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KANT: Quand la question est de savoir si une chose est belle

Publié le 27/02/2008

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Quand la question est de savoir si une chose est belle, ce que l'on veut savoir, ce n'est pas si l'existence de cette chose a ou pourrait avoir quelque importance pour nous-même ou pour quiconque, mais comment nous en jugeons quand nous nous contentons de la considérer (dans l'intuition ou dans la réflexion). Si quelqu'un me demande si je trouve beau le palais que j'ai devant les yeux, je peux toujours répondre que je n'aime pas ce genre de choses qui ne sont faites que pour les badauds ; ou bien comme ce sachem iroquois, qui n'appréciait rien à Paris autant que les rôtisseries ; je peux aussi, dans le plus pur style de Rousseau, récriminer contre la vanité des Grands, qui font servir la sueur du peuple à des choses si superflues ; je puis enfin me persuader bien aisément que si je me trouvais dans une île déserte, sans espoir de revenir jamais parmi les hommes, et si j'avais le pouvoir de faire apparaître par magie, par le simple fait de ma volonté, un édifice si somptueux, je ne prendrais même pas cette peine dès lors que je disposerais déjà d'une cabane qui serait assez confortable pour moi. On peut m'accorder tout cela et y souscrire, mais là n'est pas le problème. En posant la dite question, on veut simplement savoir si cette pure et simple représentation de l'objet s'accompagne en moi de satisfaction, quelle que puisse être mon indifférence cocnernant l'existence de l'objet de cette représentation. On voit aisément que c'est ce que je fais de cette représentation en moi-même, et non pas ce en quoi je dépends de l'existence de l'objet, qui importe pour que je puisse dire qu'un tel objet est beau et pour faire la preuve que j'ai du goût. Chacun devra admettre que le jugement sur la beauté au sein duquel il se mêle le moindre intérêt est tout à fait de parti pris et ne constitue ement un jugement de goût qui soit pur. Il ne faut pas se soucier le moins du monde de l'existence de la chose mais y être totalement indifférent, pour jouer le rôle de juge en matière de goût. (...)                           Définition du beau : Le goût est la faculté de juger ou d'apprécier un objet ou un mode de représentation par une satisfaction ou un déplaisir, indépendamment de tout intérêt. On appelle beau l'objet d'une telle représentation.KANT

-          Le beau, dans un premier temps doit être distinguer de l’utile : est utile tout ce qui satisfait directement ou indirectement d’un besoin, mais ce terme s’applique tout particulièrement aux moyens indirects de cette satisfaction : les outils, les machines, les gestes des différents métiers, les échanges ou l’argent. Or la chose belle ne satisfait pas plus directement un appétit de consommation, mais elle ne contribue pas non plus à produire des moyens de satisfaire cet appétit. Devant une belle œuvre on ne demande pas à quoi « ça sert ? «.

-          Mais tout comme la beauté ne peut pas légitimement identifier à l’utilité, elle ne peut pas non plus, en toute rigueur, être identifier à l’agréable. Et c’est précisément l’enjeu de l’extrait qui nous occupe que de montrer que le jugement de goût propre à juger la beauté est à la fois pur de tout intérêt et libérer de toute notion d’agrément au sens de ce qui plait.

 

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« goût » est la reine. - 2e Moment : Ce 2 e Moment s'étend de « toutefois ce n'est pas là la question » jusqu'à la fin du paragraphe.

Ce 2 Moment constitue à proprement parle la distinction conceptuelle entre beau et agréable,distinction ayant pour but de ramener la beauté dans la sphère de l'objectivité en en faisant un jugementabsolument désintéressé.

C'est donc la définition de la nature du beau qui s'amorce ici dans notre extrait àtravers la découverte de l'une de ses caractéristiques propres, à savoir le désintéressement. Explication détaillée 1er Mouvement « Si l'on me demande si je trouve beau le palais que je vois devant moi, je puis sans doute répondre : jen'aime pas ces choses qui ne sont faites que pour les badauds, ou encore répondre comme ce sachem iroquois quin'appréciait à Paris que les rôtisseries ; je peux bien encore déclamer, tout à la manière de Rousseau, contre lavanité des grands qui abusent du travail du peuple pour des choses aussi inutiles ; enfin je puis me persuader bienfacilement que si je me trouvais dans une île inhabitée, sans espoir de jamais revenir parmi les hommes, et quej'eusse le pouvoir par le simple fait de le souhaiter d'y transporter magiquement un tel palais, je n'en prendrais mêmepas la peine, supposé que je possède une masure assez confortable pour moi.

