La certitude.

A. — La CERTITUDE INTELLECTUELLE est celle qui est déterminée par des motifs d'ordre purement intellectuel, par des « raisons «. C'est dire qu'elle est relativement rare, car l'homme n'est pas une pure intelligence. Elle ne joue que dans un domaine assez restreint, par exemple celui des vérités scien­tifiques. Elle peut être elle-même d'ordre rationnel (comme en mathématiques) ou d'ordre expérienciel.

1° La certitude rationnelle peut être immédiate ou médiate. a) La certitude immédiate est d'ordre intuitif : c'est celle qui s'impose à notre esprit lorsque nous sommes en présence d'une évidence rationnelle. C'est ainsi que nous sommes certains d'un axiome mathématique, tel que : « Deux quantités respectivement égales à une même troisième sont égales entre elles. « Mais, aussi bien que toutes les autres, cette certitude peut être illusoire. C'est ainsi qu'on a pris pendant longtemps les postulats de la géométrie classique pour des évidences de raison, pour des nécessités logiques, alors qu'on sait aujour­d'hui qu'il n'en est rien (Précis, Ph. I, § 253 A; Sc., § 161 A; M., § 78 A). b) La certitude médiate est celle qui résulte d'une démonstration; c'est celle qui nous convainc, non plus par suite de l'évidence intrinsèque de la propo­sition, mais par le fait que celle-ci apparaît (ici encore : à tort ou à raison, car on peut faire des paralogismes en raisonnant) comme la conséquence nécessaire de tout un enchaînement déductif comme s'intégrant logiquement dans tout un système rationnel. C'est ainsi qu'en mathématiques un théorème nous apparaît comme certain quand nous avons compris sa démonstration. Par extension, mais parfois improprement, on dira qu'on est « mathémati­quement certain « de quelque chose lorsqu'on y voit le résultat d'un raison­nement rigoureux ou même une inéluctable nécessité de fait.