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Jusqu'à quel point la raison a-t-elle à s'occuper de l'irrationnel ?

Publié le 27/02/2008

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Hegel, qui fait de la philosophie la science spéculative par excellence, pose que: « Tout ce qui est rationnel est réel, tout ce qui réel est rationnel ». Avec pareille formule, ce qui tombe en dehors de la raison est de l'ordre de l'inexistant, de l'illusoire, ou du superflu. Il est dans la logique du rationalisme dogmatique de choisir le parti de chasser l'irrationnel en dehors de la réalité et de refuser de lui reconnaître une réalité, de n'accorder de pleine et entière réalité, qu'à ce que la Raison peut expliquer. Le rationnel, c'est tout ce qui a été expliqué ou maîtrisé par la raison qui se voit alors charger de la tâche de pourchasser l'irrationalité. De ce point de vue, l'irrationnel n'est que le fantôme de l'ignorance humaine. Pascal nous présente un point de vue très différent. Pascal en effet, est à la fois un des esprits scientifiques les plus brillants de son temps, mais il est aussi doublé d'un mystique. Dans les Pensées il nous dit que « la dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent ; elle n'est que faible si elle ne va jusqu'à connaître cela ».Accepter qu'il puisse y avoir de l'irrationnel, c'est être rationnel. Il est rationnel de reconnaître les limites de la raison. Cette position s'allie aisément avec la foi. Les vérités de la foi sont supérieures à celles de la raison. Y a-t-il à une contradiction ? La question est: donc :jusqu'à quel point la raison a-t-elle à s'occuper de l'irrationnel ?


« dénonce certes la magie, mais fait nettement l'éloge de l'astrologie et de l'occultisme ! Autre exemple : Giordano Bruno, parce qu'il a soutenu que l'espace et l'univers sont infinis et qu'il existe uneinfinité de mondes analogues au nôtre, a été rangé dans l'avant-garde de la science moderne.

Il est devenu aussi lafigure exemplaire du martyr de la science.

Son côté iconoclaste séduit.

Il a été brûlé pour avoir contesté plusieursdogmes de l'Eglise, en particulier parce qu'il avait affirmer l'infinité de l'univers.

Le mythe du martyr de la science est né avec lui.

Il est facile de projeter sur lui un concept du scientifique moderne, en ne retenant que ce qui cadreavec notre interprétation actuelle, de ce que doit être la rationalité scientifique.

Mais quand on lit ses textes, quedécouvre-t-on ? C'est avant tout un philosophe de la Nature, qui entre mal dans le schéma de la représentationmécaniste de la science moderne.

Il ne semble même pas avoir compris les travaux de Copernic.

Il ne croit pas auxmathématiques.

Il est dans son orientation très loin de l'idéal scientifique moderne.

C'est plutôt un philosophe de la Nature mû par un enthousiasme mystique.

C'est d'ailleurs ce qui a séduit les Romantiques.

Il révère l'âme des astres et toute son oeuvre est empreinte d'une vision lyrique d'une finalisme très éloigné du mécanisme.

Giordano Bruno estl'exemple de ce que la religiosité cosmique constitue un ressort puissant de la recherche scientifique.

Ce n'est pasvraiment un scientifique au sens que l'on donne à ce mot aujourd'hui. Newton passe pour une sorte de Père fondateur de la Science moderne.

Il est connu pour ses Principes mathématiques d'une philosophie de la Nature et la célèbre théorie de l'attraction gravitationnelle.

C'est à lui que l'on se réfère pour dire que le savant ne doit pas « feindre d'hypothèse », mais seulement observer, induire leshypothèse de l'observation.

La forme géométrique de sa présentation des Principes est aussi un modèle que l'on admire pour son application rigoureuse de l'idéal de la mathésis universalis. .

Newton est non seulement une autorité, mais il devenu un mythe de la science moderne.

Au point que la majorité des historiens font l'impasse sur le reste de son oeuvre et en gomme les aspects les moins orthodoxes.

Ce n'est qu'à demi-mot que l'on dit que Newton s'est« un peu » intéressé à l'alchimie et qu'il faisait aussi de la théologie.

Mais ce « peu » est énorme ! Newton abeaucoup écrit sur l'alchimie, plus encore que sur la théologie.

