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JUGEMENT

Publié le 29/05/2012

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n. m. 1° Action de juger, au cours d'un procès, devant un tribunal. Résultat de ce procès, sentence prononcée par les juges. À ce premier sens correspond l'adjectif judiciaire (qui est relatif à la justice établie). Voir aussi Juridique. 2° Avis, appréciation ou opinion que l'on émet sur quelqu'un ou sur quelque chose. Aperçu, point de vue, pensée, sentiment. Le jugement en question peut être purement logique (opération de l'esprit qui pose telle vérité, telle relation entre des concepts). Il peut être une simple considération objective, ou au contraire comporter une appréciation morale : on oppose ainsi jugement de fait (Don Juan délaisse ses épouses) à jugement de valeur (Don Juan est une crapule infâme). 3° Aptitude à juger et à bien juger (au sens n° 2). Le jugement, dans ce sens, est tantôt considéré comme la faculté de raisonner avec justesse (de façon rationnelle, intelligemment), tantôt assimilé à une sorte d'intuition globale spontanée (bon sens, perspicacité). Former son jugement. Manquer de jugement. Un homme de jugement. Dans ce sens, l'adjectif correspondant est judicieux. Un homme de grand jugement a toujours des avis judicieux. 4° Au sens religieux, le Jugement dernier : celui que Dieu prononcera à la fin du monde, réglant pour l'éternité le sort de tous les êtres humains, vivants ou morts (ressuscités). Cette scène, annoncée dans la religion chrétienne, a fait l'objet de nombreuses oeuvres d'art qui portent ce titre.

« PHOO --------------------------------------------------------~ 3e groupe de notions C'est pourquoi un médecin, un juge ou un homme d'Etat peuvent avoir dans la tête beaucoup de belles règles de pathologie, de jurisprudence ou de politique, à un degré capable de les rendre de savants professeurs en ces matières, et pourtant se tromper facilement dans l'application de ces règles, soit parce qu'ils manquent de jugement naturel, sans manquer cependant d'entendement et que, s'ils voient bien le général in abstracto, ils sont incapables de distinguer si un cas y est contenu in concreto, soit parce qu'ils n'ont pas été assez exercés à ce jugement par des exemples et des affaires réelles ».

« Le manque de jugement, ajoute KANT, est proprement ce que l'on appelle stupidité et à ce vice il n'y a pas de remède.

Une tête obtuse ou bornée en laquelle il ne manque que le degré d'entendement convenable et de concepts qui lui soient propres, peut fort bien arriver par l'instruction jusqu'à l'érudition.

Mais comme alors, le plus souvent, ce défaut accompagne aussi l'autre, il n'est pas rare de trouver des hommes très instruits qui laissent incessamment apercevoir dans l'usage qu'ils font de leur science ce vice irrémédiable» (1).

Ainsi le jugement apparaît-il ici comme une faculté de discernement grâce à laquelle nous pourrons juger c'est-à-dire appliquer à des cas particuliers et même singuliers les règles et les concepts de l'entendement et déclarer, par exemple, que tel phénomène A est la cause du phénomène B ou encore que, dans telle ou telle situation déterminée, nous devons moralement faire ceci et éviter cela.

C'est ce que KANT appelle l'usage déterminant de la faculté de juger et qu'il oppose, dans sa Critique du jugement, à l'usage réfléchissant de cette faculté, telle qu'elle se manifeste, en particulier, dans le jugement esthétique où la beauté attribuée à l'objet n'est pas un concept mais l'expression d'un plaisir particulier, désintéressé, nécessaire et universel en droit.

Ce second sens du mot «jugement», comme source personnelle de lucidité, n'est d'ailleurs pas sans équivalent dans la philosophie platonicienne ou cartésienne.

Il faut même le voir expressément désigné dès les premières lignes du Discours de la méthode dans lesquelles DESCARTES évoque« la puissance de bien juger et de distinguer le vrai d'avec le faux qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison» ...

c'est-à-dire aussi l'entendement.

Il a seulement pris chez KANT un contenu très précis et très particulier directement lié à la théorie kantienne de la connaissance.

Georges DUHAMEL, lui, parlera plus familièrement de «cette faculté principalement intuitive qu'en bon français on nomme la jugeote» mais qui, comme l'écrit encore KANT, parce qu'elle ne permet pas seulement de distinguer des choses les unes des autres- ce que les animaux peuvent faire, qui ne confondent pas, par exemple, un mur et une porte ni de la viande et du pain -mais de connaître et donc d'énoncer logiquement leurs différences et de faire de celles-ci «des objets de pensée», n'en reste pas moins une faculté essentiellement humaine.

(1) Critique de la raison pure, P .U .F., pages 148-149.

68. »

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