LA CONNAISSANCE DU VIVANT
Publié le 31/05/2011
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• Les origines de la science du vivant
Aristote (Seconds Analytiques, Livre II ch. XIX) estime que l'expérience, même en stade simple, n'est jamais pure. « Ce sensible auquel je m'attache, renvoie déjà à quelque chose d'universel« et Kant insiste sur ce point. L'empirisme est rigoureux parce qu'il substitue à l'être la relation, et au donné sensible la fonction. De plus, l'expérience exige des processus concrets, des lois du langage et un effort dialectique que Platon (République) imagine : « Je me détourne du sensible, je contemple le bien suprême. Je veux rendre raison du devenir sensible. « Mais, en lui-même, ce donné n'a jamais rien prouvé.
«
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La biologie sous ses diverses formes -anatomie, physiologie, embryologie, biochimie ou ethologie -est,
fondamentalement, l'étude des êtres vivants et des phénomènes dont ils sont
le siège.
Elle porte donc aussi
bien sur végétaux (biologie végétale), sur les animaux (biologie animale) que sur les hommes.
Elle n'est donc
pas, spécifiquement, une science humaine même si, comme toutes
les autres sciences, elle est un produit de
l'observation et de l'intelligence humaine.
Elle
se distingue aussi, en raison même des caractères propres des
êtres vivants, des sciences de la matière, de la physique et de la chimie, alors même qu'elle fait largement
appel aux enseignements de
ces dernières.
Elle est néanmoins, contrairement aux sciences logico-mathématiques,
une science
expérimentale c'est-à-dire qu'elle procède, tout comme celles-là, de faits polémiques, d'observations
méthodiques, de connaissances, de raisonnements et d'hypothèses vérifiées expérimentalement.
Il faudra donc:
1) revoir, dans les deux chapitres de votre manuel, ce qui vous est dit de la méthode, ou plus exactement de
la démarche expérimentale;
2) énumérer soigneusement et bien mesurer l'importance des caractères spécifiques des êtres vivants, qui les
distinguent radicalement des objets matériels et d'où résultent, à la fois, les difficultés méthodologiques tout
à fait particulières que rencontre leur étude, mais aussi
le problème philosophique de la finalité des phénomènes
biologiques, laquelle s'oppose, non au
déterminisme, contrairement à ce que l'on dit parfois et comme le suggère
malencontreusement
le titre de l'un des paragraphes de votre manuel, mais au mécanisme des phénomènes
physico-chimiques ;
3) comprendre enfin que les sciences biologiques ont donné naissance, avec beaucoup de difficultés et seulement
au XIXème siècle, à deux grandes théories scientifiques : la
théorie cellulaire d'une part, qui fait de la cellule
l'unité élémentaire de tous les organismes, et la
théorie transformiste ou évolutionniste d'autre part,
successivement formulée par
le naturaliste français LAMARCK, en 1809, dans sa Philosophie zoologique puis
par Charles DARWIN, en 1859, dans son ouvrage
De l'origine des espèces par voie de sélection naturelle
(1).
Ces deux savants affirment l'un et l'autre que les espèces végétales et animales se sont transformées au
cours de l'histoire de la Terre et ont donc donné naissance à des espèces nouvelles.
Ils proposent néanmoins
des explications différentes de
ces transformations qui semblent avoir affecté d'abord des organismes
unicellulaires
pour faire apparaître successivement les agnathes, les insectes et les poissons, les batraciens,
les reptiles, les mammifères et les oiseaux.
Il faut bien mesurer aussi -et peut-être surtout dans un cours de philosophie -que, dans la mesure où
le
transformisme, quelle que soit la manière dont on le conçoit, fournit une explication au moins partielle et
naturelle des origines de l'homme, il entre, à première vue au moins, directement en contradiction avec les
thèses créationnistes et spiritualistes de la Bible et semble en outre effacer toute différence de nature entre
l'homme et
le règne animal.
On comprend ainsi les résistances et les vives polémiques qu'ont suscitées ses
formulations successives et pourquoi, en revanche, les philosophes matérialistes ont, après MARX, adopté
certaines d'entre elles avec enthousiasme.
Voyez sur
ce point les quelques lignes que votre manuel consacre
à l'œuvre du Père
TEILHARD de CHARDIN dans le chapitre traitant de la destinée humaine.
En fait, comme
le montrent les travaux de ce dernier et comme l'avait explicitement dit, cent ans plus tôt, HEGEL, dont la
théologie catholique ne voulait pas entendre parler,
le problème est loin d'être aussi simple et aussi
métaphysiquement insoluble.
Il est parfaitement possible de concilier
le principe de la nature spirituelle de
l'homme avec celui de
ses origines naturelles.
Il suffit pour cela de considérer la nature elle-même soit, à la
manière de
HEGEL, comme étant Dieu ou, plus exactement, comme l'un moments absolus et nécessaires
du devenir de l'Esprit, soit, comme TEILHARD de CHARDIN, comme l'expression
d'un plan ou d'un décret
de Dieu -
«créateur du Ciel et de la Terre» -qui spiritualise par là-même la matière et la destine ainsi à évoluer
vers l'apparition
de l'homme.
Mieux, comme l'a magistralement souligné BERGSON dans L'évolution créatrice,
dans la mesure où toute l'histoire de la nature aboutit précisément à l'apparition de celui-ci et à la conscience
qu'il prend ou peut prendre de lui-même et du monde, elle semble témoigner d'une orientation,
d'une finalité
et
d'un sens assez nettement spirituel.
Il ne faudrait donc pas manquer de verser, le cas échéant, toutes ces
pièces à
ce dossier..
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