Il connaissait très bien les alchimistes du Moyen-Age.Une historienne, Betty Dobbs précise : « Newton avait lu les alchimistes grecs, les alchimistes arabes, les alchimistes de l'Occident latin médiéval, de la Renaissance et de sa propre époque ».

Il a même été chercher confirmation deses propres vues dans la philosophie de Pythagore et sa mystique des nombres.

Etrange scientifique que ceNewton ! Mais il y a encore plus curieux dans la réception du travail scientifique de Newton.

Comment a-t-il été considérépar ses pairs ? Newton inventait en fait un nouveau paradigme au sein de l'explication mécaniste de l'univers, le paradigme de électro-magnétisme .

Et c'est le modèle scientifique qui a été critiqué par le mécanisme néo- cartésien.

Ce qui a choqué les cartésiens , c'est l'obscurité de la notion nouvelle de force et l'idée d'une « action à distance » et non par contact.

La théorie de la gravitation s'est heurtée a des résistances considérables quand elleest apparue, de la part les tenant du paradigme mécaniste issu de Descartes.

Leibniz lui reproche d'avoir dans l'idée d'attraction universelle, introduit une « qualité occulte ».

Selon le mécanisme en effet, la causalité suppose un contact .

C'est ce qui permet de comprendre clairement une relation linéaire de cause à effet.

Une boule de billard cogne une autre boule et se trouve projetée mécaniquement.

Comment admettre que deux masses puissent s'attirer« à distance » ? « Recourir à une force occulte, s'était aux yeux des partisans de Descartes une monstruositéépistémologique qui caractérisait les pires formes de la métaphysique ou de la magie ».

Le comble en l'affaire, c'estque Descartes avait pourtant proposé une « théorie des tourbillons » pour rendre compte des mouvements dans lanature sans recourir à l'action par contact ! Et Newton y était vigoureusement opposé ! ! Qu'est-ce que donc endéfinitive que la force pour Newton ? Un concept scientifique ? Non.

Pas du tout.

Il n'hésite pas à parler d'un« esprit très subtil.

Qui circule à travers les corps grossiers », grâce auquel les particules de matière s'attirentlorsqu'elles sont éloignées les unes des autres, esprit qu'il applique aussi à l'explication des phénomènes optiques.

Cefameux « esprit » n'est pas un flux de particules matérielles, car Newton refusait d'admettre, comme Descartes, quela nature soit seulement composé de matière et de mouvement.

Comment expliquer alors son attachement auconcept de force et son rejet du mécanisme cartésien ? La force a pour Newton un aspect nettement psychique . Newton voulait en fait sauvegarder certaines des intuitions des alchimistes et leur donner une forme nouvelle.

Loinde vouloir rompre avec l'alchimie, il y cherchait une confirmation des ses propres vues.

Il se faisait délibérément de la notion de force une idée qui pour nous semble très irrationnelle. Nous pourrions trouver quantité d'autres exemple, mais le cas Newton nous montre bien qu'i l est illusoire de vouloir opposer la rationalité scientifique à une interprétation préscientifique, animiste de la Nature .

Ce n'est même pas une question d'histoire.

A-t-on jamais rencontré ici-bas un « pur » scientifique ? « Le » scientifiquedélivré de la représentation pré-scientifique n'est-il pas un être de raison ? La coupure n'existe pas entre un âge préscientifique/ âge scientifique, elle est verticale et non temporelle.

Larationalité scientifique plonge de tout temps ses racines dans l'irrationnel.

Selon un aveu des ultra-rationalistes, larose pousse sur le fumier.

Le lotus pousse dans la vase, sans la vase il ne pourrait même pas pousser ! Il ne fautpas se laisser abuser par la rigueur trompeuse des Principia mathematica philosophiae naturalis .

Cette présentation peut laisser penser que Newton avait conduit une oeuvre objective et rationnelle, mais ce n'est là qu'une méthode d'exposition .

Selon les historiens contemporains, même ses expérimentations ne lui ont peut-être pas servi à faire des découvertes, mais seulement à vérifier ce qu'il savait déjà. Il serait très facile de multiplier les exemples, jusque chez les scientifiques les plus récents.

On n'aura aucun malà montrer comment une intuition, dite "scientifique", qui a trouvé sa mise en forme rationnelle, a pu être puisée dans des influences « irrationnelles ».

L'erreur est ici de croire que la science est de part en part rationnelle.

Non seulement on ne peut pas opposer strictement le rationnel et l'irrationnel, mais le rationnel naît sur. »

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