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Si la connaissance de soi est utopique devons nous pour autant y renoncer ?

Publié le 19/02/2005

Extrait du document

  • POUR DÉMARRER

 Si la représentation adéquate du sujet par lui-même est quasi chimérique et quasi irréalisable, faut-il abandonner ce projet ou se contenter de connaissances parcellaires ? Un sujet très complexe, qui vous invite à réfléchir sur les multiples voies d'accès à la connaissance de soi-même et sur les enjeux de cette connaissance.

  • CONSEILS PRATIQUES

 Se connaître, pour quoi, dans quel but ? Comment renoncer à un projet qui accompagne toute la réflexion occidentale ? N'est-ce pas se mutiler que de s'ignorer ? Se connaître pour mieux maîtriser la vie, tel est l'enjeu.

 

  • 1) L'injonction de se connaître: le "connais-toi toi-même socratique"
  • 2) L'homme est obscur à lui-même
  • 3) La connaissance de soi comme tâche et comme idéal à accomplir.

« " L'homme est obscur en lui-même; cela est à savoir.

Seulement il faut éviterici plusieurs erreurs que fonde le terme d'inconscient.

La plus grave de ceserreurs est de croire que l'inconscient est un autre Moi; un Moi qui a sespréjugés, ses passions et ses ruses, une sorte de mauvais ange, diaboliqueconseiller.

Contre quoi il faut comprendre qu'il n'y a point de pensées en noussinon par l'unique sujet, Je.

Cette remarque est d'ordre moral.

Il ne faut pointse dire qu'en rêvant on se met à penser.

Il faut savoir que la pensée estvolontaire...

On dissoudrait ces fantômes en se disant simplement que tout cequi n'est point pensée est mécanisme ou, encore mieux, que ce qui n'estpoint pensée est corps, c'est-à-dire chose soumise à ma volonté, chose dontje réponds.

Tel est le principe du scrupule...L'inconscient est donc une manière de donner dignité à son propre corps, dele traiter comme un semblable; comme un esclave reçu en héritage et dont ilfaut s'arranger.

L'inconscient est une méprise sur le Moi, c'est une idolâtrie ducorps.

On a peur de son inconscient; là se trouve logée la faute capitale.

Unautre Moi me conduit qui me connaît et que je connais mal.

L'hérédité est unfantôme du même genre.

"Voilà mon père.

qui se réveille; voilà celui qui meconduit.

Je suis par lui possédé..."En somme, il n'y a pas d'inconvénient à employer couramment le termed'inconscient: c'est un abrégé du mécanisme.

Mais, si on le grossit, alorscommence l'erreur; et bien pis, c'est une faute." ALAIN. Fortement inspiré de la métaphysique cartésienne et de la morale kantienne, Alain souligne le caractère subversif dela notion d'inconscient freudien.

En ce qu'elle concourt à la démobilisation, à la fuite de nos responsabilités face à lasphère éthique.

En effet, au nom de la liberté humaine, le philosophe humaniste ne saurait accepter qu'unmécanisme corporel (ressortant de la chose étendue) vienne se substituer en lieu et place de l'activité rationnelledéfinie comme lucidité et maîtrise de soi.Mais, cette prééminence redonnée à la sacro-sainte volonté humaine, doit-elle impérativement passer par un refuspéremptoire de l'inconscient? La psychanalyse n'est-elle pas dans sa démarche thérapeutique, une forme derenforcement de la conscience aboutissant à une prise de conscience éclairée, raffermie de ses désirs, de son agir ,...

, de soi?Trois paragraphes scandent cet extrait des « Eléments de Philosophie ». Dans le premier, Alain définit l'homme par le libre arbitre et revoit l'inconscient à un processus physiologique.

Ensuite,st souligné le vice moral inclus dans l'hypertrophie accordée aux instincts du « ça ».

Et, le dernier paragrapheréaffirme la fin de non-recevoir accordée à ce qu'Alain nomme le « diabolique conseiller ». En exorde du texte, Alain corrobore la vision freudienne d'une opacité d l'âme, d'un désir romantique de dévoilerl'irréductible mystère humain.

L'être ne se livre pas d'emblée, il s'agit de le découvrir dans son infinie complexité.

Et,c'est à cette recherche qu'Alain va nous convier dans ce qui succède.En effet, le terme d'inconscient défini comme étant un domaine échappant à la conscience, recèle un caractère à lafois émigmatique et séditieux en ce qu'il véhicule certaines méconduites au sein de la sphère éthique.

Mais, Alaincommence déjà par dégager l'erreur (gnoséologique) avant la faute (morale).La plus grave de ces représentations fallacieuses consiste à diviser notre psychisme, à superposer deux sujets, l'unconscient, l'autre inconscient.

Dès lors, ce dernier se trouve substantifier, transformer en une deuxième puissance,satanique et maléfique.

Ce second moi ou second sujet pensant est censé nous égarer, induire en nous despréjugés, des pensées antérieures à toute réflexion: nous serions « pensés » en même temps que « pensée », « agis» plutôt qu' »agent ».

En somme, l'inconscient ne serait qu'une chimère diabolique en ce que notre volonté et notredestin lui seraient assujettis.

Ces quelques lignes ne sont pas sans nous faire songer au mythe de Faust pactisantavec le diable.

Ce Faust des temps modernes serait selon Alain, Freud et sa répartition tripartite du psychisme ença, moi et surmoi. Dans la seconde partie du paragraphe, Alain montre comment il faut se prémunir de l'erreur freudienne: en soulignantl'unité d'un moi volontaire et en dissolvant l'inconscient dans le corps.Notre psychisme doit être conçu comme une seule et même substance et non comme un mixte hétérogèned'éléments.

Car, refuser la division du « Je pense », c'est déjà pénétrer dans la sphère morale, c'est considérer qu'iln'est de pensée qu'au niveau d'un choix libre et réfléchi.

Conséquemment, l'activité onirique se trouve relayer à unsimple déferlement d'images subies et incohérentes.

La passivité de la raison induit la non-pensée, car durant lesommeil, la conscience, en état de relâchement, est assaillie par des représentations absurdes de nature corporelle.En revanche, dans le choix volontaire et rationnel, il y a pensée authentique, activité consciente.

Que l'on songe iciau remords, où je rattache mon passé à mon moi fondateur. Si l'inconscient n'est pas la pensée, alors qu'est-il exactement? Afin d'encore mieux chasser ce fantôme menaçant,cette apparition dont je me veux délivrer, pour enfin exorciser cette puissance maléfique, il me reste à ne voir enelle que le produit , le succédané de purs mécanismes.

L'inconscient est donc matériel, physiologique: c'est unensemble de phénomènes réductibles à des relations chimiques.

Ici, Alain retrouve Descartes et son dualisme: d'uncôté, la pensée qui se pense (le cogito) et de l'autre, des phénomènes corporels sans conscience d'être.

En dehorsde la chose ou substance pensante, tout n'est que mécanisme.

Aussi, l'inconscient est rejeté à de simples. »

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