Karl Heinrich MARX: De la spécificité du travail humain.
Publié le 07/04/2005
                            
                        
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                                «
                                                                                                                            mettre en relief,  non seulement l'effort,  mais aussi  l'attention  psychique,  c'est-à-dire  ce mouvement de  l'espritcapable de « se bander » de manière privilégiée vers un objet, de se tendre vers lui à l'exclusion des autres objetsqui sollicitent l'esprit humain.
                                                            
                                                                                
                                                                    De même que le travail requiert imagination et volonté, de même il exige l'attention,concentration de l'activité  mentale sur un objet déterminé.
                                                            
                                                                                
                                                                     Cette attention  doit être  soutenue, c'est-à-dire  sepoursuivre dans le temps, ce qui est la chose la plus difficile, car diriger son esprit de manière privilégiée vers uneréalité de manière durable représente une opération dure et pénible.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ici, nous retrouvons le vrai sens du travail :étymologiquement, travailler vient de tripaliare, torturer.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le travail est une tâche douloureuse ! Ainsi le travail n'estpas spontané : c'est une dure contrainte que nous nous imposons.Dans la dernière phrase, Marx souligne que la tension est d'autant plus grande et plus importante que le travail estmoins attrayant.
                                                            
                                                                                
                                                                     Ici, le mot  important  est celui  de jeu,  c'est-à-dire  d'activité physique ou mentale  purementgratuite,  n'ayant dans la conscience  de celui  qui s'y livre  d'autre  but que  le plaisir  qu'elle  nous procure.Effectivement, si mon travail possède un caractère gratuit et ludique, s'il relève de la fantaisie et de la joie (ex.: letravail de l'écrivain, du peintre), on peut poser que l'esprit ludique conduit à minimiser la contrainte et le dur effort.Plus l'attrait — ce qui attire agréablement et séduit — est important, moins l'état de tension devrait être intense.Néanmoins,  il ne  faut  guère  s'illusionner  sur ce point.
                                                            
                                                                                
                                                                     L'activité  artistique  elle aussi,  comme  toute réalisationapparemment ludique, requiert une tension psychique et un effort.Bien entendu, cette tension psychique aboutit, non seulement à une transformation de la nature en général, maisaussi à celle de l'homme en particulier, qui modifie sa propre essence par le travail.
Intérêt philosophique du texte
Ce texte  a pour  mérite  essentiel  de bien  exprimer  et dégager  l'originalité  du travail  humain  et sa  significationspirituelle.— Ce n'est que par un usage de mots tout à fait abusif et inexact que nous parlons de travail animal.
                                                            
                                                                                
                                                                    Nul animal netravaille, n'extériorise, véritablement ses  forces et ses puissances dans le monde.
                                                            
                                                                                
                                                                    A  proprement parler, il ne faitqu'actualiser un certain programme génétique, mais ne projette nullement dans l'univers des fins et des buts.Ces lignes de Marx ont donc l'intérêt de nous « purifier » de ces tendances anthropomorphiques qui nous poussent àtoujours projeter dans l'univers animal des valeurs humaines.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ne parlons pas plus de technique animale que nous neparlons de travail animal.
                                                            
                                                                        
                                                                    Il y a bien une irréductibilité de la sphère humaine en tant que telle.— Le travail humain, dans sa spécificité, est  une émission de l'esprit.
                                                            
                                                                                
                                                                    S'il apparaît  profondément hétérogène parrapport à l'activité animale, c'est parce que travailler est une manifestation de l'esprit incarné, une extériorisation del'esprit.
                                                            
                                                                                
                                                                    Marx insiste à juste titre sur l'ensemble des qualités spirituelles qui s'actualisent dans le travail.
                                                            
                                                                                
                                                                    Volonté,attention, effort, tension de la volonté, autant de puissances spirituelles qui vont informer le monde et les choses.En mettant l'accent sur ces facultés psychiques, Marx retrouve ici l'esprit des grandes analyses hégéliennes de laPhénoménologie de l'Esprit.
                                                            
                                                                                
                                                                    Dans cet ouvrage, Hegel a magnifiquement montré que le travail libère l'esclave, qu'il estformateur, qu'il correspond à une extériorisation du pour-soi, de la conscience, dans les choses.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ces lignes de Marxse situent dans cette perspective.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ici, ce qu'il met à jour, c'est l'essence du travail comme production des oeuvresà partir de l'esprit.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le travail  spiritualise les choses.
                                                            
                                                                                
                                                                    Marx  analyse justement, en philosophe,  l'essence du travailhumain.Néanmoins, nous savons que le travail, formateur, est, en même temps, une déformation de l'essence humaine.
                                                            
                                                                                
                                                                    S'ilcrée l'homme  et les  choses, il  aliène aussi la réalité  humaine.
                                                            
                                                                                
                                                                     Le mérite de  Marx sera de souligner  aussi, dansd'autres textes, que le travail est également aliénation de l'homme.
 
MARX (Karl).	 Né à Trêves, en 1818, mort à Londres en 1883.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il fit ses études aux Universités de Bonn, de Berlin et	de Iéna,  et fonda  en 1842, la  Gazette Rhénane.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il  se rendit à Paris en  novembre 1843, et  y lança les Annalesfranco-allemandes.
                                                            
                                                                                
                                                                    Expulsé en 1845, il se réfugia à Bruxelles, effectua un voyage en Angleterre, au cours duquel ilrédigea le Manifeste du parti communiste Il est expulsé de Belgique en 1848, fait un bref séjour à Paris et s'installe àCologne, où il fonde la Nouvelle gazette rhénane.
                                                            
                                                                                
                                                                    Chassé des États rhénans en 1849, il se rend à Paris, d'où il estexpulsé et il part vivre à Londres.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il y connaît la misère, malgré le soutien amical d'Engels.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'Internationale ouvrièreest créée en 1864.
                                                            
                                                                                
                                                                    Des conflits de doctrine éclatèrent, des rivalités opposèrent Marx à Mazzini, à Bakounine, à JulesGuesde.
                                                            
                                                                                
                                                                    A l'abri du besoin grâce à une pension d'Engels et veuf en 1881, il voyagea, pour sa santé : Monte-Carlo,Vevey, Enghien, Alger.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il mourut d'un abcès du poumon.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est en Angleterre que Marx étudia scientifiquement, enéconomiste,  les problèmes  de la classe  ouvrière,  et qu'il  fut amené  à élaborer  et à exprimer  sa doctrine  : lemarxisme, dont lui-même prétendit d'ailleurs se tenir à l'écart.
                                                            
                                                                                
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