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John Hopkinson

Publié le 22/02/2012

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Le grand essor de la technique dans l'Angleterre du XIXe siècle est dû à des hommes d'origine et de formation extrêmement diverses. Beaucoup d'entre eux étaient des gens doués d'un génie naturel, qui, ayant suivi la filière commune de l'apprentissage technique ou industriel, avaient acquis leurs connaissances scientifiques par un effort indépendant : c'est dans cette classe que se rangent exactement Sir Joseph Whitworth et Sir Joseph Swan. D'autres étaient des savants distingués, tels Kelvin et Wheatstone, qui inclinaient à l'étude des applications de la science à des fins pratiques. Un très petit nombre de ceux qui s'élevèrent jusqu'à une situation éminente, dans le domaine de la technique, et qui s'étaient, dès leur jeunesse, voués à une carrière de technicien, avaient commencé leur formation en suivant un cours universitaire de mathématiques ou de physique. John Hopkinson était de ceux-là. Né à Manchester, le 27 juillet 1849, de parents aisés, sinon riches, il grandit dans un milieu familial où régnait un idéal élevé de conscience et de probité, dû à de profondes convictions religieuses. Le père lui-même, ingénieur mécanicien, était un homme de convictions libérales, mais d'une grande indépendance d'esprit. Il est assez naturel que le fils aîné ait marché sur les traces de son père, mais il est remarquable que ce dernier, essentiellement praticien, ait envoyé le jeune garçon, une fois son temps d'écolier échu, à l'Owens College, récemment fondé à Manchester. Le jeune Hopkinson y montra une disposition marquée pour les mathématiques et il se présenta au concours d'admission du Trinity College de Cambridge. En 1867, Hopkinson remporta un "minor scholarship", et alla au Trinity pour y suivre les mathématiques. Il travailla avec calme et application, non cependant au point de négliger les autres activités normales d'un étudiant, puisqu'il prit au contraire une part considérable aux manifestations athlétiques universitaires : il s'y distingua comme coureur et devint même chef du deuxième Trinity Boat Club. En 1871, il obtint, aux examens, la première place, celle de Senior Wrangler.

« d'inventions et de rapide expansion, telle que celle des années 1880-1890, voit généralement surgir toutes sortes delitiges techniques et scientifiques.

Les services de Hopkinson furent, de bonne heure, requis, à Londres, pourexpertises juridiques en matière de brevets, et il fit preuve d'une surprenante aptitude pour cette sorte de besogne.Il advint même que son activité de juriste constituât la partie la plus lucrative de son métier d'expert. L'Oeuvre technique de Hopkinson suffisait, à elle seule, à le placer au premier rang des ingénieurs.

Mais il se signala,en outre, par deux catégories de recherches, dont on peut dire qu'elles relèvent de la science pure : celles qu'il fit,d'une part, sur les matériaux ferromagnétiques, d'autre part, sur les propriétés de certains diélectriques.

Son étudesur le magnétisme débuta par la réunion de données précises sur les propriétés des matériaux magnétiques employésdans la construction des dynamos ; mais ces recherches furent poursuivies sur un plan fondamental et consignéesdans une série de rapports à la Royal Society, qui ont maintenant pris place dans la littérature classique dumagnétisme. C'est probablement le traité de Maxwell, sur l'Électricité et le Magnétisme, publié en 1872, qui éveilla l'intérêtd'Hopkinson pour les diélectriques.

La théorie de Maxwell établissait un rapport entre l'indice de réfraction et laconstante diélectrique d'un milieu transparent, et la déviation des diélectriques réels à l'égard de cette loi préoccupaHopkinson pendant une vingtaine d'années.

Son "principe de superposition" a pris corps dans une théoriefondamentale des diélectriques.

L'Oeuvre scientifique de Hopkinson a été reconnue par sa réception à la RoyalSociety, à l'âge de vingt-neuf ans. A partir de 1880, il était devenu l'une des autorités incontestées en matière d'électricité.

Il fut nommé membre dujury de la grande exposition de l'Électricité de Paris, en 1881.

