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la beauté n'est elle que sensible ?

Publié le 09/01/2023

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« Dissertation : La beauté n’est-elle que sensibile ? Dans son ouvrage Les rêveries du promeneur solitaire, Rousseau décrit le beau : lors d’un voyage, il se trouve isolé, au bord de la mer, qui lui semble immense, d’un côté calmant ses anxiétés, de l’autre semblant être miroir de ses sentiments. Ainsi, on conçoit la beauté comme valeur esthétique ; régie par la sensibilité de la personne, c’est à dire sa propriété à être excité par le milieu extérieur et à éprouver des sentiments et états affectifs. Cependant, sa définition semble être plus compliquée, même paradoxale. La beauté se réduit-elle à la sensibilité ? D’un côté, il est évident qu’elle en est dépendante.

La beauté est avant tout une question de goût, la dimension individuelle du jugement du beau, de son attrait est ainsi à prendre en compte ; voire indispensable car naturelle chez l’homme. Cependant, le beau ne peut simplement dépendre d’une sensibilité idiosyncrasique.

En effet, plusieurs aspects se dessinent : premièrement, le beau est également dépendant de règles, imposées par l’Homme ou encore la nature ; ce qui emmène à penser le beau comme valeur universelle De plus, la sensibilité face au beau ne semble pas toujours être fondée sur un désir de l’objet ; elle est donc alors à séparer de la sensibilité présentée dans le sujet. La beauté est, d’un premier point de vue, régie par des règles autres que la sensibilité.

On peut ainsi se poser la question du « jugement du beau ».

En effet, le jugement est tout d’abord une question personnelle.

Chaque personne jugera chaque objet du beau différemment.

D’ailleurs, quelque chose de beau pour quelqu’un peut être jugé comme laid par une autre ; on peut penser aux œuvres de Picasso, étant toujours aujourd’hui sujettes à de nombreux débats. Artiste pionner du mouvement abstrait, il est considéré par certains comme un génie, pour d’autres il a le talent d’un « enfant de trois ans ».

Se pose dans ce cas une question de « sensibilité » plus ou moins développée : certaines personnes sont plus ou moins réactives à la beauté de l’art, de la nature, même des personnes.

On peut cependant se demander : cette sensibilité -en réalité la raison- plus développée ne serait pas une question d’ouverture d’esprit ? Certaines personnes refusent, de leur plein gré ou influencées par des normes ou pensées communes, de trouver tel objet, telle œuvre belle.

On peut ainsi revenir à l’art abstrait : de nombreuses personnes, pour diverses raisons refusent de considérer ce mouvement.

Ceci est illustré dans la pièce de théâtre Art de Yasmina Reza où Marc, conservatiste et amateur d’art figuratif, provoque un conflit avec l’un de ses meilleurs amis, Serge, qui a acheté un tableau semblant « blanc » à un prix exorbitant.

A travers la pièce, les multiples acteurs ont essayé de faire changer l’avis catégorique de Marc, en vain.

Par orgueil sûrement, ce dernier refuse de considérer les goûts différents de son ami, jusqu’à faire éclater cette amitié pourtant si longue, à cause de ses propres préférences qu’il ne veut remettre en question.

En revanche, l’ami commun de Marc et Serge, Yvan, lui, n’a pas de problème à prendre en compte les deux parties opposées, et à accepter les choix différents en termes d’art de ses amis comme beaux.

Cependant, la raison pour laquelle Yvan conçoit ces différents goûts est qu’il n’est pas enfermé dans un quelconque dogme.

Autrement que ses amis, ce dernier n’est pas un « amateur d’art » à proprement parler.

Sa position neutre lui permet de s’ouvrir à différents horizons.

Ainsi, ce que nous montre cet exemple est qu’un certain engagement envers un groupe, ou plus largement les normes globales internalisées peuvent affecter le jugement individuel pour y créer une pensée généralisée.

Ainsi, on ne peut considérer la sensibilité comme seule intervenante au jugement du beau.

On comprend, par conséquent, dans l’emploi du mot « jugement », une implication d’un ensemble de règles imposées par l’Homme- qui influencent, qui sont la fondation de tout jugement. L’entendement joue alors une grande part dans la perception même de la beauté. Par ailleurs, le jugement qu’une personne aura sur un objet dépend d’évènements vécus passés, qui constituent des expériences.

Toute conception de la beauté dépend alors du principe de causalité.

Différents évènements vécus mèneraient alors à une compréhension du beau, différente, forcément, par la pluralité d’expériences traversées par chaque personnes.

En fonction des évènements traversés, des choix faits découlera donc pour chaque individu ses propres préférences.

