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Jeux de miroirs et double registre

Publié le 15/03/2015

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Jean Rousset considère ce public clairvoyant comme une projection de l'auteur au sein de sa création. Ces personnages-témoins sont, dit-il, les « délégués indi­rects du dramaturge dans la pièce. «

C'est grâce à Lisette que la Silvia du Jeu de l'amour et du hasard commence à voir clair dans son coeur et à comprendre qu'elle est en train de tomber amoureuse d'un « valet « : « Il s'agit d'un valet, ah, l'étrange chose. Écartons l'idée dont cette insolente est venue me noircir l'imagination. « (II, 8)

La seule « insolence « de la soubrette est d'avoir perçu la vérité avant l'intéres­sée elle-même et d'avoir su par ces mots cristalliser un sentiment qui n'osait pas encore s'appeler par son nom.

 

Cette lucidité culmine dans le personnage de Dubois, le maître du jeu des Fausses Confidences. Jean Rousset voit en lui « le type accompli de l'acteur témoin «. Et la parfaite incarnation du dramaturge qui perce le secret des cœurs et invente les occasions de le faire accéder à la réalité.

« E X P 0 S É S F C H E S ~ Il -LE DOUBLE REGISTRE « Des personnages latéraux » Dans l'essai qu'il consacre à la« structure du double registre» chez Marivaux, Jean Rousset remarque que les « personnages latéraux » qui évoluent « en marge des personnages principaux» sont de redoutables observateurs: «c'est aux per­ sonnages latéraux que sera réservée la faculté de voir, de regarder les héros vivre la vie confuse de leur cœur.

Ils ausculteront et commenteront leurs gestes et leurs paroles, ils interviendront pour hâter ou retarder leur marche, faire le point d'une situation toujours incertaine, interpréter les propos équivoques.

» (in Forme et signification, Corti, 1962) La projection du dramaturge Jean Rousset considère ce public clairvoyant comme une projection de l'auteur au sein de sa création.

Ces personnages-témoins sont, dit-il, les « délégués indi­ rects du dramaturge dans la pièce.

» C'est grâce à Lisette que la Silvia du Jeu de l'amour et du hasard commence à voir clair dans son cœur et à comprendre qu'elle est en train de tomber amoureuse d'un« valet»:« Il s'agit d'un valet, ah, l'étrange chose.

Écartons l'idée dont cette insolente est venue me noircir l'imagination.

»(II, 8) La seule « insolence » de la soubrette est d'avoir perçu la vérité avant l' intéres­ sée elle-même et d'avoir su par ces mots cristalliser un sentiment qui n'osait pas encore s'appeler par son nom.

Cette lucidité culmine dans le personnage de Dubois, le maître du jeu des Fausses Confidences.

Jean Rousset voit en lui « le type accompli de l'acteur témoin ».

Et la parfaite incarnation du dramaturge qui perce le secret des cœurs et invente les occasions de le faire accéder à la réalité.

La place du spectateur Le double registre transforme chaque pièce en « un véritable mécanisme de sy­ métries, de figures rigoureusement géométriques » (J.

Rousset).

Cette structure installe le spectateur au centre de son dispositif.

Elle lui offre le plaisir « d'une at­ tention binoculaire», «d'une double lecture» où il se découvre capable de déchif­ frer, sous les jeux de décalages et de correspondances, une vérité qui éclate enfin, lorsqu'au dénouement les personnages regardés se voient comme les voyaient ceux qui les observaient, acteurs-témoins et spectateurs confondus.. »

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