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La conscience chez Husserl

Publié le 20/08/2011

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En fondant la phénoménologie – mouvement cherchant à instaurer « la philosophie comme science rigoureuse « – Edmund Husserl (1859 – 1938) propose une nouvelle façon de concevoir la relation du sujet conscient avec ses objets. Il reprend les bases cartésiennes de l'opposition Cogito/cogitata (la conscience du « Je pense « face à ses « objets de pensée «), mais en change radicalement la portée. Si la conscience humaine est, certes, le point d'encrage de toute réflexion et tout jugement féconds sur ce qui nous entoure, la tradition issue de Descartes a eu le tort, à ses yeux, de se focaliser sur celle-ci dans la recherche de vérités logiques. Pire, un mouvement (combattu par Husserl) affirme l'absence de vérité logique et fait de ce postulat, de manière contradictoire, une vérité (le psychologisme) !

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« autre chose qu'elle-même.

La conscience, si l'on veut, n'est jamais enfermée en elle-même, elle est toujours lemouvement de se dépasser vers autre chose, vers un objet.

Que la conscience soit toujours en mouvement versautre chose, cela signifie que toute activité psychique est toujours dirigée vers autre chose qu'elle-même.

On nepeut plus, comme tendait à le faire Descartes , assimiler la conscience à une chose ou à une intériorité. Précisément, ce qui différencie la conscience de toutes les choses, de tous les objets –qui sont ce qu'ils sont- c'est son caractère dynamique, qui fait qu'elle est toujours rapport à autre chose qu'elle-même, dépassement,mouvement, vers un autre.

La pensée porte toujours un rapport au monde.

Etre conscient, c'est d'abord êtreprésent au monde. Les existentialistes (surtout Sartre ) seront particulièrement attentifs à ce que Husserl nomme « intentionnalité », et qui désigne ce caractère de la conscience d'être toujours conscience de .

Voici comment Sartre commente cette formule : « Connaître, c'est s'éclater vers », s'arracher à la moite intimité gastrique pour filer là-bas, par delà soi , vers ce qui n'est pas soi, là-bas près de l'arbre, et cependant hors de lui .» La pensée est décrite ici en terme de mouvement, de dynamique, et non plus de « moite intimité ». Non seulement il n'y a pas de commune mesure entre les propriétés de la matière et celles de la pensée, mais il fautajouter que les choses et la conscience n'ont pas la même manière d'être.

L'existence propre de la conscience estcette capacité de se transcender, de se projeter vers autre chose, de porter un rapport au monde auquel, par-làmême, elle est présente. Husserl tire deux autres conséquences de ce caractère majeur de la conscience.

Si je perçois un cube, je déclare « Je vois un cube ».

Or, en toute rigueur, je ne peux pas voir les six faces du cube à la fois.

Cela signifie que ma conscience ne s'en tient jamais à ce qui lui est donné ici et maintenant.

Je vois deux faces du cube, mais j'anticipesur celles que je vais voir, ou je me remémore celles que j'ai vues.

Autrement dit, une autre caractéristique de laconscience est d'établir des synthèses, de relier ce qui est perçu ici et maintenant avec ce qui l'a été ou ce qui lesera.

Ce qui amène à dire que la conscience est temporelle, effectue ses synthèses dans le temps. Autrement dit, la citation signifie d'abord que la conscience est toujours le mouvement de se dépasser vers autrechose, de viser autre chose.

Mais il faut aussi comprendre que si ce que je vise (les deux faces du cube) a unesignification pour moi (je sais et comprends que j'ai affaire à un cube), c'est que ma conscience a la capacité dedépasser ce qui lui est simplement donné pour le lier à d'autres représentations passées ou futures. Le but et l'ambition de la phénoménologie sont le retour aux choses mêmes.

Parlant de la révolution d' Einstein , Husserl déclare : « Ainsi Einstein ne réforme pas l'espace et le temps où se déroule notre vie d'être vivant ». Loin de comprendre ceci comme une attaque contre les sciences (auxquelles fut formé Husserl ), il faut le comprendre et comme une attaque contre le scientisme, et comme la nécessité d'un retour aux questions centrales du sens : « De simples sciences de faits forment une simple humanité de faits.

Dans la détresse de notre vie cette science n'a rien à nous dire.

Lesquestions qu'elles excluent par principe sont précisément les questions qui sont les plus brûlantes à notre époquemalheureuse ce sont des questions qui portent sur le sens ou l'absence de sens de toute existence humaine. » L'ambition de la phénoménologie est donc de questionner le sens, de retrouver le sol où se déroule notre vie d'êtrevivant, de fonder une science de l'esprit en tant qu'esprit.

Celle-ci commence par la découverte de cette propriétéparticulière de la conscience d'être toujours présence et rapport au monde, et non intimité fermée sur elle-même.

Ence ses, la pensée existentialiste en est l'héritière, et la leçon de Husserl vaut toujours. La méthode phénoménologique □ La phénoménologie est la description des phénomènes, c'est-à-dire de ce qui se présente immédiatement dans laconscience.

Le phénomène est saisi dans une intuition qui précède tout jugement et toute réflexion.

Il est ce qui semontre soi-même à la conscience.

La méthode phénoménologique n'est pas celle d'une science positive, elle n'estpas explicative : il faut décrire le phénomène tel qu'il se donne, dans la signification qu'il a pour la conscience, enécartant délibérément les thèses de la science à propos de la réalité objective correspondant à ce phénomène.□ La phénoménologie ne se confond pas non plus avec une psychologie.

La phénoménologie oriente son interrogationnon pas d'abord vers les faits dans leur réalité factuelle, externe ou interne, mais vers leur réalité pour laconscience, c'est-à-dire vers les significations de ce que nous avons dans l'esprit.

Ces significations constituent lephénomène comme tel. L'intentionnalité de la conscience. »

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