectivement existant et non pas simplement en tant que s’éprouvant subjectivement ?

C’est donc à la fois la nature de la relation à autrui qui est ici mise à la question, que la relation à moi-même comme conscience objective.

Mouvements du texte

 

Pour ce faire, Sartre déploie son analyse en trois principaux moments :

-          1er Moment : Ce 1er moment s’étend du début du texte jusqu’à « la conscience qui est mienne «. Dans ce 1er moment, Sartre expose l’épreuve qu’une conscience fait de soi quand elle est seule. Il introduit, comme s’il en analysait la genèse, le regard d’autrui pour étudier ce qui en découle.

-          2e Moment : Ce 2e moment s’étend de « Or autrui est le médiateur « jusqu’à « que j’apparais à autrui «. De là, il apparaît clairement qu’autrui est celui à partir duquel, par l’intermédiaire duquel la conscience de soi s’objectivise et devient conscience de soi-même. Mais cette relation a pour conséquence première la réification de soi dans le regard de l’autre.

-          3e Moment : Ce 3e moment s’étend de « Mais pourtant cet objet «, jusqu’à la fin de l’extrait. Sartre va s’employer à préciser la nature de cette réification en montrant en réalité que je n’existe pas comme autrui me voit seulement dans son regard, non, je me reconnais moi-même comme étant tel qu’autrui me voit et par la je me libère de cette réification première en me reconnaissant moi-même. En ce sens, il apparaît clairement que l’expérience de la honte apparaît comme l’exemple synthétique à partir duquel se découvrent les mécanismes d’objectivation de la conscience de soi en conscience de soi-même à travers la relation à autrui.

 

sartre

« Eléments d'introduction - l'homme n'est pas fait pour vivre seul.

Il a besoin des autres, non seulement dans l'entraide et la coopération, mais au moins aussi sûrement pour partager le sentiment d'exister.

C'est précisément ce quetend à montrer Sartre dans cet extrait. - Son jugement, ses découvertes, ses émotions n'ont de signification et de valeur que si d'autres peuvent aussi les éprouver ou les confirmer, si d'autres peuvent en être les témoins ou les garants.

Aussi lacommunication avec autrui apparaît comme le premier besoin et sens doute le plus impérieux de tous.

Qu'ellesoit possible suppose qu'il existe entre les hommes quelque communauté et qu'autrui ait été reconnu commemon semblable. - Autrui est en effet le même et l'autre ; et c'est cette double structure qui le caractérise.

Il y a par conséquent deux façons de méconnaître la relation à autrui : on peut nier qu'il soit différent, ou nier qu'il soitsemblable, ce qui, au fond, revient au même.

mais autrui n'est ni autre que moi, ni identique à moi.

Il estalter ego, c'est-à-dire à la fois un autre moi et autre que moi.

Proximité et distance, familiarité et étrangetéqualifient mon rapport à l'autre.

C'est justement la définition de la relation à autrui, en tant qu'elleconditionne la relation que j'entretiens à moi-même, qui constitue le soin de l'attention de Sartre. Objet du texte Il s'agit de mettre au jour la nature de la relation à autrui et ses mécanisme à la fois complexes etparadoxaux.

Mais, derrière la recherche de la nature de cette relation entre moi et autrui, c'est en réalité la manièredont je peux prendre une conscience objective de moi-même qui se joue dans ce texte.

Autrui apparaît comme lemédiateur indispensable entre le moi purement subjectif qui attend la confirmation de son existence effective dansla relation à la fois réifiante puis libératrice que constitue toute relation à autrui. Problématique De quelle manière, par quel mécanisme tout à la fois complexe et composé de moments dialectiques – nieren dépassant – autrui apparaît comme l'intermédiaire indispensable pour que je puisse prendre, réflexivement,conscience de moi-même en tant qu'être effectivement existant et non pas simplement en tant que s'éprouvantsubjectivement ? C'est donc à la fois la nature de la relation à autrui qui est ici mise à la question, que la relation à moi-même commeconscience objective. Mouvements du texte Pour ce faire, Sartre déploie son analyse en trois principaux moments : - 1er Moment : Ce 1 er moment s'étend du début du texte jusqu'à « la conscience qui est mienne ».

Dans ce 1 er moment, Sartre expose l'épreuve qu'une conscience fait de soi quand elle est seule.

Il introduit, comme s'il en analysait la genèse, le regard d'autrui pour étudier ce qui en découle. - 2e Moment : Ce 2 e moment s'étend de « Or autrui est le médiateur » jusqu'à « que j'apparais à autrui ». De là, il apparaît clairement qu'autrui est celui à partir duquel, par l'intermédiaire duquel la conscience de sois'objectivise et devient conscience de soi-même.

Mais cette relation a pour conséquence première laréification de soi dans le regard de l'autre. - 3e Moment : Ce 3 e moment s'étend de « Mais pourtant cet objet », jusqu'à la fin de l'extrait.

Sartre va s'employer à préciser la nature de cette réification en montrant en réalité que je n'existe pas comme autruime voit seulement dans son regard, non, je me reconnais moi-même comme étant tel qu'autrui me voit et parla je me libère de cette réification première en me reconnaissant moi-même.

En ce sens, il apparaîtclairement que l'expérience de la honte apparaît comme l'exemple synthétique à partir duquel se découvrentles mécanismes d'objectivation de la conscience de soi en conscience de soi-même à travers la relation àautrui. Explication détaillée - 1er MOMENT « Je viens de faire un geste maladroit ou vulgaire : ce geste colle à moi, je ne le juge ni ne le blâme, je levis simplement, je le réalise sur le mode du pour-soi.

Mais voici tout à coup que je lève la tête : quelqu'un était là etm'a vu.

Je réalise tout à coup toute la vulgarité de mon geste et j'ai honte.

Il est certain que ma honte n'est pas. »

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