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La connaissance de soi est utopique, devons-nous pour autant y renoncer?

Publié le 10/02/2005

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PLATON, Apologie de Socrate, Éditions de poche, Garnier-Flammarion, etc. Problématique: Si la connaissance de soi est utopique devons-nous pour autant y renoncer ? Le sujet est curieusement formulé, car il prend le terme d'utopie dans le sens commun d'illusion vaine, ou de chose impossible à réaliser, ce qui est inhabituel en philosophie. Reformulation proposée : La connaissance de soi est un idéal impossible à atteindre, devons-nous abandonner l'espoir de nous connaître ? 1) L'injonction de se connaître: le "connais-toi toi-même socratique" "CRITIAS: J'aurais même presque envie de dire que se connaître soi-même, c'est cela la sagesse, et je suis d'accord avec l'auteur de l'inscription de Delphes. (...) Voilà en quels termes, différents de ceux des hommes, le dieu s'adresse à ceux qui entrent dans son temple si je comprends bien l'intention de l'auteur de l'inscription. A chaque visiteur, il ne dit rien d'autre, en vérité, que : « Sois sage ! » Certes, il s'exprime en termes un peu énigmatiques, en sa qualité de devin. Donc, selon l'inscription et selon moi, «connais-toi toi-même» et « sois sage », c'est la même chose ! (...)SOCRATE: Dis-moi donc ce que tu penses de la sagesse.

« que l'homme porte en lui.

Cette science importe essentiellement — bien avant de connaître la nature ou les dieux.Comment conduire sa vie pour être heureux ; voilà la question qui hante tous les hommes.

L'opinion, confortée encela par les sophistes, identifie le bonheur à la jouissance, au pouvoir, à la fortune, à la beauté.

Sans doute toutcela n'est-il pas négligeable, mais ce sont là des biens équivoques qui peuvent nous être utiles, ou nous nuire selonles circonstances, l'usage qui en est fait.

Pour qu'ils deviennent utiles, il faut que nous sachions nous en servir et sil'homme agit toujours en vue de son bien propre, il peut se tromper sur sa définition.

Si nul n'est méchantvolontairement, c'est d'abord parce que nul ne veut consciemment se nuire à lui-même et donc ce n'est que paraccident que la conduite qu'il adopte peut éventuellement s'avérer mauvaise.

Par accident, non volontairement, ilfaut entendre par là par ignorance : si je ne connais pas la hiérarchie des biens, je serai nécessairementmalheureux.

Par exemple, celui qui consacre son existence à acquérir la richesse, en viendra naturellement à nuire àautrui, donc il s'exposera à la rigueur de la loi ; de plus c'est là un bien qui dépend en large partie du hasard et quipeut échapper à tout instant.

Il est donc inconcevable que sachant tout cela on puisse vouloir agir de la sorte.C'est la science qui détermine l'action, elle ne peut être vaincue par les passions, seulement par l'ignorance.Le primat donné à la science explique les railleries dont Socrate accable aussi bien les institutions, en particulier letirage au sort des magistrats, que l'inspiration qui permettrait à certains de bien agir par une sorte d'illumination.Faisant confiance au savoir et pensant que tous les hommes — fut-ce l'esclave — portent en eux le germe de cesavoir, c'est une vision délibérément optimiste que Socrate offre de l'humanité. 2) L'homme est obscur à lui-même " L'homme est obscur en lui-même; cela est à savoir.

Seulement il faut éviter ici plusieurs erreurs que fonde le termed'inconscient.

La plus grave de ces erreurs est de croire que l'inconscient est un autre Moi; un Moi qui a sespréjugés, ses passions et ses ruses, une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller.

Contre quoi il faut comprendrequ'il n'y a point de pensées en nous sinon par l'unique sujet, Je.

Cette remarque est d'ordre moral.

Il ne faut point sedire qu'en rêvant on se met à penser.

Il faut savoir que la pensée est volontaire...