En 1890, il se vit offrir la chaire de techniqueélectrique, nouvellement créée, au King's College, à l'Université de Londres.

Les conditions de son contrat luipermettaient de poursuivre sa carrière d'expert et l'obligeaient simplement à diriger l'enseignement et le travail dulaboratoire.

Il apporta au collège l'impulsion d'un esprit de première grandeur, activement engagé dans la plupart desproblèmes électriques de son temps.

Sa méthode personnelle, tant dans l'enseignement que dans la recherche,consistait à développer, dans ses élèves, la capacité de résoudre, par leurs propres moyens, les problèmes qui seposaient à eux. Hopkinson était membre des trois "Engineering Institution" : civile, mécanique, électrique, et eut le rare honneurd'être à deux reprises président de la dernière.

Lors de sa deuxième présidence, il contribua à la formation du"Volunter-Corps of Electrical Engineers", sans doute la première unité militaire britannique, spécialement chargée detravaux électriques. Il était à l'apogée de sa carrière, lorsqu'un accident de montagne mit brusquement fin à ses jours, en Suisse.

Il avaitune vraie passion pour l'alpinisme et, depuis 1871, faisait régulièrement des ascensions dans les Alpes suisses.

Enaoût 1898, il entreprit de monter à la Petite Dent, par le col de Zarmine en compagnie de son fils Jack et de sesfilles Alice et Lina.

La troupe ne revint jamais : ils périrent tous dans une chute, près du sommet. La vie de Hopkinson nous offre le spectacle d'un succès, pour ainsi dire, constant, dans son activité publique, etd'un bonheur domestique parfait, dans l'intimité de son foyer.

En lui, étaient réunies, de la manière la plus heureuse,des qualités diverses : talent mathématique, pénétration scientifique, claire compréhension des exigences pratiques.Il entra en scène à un moment où les possibilités de manifestation de pareilles facultés étaient presque illimitées, etil le fit, armé comme peu de ses contemporains.

Ses réalisations techniques sont caractérisées par une applicationfoncièrement simple et directe des principes scientifiques.

Mieux que toute autre, la remarque suivante faitcomprendre le point de vue de Hopkinson à l'égard de tout problème scientifique, à savoir que la théorie ne doit pasêtre chargée d'hypothèses inutiles, remarque contenue dans son allocution présidentielle de 1896.

Se référant à lathéorie de Maxwell, il y dit : "Que le postulat d'un éther qui pénètre tout, soit, ou ne soit pas, une nécessitémétaphysique, il est certainement recommandable que l'homme pratique et le physicien abandonnent cette questionaux métaphysiciens." La probité et le talent étaient les qualités dominantes que le monde admira en lui, et lorsque luivinrent le succès et les honneurs, il resta modeste et semblable à lui-même.

Il faisait peu de cas des distinctions,mais deux d'entre elles qui lui échurent lui firent un plaisir tout particulier : la médaille de la Royal Society qui lui futaccordée en 1890, pour ses recherches sur les propriétés magnétiques du fer, et son élection à l'Athenaeum en1887, en qualité de l'un des neuf personnages élus annuellement, en raison de leurs mérites en "littérature, art ouscience". Son énergie, sa capacité, son ambition étaient subordonnées à une foncière droiture et austérité du caractère.

Ilavait une calme dignité naturelle et une réserve telle qu'il en paraissait peu sociable, mais il possédait un don réel desympathie humaine et de compréhension.

Il n'était aucunement dépourvu d'humour, et son rire était sonore etcordial.

Il détestait les conventions, montrait un sain scepticisme devant les vérités admises et prenait même unplaisir légèrement malicieux à l'iconoclastie.

Sa simplicité de vrai grand homme s'exprime peut-être le mieux dans cesmots qu'il adressait, en 1892, à la jeune Engineering Society : "Notre connaissance est, nécessairement, toujourslimitée ; mais le connaissable est illimité.

Plus grande est notre sphère de connaissance, plus étendue aussi lasurface de contact avec notre infinie ignorance.". »

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