Cependant, existerait-il des personnes ayant une conception plus proche du beau « réel » par une expérience plus approfondie ? Ou, au contraire, est ce que le concept du beau existe ? Peut-on actuellement parler d’un idéal du beau, par la multiplicité des différentes expériences sensibles du monde ? Nous pouvons considérer d’un certain aspect les humains étant plus ou moins loin de la perception du beau « idéal » ; mais, autrement, chaque personne ne confectionnerait-elle pas sa propre vision du beau ? En effet, bien que, comme vu dans la première partie, le jugement du beau soit dépendant d’autres facteurs et soit influencé par de nombreux acteurs, chaque vision devient unique par le spectre de sa sensibilité.

En effet, si cette dernière se résume à l’effet d’un objet sur le sujet, alors elle dépend simplement d’un mécanisme des sens -donc du cerveau- sur la personne.

Cependant, la perception de la beauté dépend de l’entièreté des expériences vécues qui peuvent influencer nos sens.

Elle ne dépend pas seulement des normes, mais de la vie entière de l’individu qui se trouve devant un objet.

La beauté est alors à la fois un apprentissage et un automatisme.

Par exemple, une personne ayant vécu un traumatisme lié à la mer ne pourra trouver cette dernière belle, car elle lui évoquera, par automatisme, la peur ressentie plus tôt dans sa vie.

Bien qu’elle soit entourée de personnes lui louant la beauté de cette dernière, elle ne pourra pas la concevoir pleinement comme belle si elle ne surmonte pas ses peurs.

On perçoit donc un équilibre qui se forme : si la beauté est conduite par la sensibilité, elle est aussi accessoire de la vision et règles sociétales de la beauté. Ces règles, en revanche, peuvent être également allouées par la nature. C’est ce que théorise Kant dans son ouvrage Critique de la faculté de juger : le créateur du beau, l’artiste possédant le « génie » s’est vu donné par la nature, un don : le « talent ».

Faculté productrice innée, ce talent est la faculté « qui donne des règles à l’art ».

D’abord, on remarque la capacité « innée », c’est-àdire reçue à la naissance.

L’artiste est alors désigné comme producteur d’art.

Il a cet attrait à l’art mécaniquement, et cultive, tout au long de sa vie ceci afin d’arriver à sa position d’artiste.

Ce don qu’il possède le place dans une position de créateur ‘’supérieur’’ aux autres, par sa vision du monde qui ne peut qu’être différente.

En effet, on peut voir le génie comme innovateur, cassant les codes. Différemment des personnes consommatrices d’art, qui fondent leur goût sur les courants proposés, l’artiste dépasse ce qu’il connaît afin de créer son propre art, son œuvre d’art.

D’ailleurs, les artistes considérés comme le plus importants aujourd’hui sont pour la plupart ceux étant à la base d’un nouveau mouvement artistique, ou encore proposant du jamais vu.

On peut ainsi penser au succès de la maison Mugler sur la scène de la mode, dont les tenues et prestations presque théâtrales ont marqué jusqu’à aujourd’hui la grandeur de la marque.

Cela relate à la sensibilité dans le sens où, pour être artiste, il faut un certain talent qui se démarque de la sensibilité.

L’artiste utilise sa perception sensible du monde afin d’y trouver ce qu’il veut représenter -ce qui est beau- mais cette vision de l’objet et la capacité de réaliser cette dernière dépend du génie qui lui a été accordé. Encore une fois, dans le domaine de la création cette fois, la sensibilité est instrument de la beauté, mais d’autre caractéristiques entrent en jeu, ici le talent.

Autrement, Kant crée un équilibre afin de créer une œuvre d’art : il ne peut, comme déjà vu se raccrocher uniquement à sa sensibilité, et doit être possesseur d’un talent ; mais également se rattacher à l’entendement, aux règles.

En effet, l’art (que l’on peut traduire ici par objet de beauté) ne peut être crée par une simple idée de confection.

Il faut prendre en compte les ouvres réalisées avant, les techniques utilisées par les autres artistes, se les approprier afin de créer physiquement l’œuvre d’art.

L’idée d’une œuvre d’art, ou une mauvaise réalisation de cette dite idée ne seront pas reconnues car elles ne seront pas considérées comme belles.

Dans une œuvre, la perception unique du monde et sa technique sont les deux facteurs les plus importants dans son jugement.

On doit trouver dans une œuvre d’art une beauté dans son sens, son interprétation, mais également dans son apparence en tant qu’objet découlant de la technique d’une personne. Une autre manière de penser le beau est de le voir comme un universel. Une définition proposée par Kant est d’ailleurs « ce qui plaît sans concept ».

En effet, la beauté ‘sans concept’ ; c’est-à-dire qui n’a pas de représentation définie, semble donc pouvoir se trouver partout, par tout le monde.

La beauté peut être et représenter n’importe quel effet, humain, objet, nature… Elle ne se limite pas à un champ d’étude, et n’a non plus de limites dans son mode d’expression.

