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Jean-Paul Sartre : sa vie et son oeuvre

Publié le 14/11/2018

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À Saint-Germain-des-Prés

 

• 1943. Sartre rencontre Albert Camus et instaure une relation d'amitié et de complicité intellectuelle. Camus lui propose Tannée suivante de collaborer au quotidien de gauche Combat (journal de résistance d'abord clandestin, à sa création en 1941). Les articles de Sartre, surtitrés «Un promeneur dans Paris insurgé» feront la une du journal. Cette relation entre les deux hommes s'achèvera en 1951, date de publication de L'Homme révolté de Camus, qui refuse la conception marxiste de la révolution légitimant l'usage de la violence.

 

• À la Libération, Gallimard permet à Sartre de créer sa propre revue, Les Temps modernes, que l'éditeur accepte de financer et qui deviendra la revue la plus influente de la gauche intellectuelle. Dès le premier numéro des Temps modernes, en octobre 1945, Sartre annonce très clairement

le projet de la revue : «Nous nous rangeons du côté de ceux qui veulent changer à la fois la condition sociale de l'homme et la conception qu'il a de lui-même. Aussi, à propos des événements politiques et sociaux qui viennent, notre revue prendra position en chaque cas. Elle ne le fera pas politiquement, c'est-à-dire qu'elle ne servira aucun parti.» 

L'INTELLECTUEL PAR EXCELLENCE

 

Jean-Paul Sartre est l'une des figures intellectuelles françaises les plus importantes du xxe siècle, à l'œuvre foisonnante et protéiforme (romans, nouvelles, philosophie, théâtre, cinéma, autobiographie, biographies, essais critiques, reportages, journalisme, chansons). Du Sartre apolitique et individualiste à l'auteur engagé, on observe différentes étapes qui le font glisser progressivement vers le statut d'intellectuel intouchable.

 

• L'Idiot de la famille (1971-1972)

 

Cette œuvre s'élabore en rebondissant sur les différents socles théoriques que sont L'Imaginaire, L'Être et le Néant Question de méthode et Critique de la raison dialectique, pour permettre à Sartre d'« écrire tout ce qu'il y a à dire sur Flaubert». Projet qui cherche à comprendre «l'imaginaire comme détermination cardinale d'une personne», qui tente de décrire la névrose du jeune Flaubert et d'expliquer l'impact de sa passivité d'enfant sur sa vocation d'écrivain.

 

Les deux premiers volumes, qualifiés de «saga anthropologique», décrivent la «constitution» et la «personnalisation» de Flaubert.

Douze années d'enseignement

Sartre effectue ses premières années d'enseignement au lycée du Havre. Il s’installe à l'hôtel Printania, prend ses repas au café Guillaume Tell où, ainsi que dans la salle de la bibliothèque municipale, il entreprend la rédaction d'un «factum sur la contingence».

Dès les années havraises, Sartre s'engage dans une pratique pédagogique nouvelle, défiant tous les usages, toutes les administrations, toutes les conventions. Il est pour ses élèves le plus inattendu des enseignants, prenant à contre-pied les habitudes et méthodes de ses collègues : il fume la pipe, porte un pull sans cravate, parle sans notes, les mains dans les poches, s'assoit sur le bureau ; il aborde ses élèves sans le moindre souci hiérarchique, leur parle de saint Anselm et des maladies mentales, de Kant et des bourgeois du Havre, les initie au cinéma...

Il se rapproche progressivement de la capitale, à partir de 1937 d'abord, en entrant au lycée Pasteur de Neuilly, puis comme professeur de khâgne au lycée Condorcet, à Paris même, en 1941.

•  Sartre mettra un terme à sa carrière d'enseignant en juin 1944, en acceptant un fastueux contrat de scénariste proposé par Pathé. Pour lui qui s'est toujours intéressé au cinéma, c'est l'occasion de passer à l'acte et d'écrire.

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« «�existentialisme est un humanisme», et alors présente les fondements de sa philosophie.

En mars 1946, il publie un texte qui sert encore de nos jours de référence, même s'il est controversé : L'existentialisme est un humanisme.

• Qu'est-ce que la littérature? (1947) Du fait de ses fortes prises de position, Sartre commence à devenir un homme public.

Il engage alors un questionnement sur le rôle et la fonction de la littérature en société : Qu'e st-ce que la littérature? La notion d'engagement apparaît au terme de la Seconde Guerre mondiale et désigne la pensée ou l'art de celui qui renonce au confort que pourrait lui assurer sa position d'intellectuel ou d'artiste, pour prendre part aux conflits sociaux de son temps, le plus souvent pour y défendre des valeurs menacées et surtout les faibles, les persécutés et les exploités.

C'est bien là une des missions que Sartre se donnera jusqu'à la fin de sa vie.

COMPAGNON DE ROUTE DU PCF (1952-1956) Alors que Sartre a jusqu'à présent toujours été hostile au Parti communiste français (PCF) et aux groupes politiques en général, un dialogue avec le PCF s'engage à partir de l'arrestation, en 1952, de Jacques Duclos (secrétaire du Parti) dénoncée par Sartre dans le fameux texte : «Les Communistes et la Paix." Autre texte essentiel de cette période : celui consacré à l'exécution des époux Rosenberg (accusés par le gouvernement américain d'espionnage au profit de l'URSS).

Durant cette même période, Sartre va rencontrer les dirigeants communistes Mais l'aventure n'a qu'un temps.

La répression soviétique dans la ville insurgée de Budapest, en 1956, marque la rupture avec le PC.

Sartre condamne l'intervention russe, ce qui signe la fin de son compagnonnage avec le Parti.