On dissoudrait ces fantômes ense disant simplement que tout ce qui n'est point pensée est mécanisme ou, encore mieux, que ce qui n'est pointpensée est corps, c'est-à-dire chose soumise à ma volonté, chose dont je réponds.

Tel est le principe du scrupule...L'inconscient est donc une manière de donner dignité à son propre corps, de le traiter comme un semblable; commeun esclave reçu en héritage et dont il faut s'arranger.

L'inconscient est une méprise sur le Moi, c'est une idolâtrie ducorps.

On a peur de son inconscient; là se trouve logée la faute capitale.

Un autre Moi me conduit qui me connaît etque je connais mal.

L'hérédité est un fantôme du même genre.

"Voilà mon père.

qui se réveille; voilà celui qui meconduit.

Je suis par lui possédé..."En somme, il n'y a pas d'inconvénient à employer couramment le terme d'inconscient: c'est un abrégé dumécanisme.

Mais, si on le grossit, alors commence l'erreur; et bien pis, c'est une faute." ALAIN. Fortement inspiré de la métaphysique cartésienne et de la morale kantienne, Alain souligne le caractère subversif dela notion d'inconscient freudien.

En ce qu'elle concourt à la démobilisation, à la fuite de nos responsabilités face à lasphère éthique.

En effet, au nom de la liberté humaine, le philosophe humaniste ne saurait accepter qu'unmécanisme corporel (ressortant de la chose étendue) vienne se substituer en lieu et place de l'activité rationnelledéfinie comme lucidité et maîtrise de soi.Mais, cette prééminence redonnée à la sacro-sainte volonté humaine, doit-elle impérativement passer par un refuspéremptoire de l'inconscient? La psychanalyse n'est-elle pas dans sa démarche thérapeutique, une forme derenforcement de la conscience aboutissant à une prise de conscience éclairée, raffermie de ses désirs, de son agir ,...

, de soi?Trois paragraphes scandent cet extrait des « Eléments de Philosophie ». Dans le premier, Alain définit l'homme par le libre arbitre et revoit l'inconscient à un processus physiologique.

Ensuite,st souligné le vice moral inclus dans l'hypertrophie accordée aux instincts du « ça ».

Et, le dernier paragrapheréaffirme la fin de non-recevoir accordée à ce qu'Alain nomme le « diabolique conseiller ». En exorde du texte, Alain corrobore la vision freudienne d'une opacité d l'âme, d'un désir romantique de dévoilerl'irréductible mystère humain.

L'être ne se livre pas d'emblée, il s'agit de le découvrir dans son infinie complexité.

Et,c'est à cette recherche qu'Alain va nous convier dans ce qui succède.En effet, le terme d'inconscient défini comme étant un domaine échappant à la conscience, recèle un caractère à lafois émigmatique et séditieux en ce qu'il véhicule certaines méconduites au sein de la sphère éthique.

Mais, Alaincommence déjà par dégager l'erreur (gnoséologique) avant la faute (morale).La plus grave de ces représentations fallacieuses consiste à diviser notre psychisme, à superposer deux sujets, l'unconscient, l'autre inconscient.

Dès lors, ce dernier se trouve substantifier, transformer en une deuxième puissance,satanique et maléfique.

Ce second moi ou second sujet pensant est censé nous égarer, induire en nous despréjugés, des pensées antérieures à toute réflexion: nous serions « pensés » en même temps que « pensée », « agis» plutôt qu' »agent ».

En somme, l'inconscient ne serait qu'une chimère diabolique en ce que notre volonté et notredestin lui seraient assujettis.

Ces quelques lignes ne sont pas sans nous faire songer au mythe de Faust pactisantavec le diable.

Ce Faust des temps modernes serait selon Alain, Freud et sa répartition tripartite du psychisme ença, moi et surmoi. Dans la seconde partie du paragraphe, Alain montre comment il faut se prémunir de l'erreur freudienne: en soulignantl'unité d'un moi volontaire et en dissolvant l'inconscient dans le corps.Notre psychisme doit être conçu comme une seule et même substance et non comme un mixte hétérogène. »

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