On peut m'accorder tout cela etl'approuver » - On ne saurait prétendre que ce qui produit chez quelqu'un le sentiment d'agrément, produit un tel sentiment chez tout le monde.

Ainsi Kant dresse-t-il une liste montrant qu'il y a plusieurs manières d'êtretouché par un palais.

Ici beau est assimiler à « ce qui plait », puisque les réponses vont dans le sens duplaisir ou du déplaisir.

C'est dans cette perspective qu'il faut comprendre notamment l'évocation deRousseau : celui-ci s'indignerait sûrement devant tant de luxure tant il fait l'éloge dans ses ouvrages de lasimplicité.

Un tel palais ne lui plairait donc pas.

Pour plusieurs raisons, toutes subjectives en tant qu'ellessemblent dépendre de la personnalité, des convictions, de la culture de chacun, le palais serait susceptiblede ne pas plaire.

Et donc à la question « est-ce que ce palais est beau ? » l'on répondre en disant qu'il ne l'aipas au sens où il ne nous est pas agréable.

Or c'est précisément l'identification beau/agréable que Kantentend réfuter ; et c'est dans la perspective d'une telle réfutation qu'il faut comprendre ce premiermouvement de l'argumentation kantienne. - Je ne suis pas toujours d'accord avec les autres quand il s'agit de juger de la beauté, que ce soit celle d'un être humain, d'un paysage, d'une œuvre d'art, et même, dans le cas présent, d'un palais.

On peut mêmedire sans doute que je ne partage jamais complètement les goûts de quelqu'un.

Le goût est une marque desingularité. - C'est que juger du beau fait appel à ma subjectivité, au domaine intime de mes sentiments : ne dit-on pas couramment « aimer » pour dire « trouver beau » ? On pourra bien me donner l'ordre de trouver beau ceque je n'aime pas, jamais on ne m'en convaincra intimement ; seul, je puis savoir ce que je ressens. - Enfin, on juge de la beauté de quelque chose à la lumière de son expérience personnelle, qui n'est jamais la même que celle des autres ; ce que j'ai vu et entendu modèle ce que j'apprécie.

Mes souvenirsm'appartiennent et individualisent mon jugement de goût par le prisme de ma culture. - Que le beau doive être jugé, c'est l'exigence de la subjectivité ; qu'il soit universel, celle de l'objectivité. Un jugement qui soit tout à la fois l'expression la plus intime de l'individu, et la plus commune de l'universalitéhumaine, doit reposer sur la distinction du plaisir esthétique, lié à la beauté, et du plaisir des sens, lié àl'agréable. - En ce qui concerne l'agréable, en effet, le principe « à chacun son goût » fait loi : tu aimes tel vin que je n'aime pas, ce n'est pas la peine d'essayer de me convaincre.

Ce qui est beau, au contraire, doit enleverl'unanimité d'un sentiment pourtant profondément personnel. 2e Mouvement « Toutefois ce n'est pas là la question.

On désire uniquement savoir si la seule représentation de l'objet estaccompagnée en moi par une satisfaction, aussi indifférent que je puisse être à l'existence de l'objet de cettereprésentation.

On voit aisément que ce qui importe pour dire l'objet beau et prouver que j'ai du goût, c'est ce queje découvre en moi en fonction de cette représentation et non ce par quoi je dépends de l'existence de l'objet.Chacun doit reconnaître qu'un jugement sur la beauté en lequel se mêle le plus petit intérêt est très partial et nepeut être un jugement en matière de goût pur.

Pour jouer le rôle de juge en matière de goût il ne faut pas sesoucier le moins du monde de l'existence de l'objet, mais bien au contraire être indifférent en ce qui y touche.

» - Un homme qui juge mal d'une œuvre d'art, ici d'un palais, est un homme qui juge moins de sa beauté que de ses agréments.

Parce qu'il se laisse dominer par l'intérêt sensuel, tout à fait personnel, qu'il porte à l'objetreprésenté par un tableau, son jugement de goût n'est pas pur.

C'est la raison pour laquelle l'universalité dujugement de goût est moins un fait qu'un idéal à atteindre.

En réalité, c'est la distinction entre le jugementsur l'agréable et le jugement qui porte sur le beau qui est ici à l'œuvre. - Le jugement esthétique de goût par lequel nous disons que telle chose est belle, est le seul jugement qui soit purement contemplatif, et donc le seul qui soit indifférent à l'existence ou non de l'objet, qui soitdésintéressé.

En cela il s'oppose au jugement de connaissance (qui s'intéresse à la chose en vue de savoir. »

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