Devoir de Philosophie

La beauté oblige-t-elle à penser ?

Publié le 21/09/2005

Extrait du document

Quand on désire une chose, on ne laisse pas l'objet dans sa liberté. Désirer une chose, c'est supprimer son indépendance, en faire usage et donc la détruire. Mais l'art n'est pas de l'ordre du désir. L'objet existe pour lui-même. La contemplation esthétique ne satisfait que des intérêts spirituels. Pour Hegel, le véritable donne à penser puisqu'il ouvre le domaine de la spiritualité. Il n'est pas à confondre avec le simple plaisir des sens qui ne vise qu'à la satisfaction du désir. L'art, milieu entre sensible et intelligible, aura ne peut satisfaire entièrement l'esprit, la présentation de l'intelligible y sera toujours défectueuse, et l'esprit ne sera pleinement satisfait que dans la religion car l'absolu ne pourra être présentée que dans la pensée pure.     3) L'art ouvre la voie à des domaines spirituels.     Une grande partie de la tradition artistique prend pour base les théories platoniciennes sur le beau et l'art.

On sépare généralement le domaine du beau, de la sensibilité de celui de l'entendement, et de la connaissance. Kant depuis la Critique de la faculté de juger définit le beau comme une finalité sans concept, un libre jeu des facultés. Le beau apparaît donc comme un pur sentiment issu de la contemplation d'un objet et ne pas engendrer de connaissance ou de discours. Aussi ne faut-il pas confondre le beau et l'art, il ne s'agit pas de savoir si l'art donne à penser, mais de savoir si la perception par un sujet du beau peut amener l'individu à penser. On doit comprendre le beau à la fois comme quelque chose pouvant être le fait de la nature ou de l'homme. On se place avec ce problème dans une vision subjective et intellectualiste de l'art. Il faudra ainsi se demander si la contemplation du beau peut-elle dépasser la sphère de la pure sensibilité ?

« intelligible, aura ne peut satisfaire entièrement l'esprit, la présentation de l'intelligible y sera toujours défectueuse,et l'esprit ne sera pleinement satisfait que dans la religion car l'absolu ne pourra être présentée que dans la penséepure.

Dans des notes de cours qui ont reçu le titre d' « Esthétique » (posthume), Hegel (1770-1831) écrit: « L'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure. » Une formule plus rigoureuse précise: « Le contenu d'une œuvre d'art est tel que, tout en étant d'ordre spirituel, il ne peut être représentéque sous une forme naturelle. » Il s'agit, pour l'auteur de la « Phénoménologie de l'esprit » et de la « Logique », de montrer la haute valeur spirituelle de l'art, de souligner ses affinités avec la religion et la philosophie, mais aussi- d'en assigner les limites:« L'art reste pour nous, quant à sa suprême destination, une chose du passé.»Contre tous ceux qui font de l'art une activité opposée à la pensée et auconcept, que ce soit au nom de l'enthousiasme, du génie, de l'inspiration,Hegel réaffirme la valeur spirituelle de l'art.

L'art ne s'oppose pas à laphilosophie, à la science, à la religion.

Il ne se réduit pas à l'exaltation dusentiment, au jeu, à l'expression personnelle.

Si l'œuvre d'art s'offre auxsens, agit sur notre sensibilité, elle n'en présente pas moins, bien aucontraire, une valeur intellectuelle.

« L'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure » signifie d'abord que si l'œuvre d'art se présente comme un objet, offert aux sens, elle vise la pensée et possède un contenuspirituel de la plus haute importance.

Si:«L'homme s'est toujours servi de l'art comme d'un moyen de prendreconscience des idées et des Intérêts les plus élevés de son esprit, lespeuples ont déposé leurs conceptions les plus hautes dans les productions de l'art, les ont exprimées et en ont prisconscience par le moyen de l'art. » C'est que: « la plus haute destination de l'art est celle qui lui est commune avec la religion et la philosophie ». Il suffirait pour s'en convaincre de se souvenir de ce que furent la tragédie grecque ou l'architecture médiévale.

Formidable moyen d'éducation, l'art religieux manifeste l'expansion du christianisme comme il permet d'apprendre à lapopulation illettrée l'histoire sainte.

La tragédie grecque, véritable institution politique (la totalité des citoyensassistait aux concours tragiques), représente un moyen pour la cité de s'interroger sur elle-même, sur ses mythes,sur ses valeurs, sur la place respective des dieux et des hommes, sur la responsabilité humaine, etc. Dans l'art véritable n'apparaît pas seulement l'expression personnelle du génie de l'artiste, mais aussi toutes lesinterrogations et les conceptions d'une époque qui se donnent une forme objective (celle de l'œuvre); l'œuvre estmoyen pour l'esprit de se contempler lui-même.Le génie d'un peuple, « ses idées et ses intérêts les plus hauts » sont extériorisés par le moyen de l'œuvre d'art.

Les pensées s'y donnent une forme objective, sensible, qui permet à nos conceptions de devenir lisibles,accessibles.Hegel y voit la source du besoin d'art.

Toutes les sociétés humaines, aussi « primitives » qu'elles paraissent, onttoujours connu une activité artistique, parce que: « l'œuvre d'art est un moyen à l'aide duquel l'homme extériorise ce qu'il est », c'est-à-dire prend conscience de ce qu'il est.

Ainsi, quelle que soit la part d'apparence et d'emprunt au sensible qui se manifeste dans l'œuvre: « ces formes ou ces sons sensibles, l'art les crée non pour eux-mêmes et tels qu'ils existent dans la réalité immédiate,mais pour la satisfaction d'intérêts spirituels supérieurs ». Si l'on voit alors clairement pourquoi: « l'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure », reste à lever deux objections.

Celle qui fait de l'activité artistique une simple imitation de la nature, ou celle qui ne voit dans l'artqu'un simple jeu d'apparence et d'illusion.Hegel n'a pas de phrases trop dures pour ceux qui font de l'art une simple imitation de la nature.

« Il y a des portraits dont on a dit spirituellement qu'ils sont ressemblants jusqu'à la nausée. » Si l'œuvre n'était qu'une simple copie de la nature, elle n'aurait aucune valeur.

En effet, créer se réduirait à une simple routine, à une habileté,puisque le contenu de l'œuvre et sa matière seraient fournis par le modèle.

L'homme n'y produirait rien de lui-même.

En ce cas, l'homme pourrait « être fier d'avoir inventé le marteau, le clou, car ce sont des inventions originales et non imitées ». De même, voir dans l'œuvre un simple jeu, un simple travail d'illusionniste est méconnaître l'activité artistique.

Endéclarant: « L'art creuse un abîme entre l'apparence et l'illusion de ce monde mauvais et périssable d'une part, et le contenuvrai des événements de l'autre, pour revêtir ces événements et phénomènes d'une réalité plus haute, celle del'esprit. » Hegel retrouve en partie une leçon d' Aristote ; l'art débarrasse les événements réels de leur contingence, de leurs. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles