La conscience est-elle source d'illusion ?
Publié le 04/04/2005
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Tout d’abord nous pouvons remarquer que nous sommes toujours conscients de quelque chose. C’est ce que Husserl appelle l’intentionnalité de la conscience. Nous pouvons avoir conscience du monde extérieur, c’est-à-dire des choses mais aussi de nous-mêmes par ce que l’on appelle la conscience de soi. La conscience d’une chose hors de nous n’est pas assimilable à une perception, elle engage un rapport de connaissance vis-à-vis de cet objet. La conscience de soi, de son existence est à différencier de la conscience des choses dans la mesure où l’objet de la conscience est soi-même. La conscience de soi est la conscience qui se retourne vers soi, qui se saisit elle-même. Cependant la conscience de tout objet extérieur et la conscience de soi sont interdépendantes ; la conscience est, en effet, un état dans lequel le sujet se distingue de l’objet. Il y a dans l’acte de conscience une mise à distance de l’objet. Enfin, la conscience peut aussi être mise en perspective avec ce qui n’est pas conscient, ce qui en nous demeure caché c’est-à-dire l’inconscient. Toute l’activité psychique n’est peut être pas saisissable par la conscience. Il faut enfin remarquer dans le sujet qu’il ne s’agit pas de se demander si la conscience est une illusion mais si elle est une source d’illusion.

«
Je suis influencé sans en avoir conscienceJ'ai conscience que je désire, mais je ne sais pas au juste pourquoi jedésire ceci plutôt que cela.
Très souvent, je ne fais que mimer, sans lesavoir, le désir d'autrui.
Mon désir n'est alors en définitive que désird'autrui.
Très souvent également, mon inconscient détermine mespensées et mes actes.
Freud dira que: "Le moi [cad la conscience] estpas le maître dans sa propre maison".
« Tu crois savoir tout ce qui se passe dans ton âme, dès que c'est suffisamment important, parce que ta conscience te l'apprendrait alors.
Et quand tu restessans nouvelles d'une chose qui est dans ton âme, tu admets, avec une parfaite assurance,que cela ne s'y trouve pas.
Tu vas même jusqu'à tenir « psychique » pour identique à« conscient », c'est-à-dire connu de toi, et cela malgré les preuves les plus évidentes qu'ildoit sans cesse se passer dans ta vie psychique bien plus de choses qu'il ne peut s'en révélerà ta conscience.
Tu te comportes comme un monarque absolu qui se contente desinformations que lui donnent les hauts dignitaires de la cour et qui ne descend pas vers lepeuple pour entendre sa voix.
Rentre en toi-même profondément et apprends d'abord à teconnaître, alors tu comprendras pourquoi tu vas tomber malade, et peut-être éviteras-tu dele devenir.
C'est de cette manière que la psychanalyse voudrait instruire le moi.
Mais les deuxclartés qu'elle nous apporte : savoir, que la vie instinctive de la sexualité ne saurait êtrecomplètement domptée en nous et que les processus psychiques sont en eux-mêmesinconscients, et ne deviennent accessibles et subordonnés au moi que par une perceptionincomplète et incertaine, équivalent à affirmer que le moi n'est pas maître dans sa propremaison ».
FREUD , « Essais de psychanalyse appliquée ».
Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais aussi d'actes quotidiens s'expliquent si l'on admet l'hypothèse de l'inconscient.
Il y aurait en nous u « réservoir » de forces et de désirs (ou pulsions) dont nous n'aurions pas conscience, mais qui agiraient sur nous..
Pour le dire brutalement, en cesens, l'homme n'agirait pas (ne choisirait pas ses actes e toute connaissance de cause, dans la clarté), maisserait agi (c'est-à-dire subirait, malgré lui, des forces le contraignant à agir) : il ne serait pas « maître dans sa propre maison », il ne serait pas maître de lui.
Empruntons à Freud un exemple simple.
Un président de séance, à l'ouverture dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je déclare la séance ouverte ».
Personne ne peut se méprendre sur ses sentiments ; il préférerait ne pas être là.
Mais ce désir (ne pas assister au colloque) ne peut s'exprimerdirectement, car il heurterait la politesse, les obligations sociales, professionnelles, morales du sujet.
Notreprésident subit donc deux forces contraires : l'une parfaitement en accord avec les obligations conscientes,l'autre qui ne l'est pas et qui ne peut s'exprimer directement, ouvertement.
Il y a donc conflit, au sein dumême homme, entre un désir conscient, conforme aux normes morales et un autre désir plus « gênant ».
Or, dans notre exemple, ce second désir, malgré la volonté de politesse du président, parvient à s'exprimer, maisde façon détournée, anodine : on dira que « sa langue a fourché ».
Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veutpas être là.
Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire quej'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre.
Or pour Freud le cas est exactement identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignorépar le sujet.
Il n'y a pas d'actes innocents ou anodins.
Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi dedeux forces.
L'hypothèse Freud ienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux » (oubli, actes manqués, rêves), mais aussi « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent en gros selon le même schéma.
L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfoisextrêmement violent entre les normes conscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirs quibousculent et négligent ces règles.
Ce second groupe de désirs, le sujet les trouverait, s'il en avaitconscience, tellement monstrueux, qu'ils ne peuvent parvenir à la conscience que sous une forme voilée,déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif.
Le symptôme est donc un compromis entre le désir inconscient et inavouable que je subis, et les normesconscientes et morales que j'accepte.
« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'ai pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même,ce conflit, ce symptôme..
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