DEUX DÉCENNIES D'ENGAGEMENT SARTRE ET L'AlGÉRIE • Dès 1956, Sartre soutient la cause algérienne, notamment en publiant dans Les Temps modernes un texte («Le colonialisme est un système») en faveur des opprimés, les colonisés.

• En septembre 1960, lors du procès du réseau Jeanson, accusé d'avoir «porté les valises" (financé) du Front de libération nationale (FLN}, Sartre transmet du Brésil un télégramme dans lequel il affiche à leur égard son «entière solidarité».

• Au même moment un manifeste rédigé à 11nitiative de Maurice Nadeau proclame «le droit à 11nsoumission dans la guerre d'Algérie"; il est signé par cent vingt et un intellectuels (c'est le Manifeste des 121).

Sartre en fait partie.

• Sartre poursuit sa dénonciation du colonialisme et de ses pratiques en préfaçant le livre du psychiatre Frantz Fanon, Les Damnés de la terre (1961 ).

• En 1966, Sartre préside le Tribunal Russell qui, à 11nitiative du prix Nobel de littérature Bertrand Russell, un philosophe et logicien britannique, fait le procès des crimes de guerre américains au Vietnam.

• Les étudiants s'élèveront eux aussi contre ces crimes : cela fera partie de leurs revendications en mai 1968, lors d'un des chocs les plus violents subis par la société française depuis le début du xX' siècle.

Ils tenteront d'inventer des projets autour de nouveaux modèles révolutionnaires, et Sartre sera l'un des rares intellectuels en phase avec leur aspiration à construire une société différente.

Il est notamment appelé par les étudiants (ici avec Daniel Cohn­ Bendit) à prendre la parole dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne investi par ces derniers (20 mai 1968}.

• À la fin des années 1960, la censure bat son plein; certains groupes maoïstes voient leurs publications saisies et leurs directeurs arrêtés sur ordre du ministre de l'Intérieur.

Parmi eux, certains s'adressent à Sartre pour utiliser son nom comme bouclier.

• En 1970, le philosophe accepte de prendre la direction de La Cause du peuple, journal maoïste de la Gauche prolétarienne.

Il partagera pendant militante de ses nouveaux camarades maoïstes et écrira des articles.

Sartre sera d'ailleurs embarqué (mais relâché au bout de quelques heures) au cours de l'une des distributions sauvages du journal.

• Cette même année 1970, il préside un «tribunal populaire" institué afin de protester contre la mort de seize mineurs dans les Houillères du Nord.

• Il soutiendra également une action menée par le Groupe d'intervention sur les prisons (GIP) formé par Michel Foucault, Jean-Marie Domenach et Pierre Vidai-Naquet contre les conditions de détention dans les prisons françaises (février 1971}.

• Sartre apparaît aussi aux côtés d'ouvriers licenciés par Renault et protestant par une grève de la faim.

• Son combat, Sartre l'a mené à travers ses livres, ses déclarations dans la presse, et surtout par sa revue, qui l'a amené à s'intéresser à l'écriture journalistique et à l'invention d'un style qui rende compte à la fois du quotidien et des «communications parlées>>.

Il souhaite ainsi créer une agence de presse révolutionnaire : l'agence de presse Libération est créée en juin 1971 ; elle engendre en 1973 le quotidien du même nom, que Serge July dirige à partir de 1974.

UN PROPHtTE DES TEMPS MODERNES Cet intellectuel «intouchable"· conscience morale internationale, est invité durant les années 1960 par de nombreux chefs d'État.

Il devient ainsi un véritable ambassadeur sans mandat d'une autre France.

• Cinq ans après la Chine (1960}, un autre pays en mutation sollicite à son tour sa présence : Cuba (déclarations, conférences, échanges avec Che Guevara, Fidel Castro).

• Il visite également la Yougoslavie et le Brésil.

• En 1966, il est invité au Japon, où il est accueilli comme un messie par de jeunes écrivains (Noma Hiroshi, Oé Kenzaburô, Hanada Kiyoteru).

• �année suivante, c'est le Proche- Orient.

En lgypte, le colonel Nasser s'entretient de nombreuses heures avec le philosophe, et le voyage en Israël dure une quinzaine de jours.

Er TOUJOURS L'ÉCRITURE, LA PENSÉE ••• • Critique de la raison dialectique (1960) Sartre fait le point sur les difficiles négociations entre l'existentialisme sartrien et le marxisme, et il tente de répondre à cette grande question : quel est le sens de l'Histoire -est-ce que l'Homme contient l'Histoire? est-ce que l'Histoire contient l'Homme? • Les Mots (1963) C'est l'autobiographie de Sartre, commencée dès 1953 et conçue au départ comme le récit d'une conversion : comment un enfant de la bourgeoisie, héritier de la culture littéraire, en est venu à se contester et à se rallier aux valeurs révolutionnaires.

Ce texte est divisé en deux parties «Lire», «Écrire», récit des douze premières années de la vie de l'auteur.

Selon Sartre Les Mots ont été écrits pour répondre à la même question que pose L'Idiot de la famille : «Comment un homme devient-il quelqu'un qui écrit, quelqu'un qui veut parler de l'imaginaire?» • L'Idiot de la fam ille (1971·1972) Cette œuvre s'élabore en rebondissant sur les différents socles théoriques que sont L'Imaginaire, L'ttre et le Néant Question de méthode et Critique de la raison dialectique, pour permettre à Sartre d'« écrire tout ce qu'il y a à dire sur Flaubert».

Projet qui cherche à comprendre. »

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