L'0PINI0N CHEZ PLATON
Publié le 15/03/2011
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Ce que, dans le domaine de la science, la connaissance raisonnée est à la dialectique, la croyance ou foi l'est, dans le domaine de l'opinion, à la conjecture, ou vraisemblance. Nous croyons fermement à notre existence, à celle des autres hommes, des animaux, des corps solides, liquides, ignés, etc., que nous percevons. Mais les fantômes du rêve et, pendant la veille, les illusions des sens, les images des objets réels qui se produisent dans l'eau ou dans les miroirs ne sont l'objet que d'une connaissance moins certaine encore : la vraisemblance est à la croyance ce que l'apparence est à l'être , il y a donc le même rapport entre la vraisemblance et la foi qu'entre l'opinion et la science prises dans leur ensemble.

«
nous fait naître la pensée de nous demander à nous-mêmes ce que c'est que grandeur et petitesse.
— Oui.
— C'estaussi pour cela que nous avons distingué quelque chose de sensible et quelque chose d'intelligible.
— Fort bien » (Rép., 1.
VII, p.
523 D.)
La sensation n'est donc pas, comme on le croit généralement, un élément simple, un atome de pensée, qui entreraitdu dehors dans notre esprit; toute sensation est complexe, elle est un rapport entre deux termes, et, si on séparel'un de l'autre ces termes, on s'aperçoit à la réflexion que ce sont des Idées; la sensation est donc une applicationet une complication d'Idées; elle est déjà une sorte de comparaison, d'opinion, de jugement.
Mais elle n'est pas lascience parce que les Idées ne s'y distinguent pas nettement, les contraires y sont mêlés, de sorte que pour lesreconnaître la réflexion est nécessaire.
Le rapport qui les unit n'est pas un rapport rationnel, harmonieux, immuablepar suite; c'est un lien de contradiction, de contrainte, de fait, et par suite sans cesse différent de lui-même.Aucune sensation, aucune expérience ne nous révélera donc jamais les Idées ; la nature se tourmente et s'agitepour les exprimer; son devenir ne peut s'expliquer que comme un effort pour atteindre un contraire, puis l'autre ;mais les choses sensibles ne peuvent que s'approcher plus ou moins de l'un d'eux ; elles sont toujours ramenées enarrière par l'action de l'autre contraire.
Ce que nous sentons n'est donc jamais vraiment réel ; ceux qui croient,comme Protagoras, que savoir est sentir, sont nécessairement amenés à reconnaître qu'il n'y a pas de science, etque rien n'existe d'une manière immuable; mais à chaque instant nous jugeons, nous affirmons, ce qui suppose quenous sommes capables de science ; or la science ne peut porter que sur ce qui est d'une manière invariable ; c'estdonc que la vraie réalité n'est pas dans ce que nous sentons, dans le monde sensible livré à un devenir sans fin,mais dans ce que nous pensons, dans les Idées.
L'analyse de la perception est le point central de la philosophie de Platon.
Si l'on ne s'habitue pas par une patienteméditation à voir que les choses sensibles n'ont leurs qualités que par participation aux Idées, le sens du Platonismeet peut-être de toute philosophie échappera.
Comment comprendre que les Idées sont les seuls êtres véritables, sil'on continue à croire à la réalité en soi des objets sensibles, si l'on ne s'est pas convaincu que leur unité, leursolidité, leur couleur, leur son, etc., ne sont qu'en apparence leurs propriétés, qu'en vérité tout l'être que nous leurreconnaissons, c'est aux Idées qu'ils l'empruntent.
Ruinez le monde sensible, alors seulement vous apparaîtra lemonde des Idées.
A celui qui reste un fils de la terre, cramponné aux arbres et aux rochers, la philosophie ne peutsembler qu'un mythe et on ne sait quelle métaphore poétique.
Celui-là seul en pénètre le sens pratique, positif, quis'est exercé de mille manières à comprendre que l'être véritable n'est pas là, contre lui, dans ce qui l'affecte, maisau delà, dans l'universel qu'il comprend..
»
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