On peut également penser que le beau ainsi ne dépend d’aucun autre concept : une œuvre d’art peut parcourir des siècles et toujours être appréciée aujourd’hui.

On pense notamment au mouvement impressionniste, donc à Monnet, peintre phare du mouvement.

Ses œuvres, telles Les nénuphars sont de nos jours populaires, bien qu’elles datent de plus d’un siècle antérieur.

Cela vaut également pour les statues grecques, bien plus anciennes, qui sont révérées par la technique précise et la délicatesse des figures.

Bien que leur sens religieux ait été perdu, elles restent, dans un certain sens, toujours respectées comme « supérieures » par leur beauté.

Le beau, l’œuvre d’art n’est alors plus objet du temps, mais aussi la culture, les classes… Il trouve sa place dans les différentes civilisations, dans différentes époques, et n’est pas réservé à un certain groupe social.

La beauté est donc une conception qui dépasse les lois mondaines.

Elle est, au sens le plus littéral, universelle.

Ainsi, si l’on voit que certaines œuvres d’art sont unanimes et universelles, peut-on parler de sensibilité, qui est inhéremment idiosyncrasique ? En effet, bien que la beauté dépende premièrement de l’avis de l’individu, si chacun la perçoit plus ou moins, elle perd son sens de goût individuel, dans le sens où l’on ne peut parler de différence, d’originalité si une entièreté pense de la même manière.

Ainsi, la globalité de la beauté se traduit par tous les moyens possible, c’est un effet que l’on ne peut ignorer.

On peut même trouver le beau là où nous ne le penserions pas.

Annie Ernaux, dans son ouvrage Regarde les lumières mon amour, qu’elle présente sous forme de journal, se trouve à chercher à chacun de ses passages au super marché ce qui le rend si divers, ce qui es propre à ce lieu, jusqu’à sa beauté.

Le super marché est souvent vu comme un lieu de corvée, ou d’habitude, et n’est que peu travaillé ou représenté dans la littérature, dans l’art, comme lieu visité, important, et encore moins beau.

Ainsi, on remarque dans son ouvrage, soit marqué par sa pensée ou celle des passants qu’elle entend, des remarques qui peuvent surprendre en premier lieu.

Elle compare notamment le centre commercial à une « cathédrale flamboyante », lieu originellement connu pour sa beauté, sa technique très particulière, ses vitraux… On note un décalage entre les deux lieux, qui n’ont pas du tout la même ampleur : l’un lieu de tous les jour, créé pour être pratique, pour permettre la consommation.

Il n’a pas de prétention à la beauté, et pourtant il est ici assimilé à une cathédrale, lieu de culte voué à un Dieu, dédié à une personne, qui se doit d’être attrayante, qui ne peut se réduire à un lieu de praticité par sa dédication à une entité.

Ainsi, on voit que la beauté la plus pure peut se trouver n’importe où, même dans un lieu le plus prosaïque. On peut également comprendre le beau universel comme le beau « idéal », tel que Platon le définit.

Pour le philosophe, le beau est une fin, on arrive au « beau éternel » ; qui, selon lui, n’existe que par lui-même.

Ainsi, la beauté n’est dépendante d’aucun autre concept, comme vu pour Kant.

Elle n’est pas reliée au temps, aux passions, à la sensibilité en elle-même.

On peut ainsi la considérer comme un tout, auquel on peut, de notre vivant, se rapprocher plus ou moins.

La beauté parfaite, inatteignable par sa dimension céleste, est le critère avec lequel il faut juger le beau que l’on peut percevoir.

Cependant, si nous ne connaissons ce qu’est la vraie beauté, comment pouvons-nous s’en rapprocher de notre vivant ? Ceci peut sembler comme une théorie inaccessible, car le beau ne peut être connu.

De plus, il semble difficile de juger une œuvre par rapport à des critères que nous ne connaissons pas nous même.

C’est ainsi que Platon introduit dans cette théorie que la connaissance de la beauté pure viendrai de l’haut-delà.

En effet, avant notre naissance, notre âme, éternelle, pourrait percevoir toutes ces idées et, une fois né, nous pourrions nous rappeler faiblement de ces informations.

La beauté est ainsi une connaissance extérieure à nous même, le produit d’une conscience « inconsciente », provenant d’une période entre la mort et la naissance.

Il n’est alors pas question pour Platon de lier beauté et sensibilité.

Elle est ici une différente entité, qui est dépendante d’elle-même : le jugement du beau est fondé uniquement sur le beau idéal.

La volonté humaine, sa subjectivité n’est alors pas prise en compte quant au rapport à la beauté.

Elle est alors universelle dans le sens où elle n’est rattachée à aucun autre effet, elle existe donc partout, tout le temps. Les œuvres d’art elles-mêmes sont des moyens de représenter l’universalité.

Hegel, dans Introduction à l’esthétique présente le beau comme une donation de l’artiste, qui offre ses œuvres au.... »

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