La connaissance de soi est-elle plus facile que la connaissance des choses ?

Avant de commencer

· Principales notions abordées

La conscience; la perception (L); l'inconscient; le langage (L et ES); théorie et

expérience (L); la matière et l'esprit; la vérité.

· Repères utilisés

Absolu/relatif ; abstrait/concret; contingent/nécessaire/possible; médiat/immé 

diat; objectif/subjectif ; universel/général/particulier/singulier.

· Analyse du sujet

— Ce sujet fait implicitement référence à des évidences, à des préjugés courants : repérez-les bien et trouvez les arguments qui permettent de les remettre en question; sans cet approfondissement et cette mise en cause, le traitement du sujet resterait superficiel.

— Vous devrez bien distinguer la notion de connaissance (avec tout ce qu'elle implique d'efforts, d'obstacles et de méthodes) et celle de conscience, notam-ment à propos de soi-même: la conscience de soi n'est pas encore la connaissance de soi, loin s'en faut...

Faut-il alors retourner l'énoncé, et considérer qu'il est plus facile de connaître les choses ? On pourrait être tenté de le penser, surtout à propos des choses concrètes et maté­rielles, et en particulier des choses qui appartiennent au domaine de la nature. En effet, contrairement aux affaires humaines, n'obéissent-elles pas à la nécessité, c'est-à-dire à des lois précises de cause à effet que les différentes sciences de la nature permettent de mettre à jour? Néanmoins, est-il si facile de connaître une pierre, un arbre, le cycle des sai­sons ou la reproduction d'une plante ? Et que dire pour les objets artificiels comme une lampe, un tournevis et une oeuvre d'art? Pour la pierre, il faudra connaître sa composi­tion, son origine en fonction des phénomènes géologiques et climatiques. Les climats présentent des difficultés d'étude considérables et connaissent de fortes variations dont cer­taines restent encore inexpliquées. Quant à la lampe et au tournevis, comme le souligne Heidegger dans Être et Temps, à propos de n'importe quel objet fabriqué par l'homme, il sera nécessaire de les replacer dans tout le contexte des usages et des techniques humains pour les comprendre plei­nement: comment sont-ils fabriqués, comment les utilisons-nous, où les rangeons-nous, quand sont-ils en bon état et quand sont-ils hors d'usage, à quels autres outils ou usten­siles sont-ils reliés (courant électrique pour la lampe, vis et matériaux pour le tournevis, etc.), quelles sont nos inten­tions quand nous les utilisons? Qu'en sera-t-il alors pour une oeuvre d'art, dont l'analyse est encore plus complexe et liée au symbolique, aux valeurs et à la sensibilité? Tout ceci ren­voie au domaine du possible, autrement dit aux infinies possibilités de création et de significations qui résident dans le monde humain.